Toutes les ex-joueuses de Bourg-de-Péage n'ont pas la chance de Siobann Delaye, Maëlle Faynel ou Camille Plante. La possibilité de finir la saison – respectivement à Brest, Saint-Amand-les-Eaux et Celles – ailleurs en LBE, à la suite du forfait général acté début décembre. Particulièrement accueillant, Chambray-les-Tours a recueilli trois Drômoises : la gardienne Emma Perche, la pivot Aminata Sow et Lucie Modenel.
Dans le cas de la demi-centre/arrière de 21 ans, arrivée au centre de formation péageois en 2019, c'est un transfert anticipé. « Dès novembre, j'avais signé pour les deux prochaines saisons », mentionne-t-elle. BDP coulé par ses déboires budgétaires, celle qui « vit dans les gymnases depuis toute petite » (son père entraîne Vaulx-en-Velin après avoir été l'équipier des Gille à Chambéry ; sa mère et sa sœur aînée Valentine ont joué en D2, à Clermont) a trouvé un arrangement avec le CTHB. Elle a paraphé un avenant de contrat le 2 janvier, pour six mois, et disputé son premier match en indigo le surlendemain.
Un dépôt de bilan subi, un mois sans club, un déménagement à la hâte : la quatrième saison d'élite de la native de Saint-Flour (Cantal), la première sous statut professionnel, n'a rien d'ordinaire, ni de linéaire. Elle se poursuivra samedi, à la Fontaine Blanche, face à Paris 92 (4ème, 42 points). Un rendez-vous-clé pour la troupe de Mathieu Lanfranchi (5ème, 41 unités), en vue d'une deuxième qualification européenne consécutive. Encore plus depuis la contre-performance de milieu de semaine, à Celles (22-24).
Lucie, devoir quitter Bourg-de-Péage en pleine saison reste-t-il un déchirement ?
« Oui, même si on s'y attendait. C'est plus un crève-coeur par rapport au club en lui-même. Il était devenu pour moi une petite famille. Avec le Kop Vertaco (groupe de supporters), il y avait un gros lien que je pense ne retrouver dans aucun club. Je me suis construite dans ce gymnase (le Vercors), de l'adolescence à l'âge adulte. »
Se reclasser à Chambray coulait-il de source ?
« Voir plus haut, plus loin, était dans mes objectifs. Chambray est un club stable, qui dure depuis des années, et qui a joué la Coupe d'Europe. J'étais déjà en discussions l'année dernière, quand il y a eu les premiers problèmes à Bourg-de-Péage. Là, il fallait que je retrouve un club pour continuer à me maintenir en forme, pour mes objectifs personnels. Je suis arrivée ici pour préparer l'année prochaine, créer des liens dans l'équipe, et finir mes études. J'ai commencé l'année dernière un brevet professionnel JEPS musculation-haltérophilie, pour devenir préparatrice physique. »
Avez-vous facilement pris vos
marques dans le nouveau collectif ?
« Je n'étais pas là en début de saison. Le groupe était déjà fondé, il y a eu toute une préparation en fonction des joueuses qui étaient là. Mathieu (Lanfranchi, l'entraîneur) a fait un gros travail par rapport à ça. Et, actuellement, des joueuses sont d'un niveau au-dessus. Je n'ai donc pas le même jeu, ni les mêmes responsabilités. Peut-être que l'année prochaine, et celle d'après, je pourrai retrouver ce que j'ai eu cette année à Bourg-de-Péage, mais dans des conditions complètement différentes. »
Aminata Sow et Emma Perche étaient déjà vos coéquipières dans la Drôme. Continuez-vous de vous soutenir mutuellement ?
« C'a été très difficile pour nous trois. Aminata (*) était à Bourg-de-Péage depuis plus longtemps que moi (2015). Emma, ça faisait un an. Mentalement, pour elle et moi, c'est dur d'arriver dans un nouveau groupe professionnel en étant jeunes, de devoir s'y intégrer et s'imposer. »
Comment abordez-vous la réception de Paris 92, concurrent direct pour les accessits et l'Europe, vainqueur 28-24 à l'aller ?
« Ce sera un très gros match, capital pour nous. On doit se rattraper, montrer un autre visage. Nous avons fait un non-match contre Celles-sur-Belle, qui a joué beaucoup plus juste que nous. »
Quand vous voyez Sarah Bouktit et Léna Grandveau, dont vous étiez la capitaine chez les Bleuettes, affronter ce mois-ci le Brésil avec l'équipe de France A, rêvez-vous de les accompagner tôt ou tard ?
« J'ai énormément joué avec elles en équipe de France jeunes. Elles étaient déjà hors normes dans leurs catégories. Je mettrai peut-être plus de temps, mais mon but est vraiment de les rejoindre. La sélection, c'est très dur mentalement en préparation. Mais au final, quand on voit que les sacrifices ont un vrai impact, avec des médailles (de bronze aux Euros -17 ans 2019, puis -19 ans 2021), c'est incroyable. Ce sont des moments de vie qui t'apprennent à savoir ce que tu veux. C'est aussi pour ça que je suis passée joueuse professionnelle. »
(*) comme Lucie Modenel, Aminata Sow a signé à Chambray jusqu'en 2025.
Chambray-les-Tours – Paris 92, 21ème journée de LBE (samedi 22 avril, 20 h)