C’est sans pression que l’équipe de Toulouse amoindrie partait à Nantes espérant limiter la casse, c’est avec autant moins de stress que le néo-pro Téo Jarry endossait la charge de titulaire sur un poste d’ailier gauche où sans une pubalgie, Nemanja Ilic aurait dû tenir sa place. Le minot a attendu son heure, encore fallait-il qu’il soit au rendez-vous. « Je connais mon statut et suis conscient qu’il me faut être prêt à rentrer ‘’au cas où’’ et le fait d’avoir quelqu’un aussi performant devant moi, ça me motive encore plus. Il est très inspirant et c’est un vrai modèle. Je suis son 1er supporter avant d’être son concurrent. Il y a des moments où j’aimerais plus me montrer, il y a des périodes de doute, sur ce qui peut me manquer mais comme au sein du club, il y a de la bienveillance et des encouragements, cela me permet de ne rien lâcher. » Répondre présent… Et ce dimanche, Danijel Andjelkovic mais surtout Rémi Calvel (qui a ‘’bichonné’’ l’intéressé durant ses 4 saisons au centre de formation) n’ont pas regretté leur choix. La copie qu’a rendu l’ailier gauche dans une Arena surchauffée répond à leurs attentes : un seul tir de champ raté (5/6), 100% à 7 mètres (3/3), le plaçant au même niveau qu’un certain Aymeric Minne, le demi-centre nantais (8 buts également). Le point commun entre les deux ‘’goléadors’’ de la soirée ? Ils sont issus de la même terre. De ces bords de Garonne balayés par l’autan. Ce qui les différencie ? L’âge bien-sûr, le Nantais étant de 3 ans son aîné, la morphologie, et surtout le parcours. Ce qui aurait pu être un handicap, Téo Jarry en a fait une force. Des débuts en banlieue, à l’Union, les moins de 13, les moins de 15, les sélections départementales et régionales mais un premier écueil: il n’est pas retenu à l’entrée au pôle de Toulouse. « C’est vrai que sur le coup, je l’ai vécu comme un échec surtout que pas mal de potes de ma génération étaient admis et ont pu par la suite avoir la chance d’accéder aux équipes de France mais d’un côté, ça m’a fait du bien, cela m’a permis de garder la tête sur les épaules, d’entrer dans une école privée (St Joseph à Toulouse) où il y avait une section handball et me concentrer sur le double projet. » Et les recruteurs des Spacers devenu Fénix qui ne se focalisent pas uniquement sur l’entité fédérale, remarquent le gamin et l’intègrent dans leur formation.
Bien leur en a pris. « J’ai redoublé d’efforts pour arriver à mon but. Sans l’aide de ma famille qui est impliquée dans le hand (Christel sa maman, est conseillère technique départementale).» Le sillon est tracé. Au terme des quatre années passées au centre où il a pu faire quelques apparitions sur les feuilles de matches de D1, l’ailier a signé l’été dernier un contrat pro jusqu’en 2025. « C’est un joueur talentueux mais qui a dû beaucoup travailler dans le handball et en dehors pour atteindre le niveau qu’il a aujourd’hui, valide Rémi Calvel. La motivation est une de ses qualités principales et c’est aussi primordial pour devenir un joueur pro.» Le joueur n’est pas du genre à vouloir brûler les étapes. Dans un large sourire, il affirme lui-même « vivre bien plus une passion au quotidien en insistant sur ce que j’arrive à faire de mieux et en bossant surtout sur mes points faibles ». A 23 ans (il les a fêtés le 3 mars dernier), Téo est un enzyme glouton au service du collectif. Et ça, ses coaches et ses partenaires l’ont parfaitement compris. Et à la ‘’H Arena’’, ce dimanche, ils ont vite su sur qui (entre autres) ils pouvaient compter. «On savait qu’ils (les Nantais) sortaient d’une confrontation européenne (contre Plock) un peu compliquée, qu’ils rejouent mercredi (avec l’obligation de s’imposer contre les Polonais), nous, le prochain match, c’est dimanche prochain, donc on pouvait lâcher les chevaux et sortir de ce match sans regret. On fait jeu égal durant les 60 minutes et au final, ça paye en ramenant un point. Ce sont ces matches-là qu’on joue sans pression qui nous réussissent le mieux.» Prochain adversaire à domicile : Nîmes qui reste sur trois succès consécutifs et que Toulouse avait battu d’un petit but au Parnasse en décembre dernier. Si avec 9 réalisations, Nemanja Ilic avait été leur bourreau, les Gardois sont prévenus. En cas d’absence de l’ailier serbe, la lame de sa doublure est aussi tranchante.
Le diaporama de HBC Nantes - Fénix Toulouse par Philippe Padioleau