Travailler sur le temps long. Un credo pour l'équipe de France et son staff, pour qui chaque geste compte en vue de l'été 2024. Chaque mot, aussi, si l'on se souvient des premières paroles publiques d'Aissatou Kouyaté, après sa rupture du tendon d'Achille, vendredi soir à la télévision. La philosophie, la méthodologie sont moins faciles à assimiler pour les suiveurs et les supporters, bien plus préoccupés par la manière et/ou l'immédiateté du résultat. Elles s'imposent pourtant à eux, jusque dans la lecture du France – Brésil fermant la dernière fenêtre internationale officielle de la saison.
Pour s'adjuger la seconde manche, quatre jours après la première (22-18, à Limoges), les Bleues se sont effectivement armées de patience. Encore. Le plus souvent à la traîne les deux tiers de la rencontre, généralement de deux à trois buts (6-9 à la 23ème, 10-13 à la 37ème), elles ont laissé les Auriverde s'émousser en seconde période, buter sur leur défense alignée puis étagée, afin de les déposer (19-18 à la 51ème, 23-18 dès la 57ème). A la manœuvre, Estelle Nze Minko dans la plupart des coups gagnants pour elle-même ou ses partenaires (6 buts, 4 passes), Orlane Kanor facile sur ses tirs premier poteau, ou Chloé Valentini, dont les compétences de finisseuse n'ont été exploitées qu'à mi-temps.
Du simple au triple en attaque
La seconde, en l'occurrence. Celle durant laquelle les joueuses d'Olivier Krumbholz se sont, dans leur ensemble, décrispées face au bloc et au but adverses. Tout l'inverse de la demi-heure initiale, terminée avec moins de buts (8) que de pertes de balle (10). De Beaublanc au Vendéspace, les difficultés à enclencher juste, à trouver le pivot, à scorer au-dessus de la moyenne, ont persisté. En période d'expérimentation intensive, tout ou presque a d'abord reposé sur les arrières et les demi-centres. Une responsabilisation en jeu placé plus ou moins bien assumée : Déborah Lassource a gagné du crédit à droite, en l'absence de Flippes et Kouyaté ; Tamara Horacek s'est retrouvée en panne d'inspiration à la mène.
A l'arrivée, les Françaises n'ont pas plus marqué mardi soir que dans leurs trois précédents matches en 2023. Mais trois fois plus d'une période à l'autre, à l'aide aussi de ces montées de balle obtenues à l'usure. Même si l'écot du banc est mineur (3/23), ça peut servir de levier dans un secteur que le sélectionneur rêve ardamment de hisser au niveau que sa défense, au sein de laquelle Pauletta Foppa ne cesse d'en imposer. Sont-ce les premiers bourgeons préolympiques, l'amorce d'une montée en température offensive durable ? Les tests estivaux en Norvège, et plus sûrement le début des qualifications à l'Euro 2024, à l'automne, le détermineront. Donner du temps au temps, la règle d'or...
FRANCE – BRESIL : 23-18 (8-10)
Mardi 11 avril 2023, à Mouilleron-le-Captif. Arbitres : Mmes Bocakova et Janosikova (SVQ).
FRANCE : Foppa 3/5 ; O. Kanor 4/6 ; D. Lassource 2/3 ; Nze Minko (capitaine) 7/7 ; Toublanc 0/1 ; Valentini 4/6 ; puis Ahanda 0/1 ; Grandveau ; Granier 1/1 ; Horacek 0/4 (0/1 penalty) ; C. Lassource 2/4 ; Ondono ; Sercien-Ugolin 0/1 ; Vautier. Gardiennes : Sako (40 mn, 11/22 arrêts dont 2/4 penaltys) puis Depuiset (20 mn, 3/10 arrêts). 2 minutes : Horacek (19'), Ondono (31'), Sercien-Ugolin (35'). Sélectionneur : O. Krumbholz.
Evolution du score : 2-3 (5') ; 4-4 (10') ; 6-5 (15') ; 6-8 (20') ; 7-9 (25') ; 9-11 (35') ; 11-13 (40') ; 15-14 (45') ; 18-17 (50') ; 21-18 (55').