La première pierre et les dernières tuiles du toit. Tel est, en substance, le rôle de bâtisseuse tenu par Emma Jacques dans la seizième victoire consécutive du Metz HB en championnat. Ouvreuse de score à la 28ème seconde, la gauchère internationale (4 sélections) est réapparue dans les dix dernières minutes pour alourdir la note en appui, puis à 7 mètres.
Elle a rendu une ligne de stats honnête (4/7, 2 passes, une exclusion), au terme d'une soirée à moitié paisible pour le leader. Qui n'a réellement matraqué Saint-Amand-les-Eaux, tenace pendant 25 minutes, qu'à partir du moment où Emmanuel Mayonnade a aligné son six majeur dans le champ. Une Chloé Valentini clinique en contre, les arrières qui se trouvent les yeux fermés, l'entame de seconde période tonitruante d'Hatadou Sako ont empêché toute réplique d'un scénario à la toulonnaise, quand le tenant en titre avait péniblement vaincu le relégable varois, cinq jours plus tôt (32-33).
Grâce à sa plus large victoire de la saison en LBE (37-21), Metz conserve ses trois points d'avance sur Brest, tout aussi impitoyable envers Besançon en parallèle (40-23), et prochain visiteur dans deux semaines. Une vraie-fausse finale, qui pourrait dégager la voie vers un 25ème titre. L'arrière droit de 21 ans, revenue en décembre d'une rupture des croisés, est déjà en pleins préparatifs...
Emma, la principale satisfaction de ce Metz - Saint-Amand est-elle d'avoir connu moins de frayeurs qu'à Toulon ?
« Oui, c'était important pour nous de gagner assez largement, de montrer un plus beau visage que vendredi dernier. »
Pourquoi la seconde période a-t-elle semblé plus facile que la première ?
« On a eu un peu de mal à se mettre dans le rythme. Saint-Amand était peut-être moins fatigué, parce qu'elles avaient peu de rotations, moins de ressources. En deuxième mi-temps, on a eu le temps de dérouler et de jouer notre jeu. »
Metz a fait les deux tiers du chemin pour conserver le titre. Que faire pour arriver à bon port ?
« Il va falloir déjà gagner contre Brest (le 29 mars). C'est une échéance très importante, on va bien s'entraîner pour. Il faudra aussi garder notre niveau d'intensité au maximum. C'est pour ça qu'on va s'entraîner dur, à partir de jeudi et vendredi. »
Mesurez-vous ici l'avantage d'avoir fini premières de groupe en Ligue des Champions, ce qui vous dispense des barrages, contrairement au BBH (*) ?
« C'est sûr qu'on n'aura pas de déplacement à faire, pas de gros matches accrochés. Mais ça peut être dangereux. Si les Brestoises réussisent à gagner, elles seront dans une bonne dynamique, en confiance, alors qu'on n'aura pas joué. »
Leader du championnat, demi-finaliste de la Coupe de France (à... Brest, le 1er avril), dans les favoris en C1... L'idée d'un triplé commence-t-elle à trotter ?
« On a envie de réussir ça, c'est l'objectif. Après, il faut vraiment y aller étape par étape, ne pas se voir déjà dans quelque chose qu'on n'a pas encore réussi. Il ne faut pas se voir au Final Four (de Ligue des Champions), parce qu'on a d'abord un quart à jouer. Le prochain match, c'est Brest, il va falloir le gagner. »
L'envie de participer à une histoire en marche, de laisser votre empreinte dans votre club formateur, explique-t-elle votre prolongation jusqu'en 2025 ?
« Je n'ai pas du tout envie de partir d'ici. Personnellement, j'ai encore des choses à montrer, je veux progresser. Mais pour l'instant, je reste concentrée sur cette saison. »
Un mot, enfin, sur votre retour chez les Bleues, au début du mois. Regrettez-vous de n'avoir joué que quatre minutes en deux matches (dans le France – Suède de Montbéliard) ?
« C'est normal, c'est comme ça. J'ai des choses à prouver. Il faut que je donne plus pour être plus utilisée. C'est à moi de faire les choses pour. Mais ça m'a fait plaisir de revenir. »
(*) Brest accueillera les Danoises d'Esbjerg en huitième de finale aller, ce dimanche à 16 heures. Retour le 26 mars. Directement qualifié pour les quarts, Metz affrontera le vainqueur de Buducnost Podgorica (MTN) - Ferencvaros Budapest (HON) le dernier week-end d'avril et le premier de mai.