Il y avait une chance sur deux pour que Montpellier (tombeur du Sporting Lisbonne) hérite d’un adversaire allemand en demi-finale de la Ligue Européenne. S’ils veulent conquérir le trophée, les Héraultais devront d'abord, franchir l’obstacle des Renards de Berlin. Sur le papier, c’est l’adversaire le plus costaud par rapport à l’autre demie qui elle, opposera Göppingen aux Espagnols de Granollers.
En quarts, Berlin a réussi à renverser la situation en battant les Cadets de Schaffhouse (30-24) après avoir concédé un déficit de quatre buts une semaine plus tôt, en Suisse. Les Berlinois ont de sérieuses ambitions en cette fin de saison. Ils peuvent viser le trophée en Ligue Européenne qu’ils ont remporté à deux reprises en 2015 et 2018 (ils étaient déjà en finale en 2017, 2019 et 2021) mais ils lorgnent également sur le titre national. Ils font actuellement partie du trio de tête de la Bundesliga avec Kiel et Magdebourg.
La dernière confrontation entre les deux futurs adversaires remontent à 2021. Ils s’étaient retrouvés en quarts de finale de l’EHF Cup (ancien nom de la Ligue Européenne) et les Allemands qui s’étaient inclinés à Montpellier à l’aller (32-29), avaient largement fait pencher la balance en leur faveur au retour chez eux (31-23). C’était une autre époque avec d’autres joueurs.
Parmi les joueurs majeurs des ‘’Renards’’ : l’arrière droit champion du Monde Mathias Gidsel (il avait raté l’aller en Suisse à cause d’une blessure à la cheville) – l’arrière gauche Paul Drux – le demi-centre danois (lui aussi champion du Monde) Jacob Holm - le pivot suédois Max Darj (et son binôme serbe Mijajlo Marsenic) mais aussi un ancien parisien, le gaucher croate Marko Kopljar. Sans oublier le meilleur réalisateur de l’équipe, l’ailier gauche monténégrin Milos Vujovic (94 buts à 73%)
Sur le dernier match qu’ils devaient remporter face à Schaffhouse, les Berlinois, après une mise en route très poussive, ont réussi progressivement à prendre l’ascendant sur leur adversaire. Sans pour autant totalement convaincre. Les gardiens sont parfois sur courant alternatif (1er arrêt mardi à la 26ème) avec une fin de match plutôt mouvementée pour Dejan Milosavljev qui à 4 minutes du buzzer face à Schaffhouse, s’est blessé au pied gauche et a même été sanctionné d’un rouge pour être (intentionnellement ?) tombé sur l’arrière suisse Zoran Markovic.
Le renouveau de Berlin est l’œuvre d’un homme, Bob Hanning qui a mené les Renards aux plus hauts sommets en tant que dirigeant. Le quinquagénaire a touché un peu à tout dans sa carrière. Il a été tour à tour un (modeste) joueur, plusieurs fois entraîneur (à Hambourg notamment et il a secondé au niveau de la "Mannschaft" Heiner Brand aux J.O de Sydney), il s’est beaucoup investi dans la formation des jeunes en clubs et en équipe nationale, c’est un homme d’affaires reconnu, un commentateur de télévision, un écrivain-chroniqueur dans divers médias et fréquente assidûment les milieux politiques, plutôt orienté CDU (centre-droit). Il est souvent caricaturé car très expansif et sa petite taille lui vaut le surnom de ‘’Napoleon’’.
La relation existe entre les deux clubs: depuis 2018, le MHB, son Academy et ses équipes de jeunes, s’ouvrent vers l’étranger à travers des partenariats. Nous avions récemment évoqué le parcours du jeune ailier droit Justin Soutoul à Skjern au Danemark mais les 1ers contacts ont eu lieu avec Berlin. Sous le regard bienveillant de David Degouy, le patron de l’Academy, l’été dernier, les U15, U17 et U19 sont allés passer quelques jours dans la capitale allemande pour comparer les méthodes de travail. Un joueur, le gardien Elie Ona façonné à Montpellier et allemand par sa maman, a même incorporé l’équipe réserve des ‘’Renards’’.
L’autre demi-finale de la Ligue Européenne, opposera les Allemands de Göppingen tombeurs des Croates de Nexe en quarts, aux inattendus Espagnols de Granollers. Les Catalans avec une maîtrise parfaite ont éliminé Flensburg. Catastrophe à double titre pour les riverains de la mer Baltique. Ils voient un espoir de trophée s’évanouir et surtout c’est dans leur antre, la Flens Arena que se déroulera le carré final, les 27 et 28 mai prochains.
Au micro d'une radio locale, Rémi Desbonnet un des gardiens du MHB, a inversé la rhétorique lorsque le journaliste lui faisait remarquer que ça pouvait être un tirage compliqué. "Berlin ne doit pas être si heureux que ça (d'hériter de Montpellier). On ne va pas sur un Final Four de Coupe d'Europe pour espérer des matches faciles. Flensburg-Berlin en Bundesliga, ça donne toujours des derbys chauds donc les supporters de Flensburg préfèreront voir perdre le rival que de le voir gagner le trophée chez eux. De notre côté, on aura nos soutiens avec notamment les Blue Fox. On va disputer des matches à enjeu qui peuvent apporter des titres... la dernière fois que Montpellier a participé à un Final Four, ça ne s'est pas trop mal passé. A nous de réitérer cet exploit." C'était en effet il y a cinq ans, toujours en Allemagne à Cologne. La France avait envoyé trois de ses représentants dans le carré final de la Ligue des Champions. Nantes avait commencé par sortir le PSG, Montpellier avait éliminé les Macédoniens du Vardar et en apothéose, le MHB avait pris le dessus sur le ''H". Parmi les rescapés de l'époque: Diego Simonet, Kyllian Villeminot et Valentin Porte. Sans oublier l'inamovible Patrice Canayer.
La réaction du coach berlinois Jaron Siewert est explicite (sur le site du club): « Avec Montpellier, on a le lot le plus dur en terme d'effectif et de notoriété. Ils jouent les 1ers rôles en championnat de France et se sont avérés de très haute qualité. Pourtant, les quatre équipes sont à juste titre dans le Final Four. Nous les avons déjà affrontés dans un match à élimination directe, perdant de peu à l'extérieur, gagnant clairement à domicile. Nous connaissons donc leur qualité. Il reste encore beaucoup de temps jusqu'à la fin du mois de mai. On va tout donner pour aller en finale. Tout peut arriver en deux matchs. »