Un entraîneur figé de longues secondes, mains sur les hanches, comme interdit. Spectateur lointain de la sarabande clermontoise qui repart, une fois converti le penalty post-buzzer de Mathilde Plotton. Une image raccord avec celle, figurée, d'un leader à l'arrêt. Jusqu'alors imperméable à la défaite en championnat, Saint-Maur vient d'en concéder deux de suite. Une semaine après avoir fléchi chez le dauphin Achenheim (25-28), la défense val-de-marnaise était encore bien poreuse samedi soir, loin de ses standards des cinq premiers mois de compétition. Cette fois, les giboulées de mars sont venues des Luso-Auvergnates Joana Resende et Beatriz Souza (32-33). « On a subi en première mi-temps (terminée à 15-18). On a mis trop de temps à réagir alors qu'on aurait dû, clairement, prendre la main sur le match », juge Rémi Samson.
Le climat ne sera pas nécessairement plus tendu, ou morose, au retour au bureau lundi. D'une part, malgré la cession d'un nouveau joker, et le rapproché de tous les concurrents à l'accession, sa troupe garde quatre points d'avance sur la meute des VAP. Pas de quoi déclencher une réunion de crise. Et d'autre part, entre l'entraîneur principal de 33 ans, son staff et les administratifs, la cohabitation en demi-douzaine se veut harmonieuse. « Tout au monde au club essaie de mettre la même énergie pour réussir ce projet unique. Beaucoup de personnes y travaillent, la dynamique est positive. » « L'ambiance au bureau est top. Des matches s'y gagnent, s'y passent aussi. On s'entend tous très bien, valide sa voisine d'open space, Noura Ben Slama. Ca se retranscrit quand on regarde la Stella, un club assez familial. »
Un esprit que ne pouvait, par principe, dénaturer le successeur d'Angélique Spincer quand il a retrouvé, en 2020, sa petite couronne parisienne. « Je suis né à Ivry, j'y ai eu ma première licence. Mon père, Maurice Zellner, est un ancien entraîneur et international. J'ai grandi dans ce milieu. Je suis un passionné de ce sport, j'adore mon métier. A 16 ans, je coachais déjà des équipes. » « C'est quelqu'un de très méticuleux, qui fait beaucoup de vidéo, observe l'ancienne gardienne de la Stella et de Dijon, conseillère spéciale de Justicia Toubissa et Jacqueline Oliveira aujourd'hui. Il prépare les équipes adverses comme un acharné, fait un énorme boulot depuis trois saisons. Je suis contente de continuer avec lui. (*) »
Il n'est donc pas exclu de revoir Rémi Samson défendre en poste 2 dans une mise en place, comme samedi en fin d'échauffement. « C'était une situation particulière. Une joueuse a eu ses lacets cassés, une autre s'était fait un petit bobo en tout début de séance. Pour que les filles puissent travailler normalement à six contre six, je me suis mis dans la ligne défensive. » La séquence, pas si anecdotique, illustre la proximité entre entraîneur et entraînées. « J'essaie d'être à l'écoute des athlètes, de les comprendre. C'est aussi un métier dans lequel il faut savoir être dur de temps en temps, pointer les choses qui ne vont pas, avec de l'exigence. C'est difficile à doser, mais j'essaie toujours de le faire avec bienveillance. » Une méthode éprouvée toute la décennie 2010 à Angoulême, notamment en N1 de 2016 à la « rupture conventionnelle » de 2020.
« J'essaie de faire petit à petit ma place dans les hautes sphères », sait cet ancien joueur de N2, qui avance marche par marche dans la quête commune à la Stella. Troisième place pour sa première saison sur le banc val-de-marnais, en 2020-2021. Vice-champion de France de D2 l'an dernier, derrière Saint-Amand-les-Eaux. On devine la suite logique, désirée...
Mais au fond, la LBE, cette Première division que le club champion de France 1971 n'a jamais connu au XXIème siècle, y pense-t-il chaque matin en se levant ? « Souvent, parce que c'est un objectif. On est concentré dessus. Le groupe a vraiment très envie d'aller en D1. Il s'en est donné les moyens jusque-là, et va devoir réagir pour assurer ce qui paraissait acquis il y a quelques semaines. Savoir réagir, c'est le lot des sportifs de haut niveau. »
(*) Rémi Samson sera l'entraîneur principal de Saint-Maur jusqu'en 2025. La saison prochaine, il aura pour premier adjoint l'Espagnol Felix Garcia, actuel coach de Saint-Amand en LBE.