C'est ce qu'on pourrait appeler... une affaire rondement menée. A Montpellier, si prudence est (plus qu'ailleurs) mère de sûreté, il faudrait un véritable cataclysme pour ne pas voir les joueurs de Patrice Canayer défendre leurs chances en quarts de finale de la Ligue Européenne à la mi-avril. Dans cette compétition, les Héraultais ont un véritable statut. Ils ont terminé en tête de leur groupe et ils étaient largement favoris face au Ferencvaros Budapest, issu de la structure omnisports située dans un des arrondissements de la capitale hongroise. Une équipe de quartier qui n'a ni le standing, ni les finances de Veszprém ou Szeged mais qui est pourvue d'éléments de talent et qui avait tout à gagner de cette confrontation. D'autant que Montpellier très sollicité depuis la fin de la trêve internationale a laissé quelques joueurs sur le carreau. Perdre coup sur coup ses deux titulaires sur l'aile gauche (Hugo Descat touché au genou droit... saison terminée et Lucas Pellas fracture au visage après une commotion cérébrale... six semaines d'absence) arrivait au plus mauvais des moments. Le club a bénéficié de la venue avant la date prévue de la recrue pour la saison prochaine, Jaime Fernandez. L'Espagnol qui végétait en Division 2 allemande après avoir fait ses classes à Ademar Léon, n'a pas eu le temps de gamberger. Il est arrivé dans l'Hérault, la semaine dernière, a participé à quatre séances avec ses nouveaux partenaires, a eu droit à un montage vidéo en accéléré mitonné par David Degouy pour assimiler les enclenchements et s'est illustré (notamment à 7m) face à Chartres en Starligue. «Il s’est acclimaté très vite, souligne l’adjoint de Patrice Canayer. Il a été aidé en cela par Yanis Lenne qui le connaissait lorsqu’il évoluait en Espagne et par Diego (Simonet) puisqu’il a joué avec son frère "Séba" à Léon. On voit tout de suite que c’est un gars sérieux, qui soigne ce qu’il fait. Contre Chartres, son entrée est terrible et il a l’habitude des 7 m. » Ce mardi soir, si en attaque placée, les ballons qui arrivaient sur l'aile se sont faits rares, Jaime Fernandez mis à contribution en 1ère période, a rendu une copie satisfaisante (5/7). C'est notamment lui qui permettra de réaliser un 1er break (10-12 à la 17è) avant que le MHB ne retombe dans ses travers (12 pertes de balle en 30') et rende des ballons à son adversaire. Le match avait très mal débuté pour les Héraultais (4-1 après 4'), le retard a été vite comblé mais les Hongrois se sont accrochés et grâce aux parades du gardien Adam Borbely qui a rivalisé avec Charles Bolzinger, ils ont pu rallier la pause avec une longueur d'avance (17-16).  

Changement de régime au retour des vestiaires. Sur des interceptions et des actions individuelles, Diego Simonet avait survolé la 1ère mi-temps. L'Argentin va continuer à surfer au sommet de la vague. En trois coups de reins, il va à lui seul anéantir les espoirs hongrois. Et pour l'estocade, c'est Kyllian Villeminot (notre photo de tête) qui va prendre le relais. Incertain parce que son trait de fracture à un doigt le gênait toujours, le demi-centre ne va pas râter son retour parmi les siens. Lui aussi, trois buts consécutifs en moins de 2 minutes.  « Je suis vraiment très content. A cause de ma blessure, je n’avais participé qu’à l’entraînement de lundi, j’étais déjà satisfait d’être dans le groupe. Patrice m’a fait confiance, j’étais plein d’envie et d’énergie et cela a bien fonctionné. On se doutait qu’ils allaient nous poser des problèmes chez eux, on est entré progressivement dans le match. C’est un peu notre défaut de commencer de cette façon. On a été bien meilleurs en 2ème mi-temps. On a été plus présent en défense, on a monté les ballons, on a percuté et gagné un peu plus de duels offensivement… » Dès lors, Les Montpelliérains ont imposé leur rythme et se sont montrés plus cohérents dans leurs intentions. Même à 7 contre 6, les Hongrois ont enchaîné les maladresses. Et comme Rémi Desbonnet bénéficiait de l'aspiration vers le haut, la cause était entendue. 7 unités d'écart à la 53ème, 8 à moins de 3 minutes de la fin, le matelas de +6 (30-36) que le MHB ramène de Budapest devrait être suffisant pour entrevoir les quarts de finale. « On va se méfier même si on est très heureux de la victoire. Il y a un match retour, il faut rester humble, garder les pieds sur terre et ne pas se dire que tout est acquis. On doit se rappeler qu'en phase de poule, on avait gagné largement contre Presov mais au retour chez eux, on a quand même perdu. Donc tout peut se passer.  » A Montpellier désormais de bien gérer ses temps de récupération car outre l'aventure européenne, le programme qui se profile s'annonce... copieux. Tant en championnat (avec en 15 jours, un déplacement à Nantes et à Paris) qu'en coupe de France (avec une demi-finale face au PSG).