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Blandine Dancette marquée au fer bleu par le titre mondial 2017

International

samedi 4 mars 2023 - © Laurent Hoppe

 6 min 0 de lecture

Un pan entier de l'histoire contemporaine de l'équipe nationale sera fêté dimanche, en marge du second match amical France – Suède. Cinq ex-internationales, championnes olympiques et du monde, auront une cérémonie à leur gloire. Une séquence nostalgie à laquelle participera l'ailière droit. Qui, en douze ans et 113 sélections, n'a rien connu de meilleur que le sacre planétaire en Allemagne, aux dépens des références norvégiennes.

Le club des cinq à Montbéliard. Dimanche après-midi, le public de l'Axone rendra moins hommage à Enid Blyton qu'à un quintet ayant panthéonisé (avec leurs partenaires toujours en activité, dont certaines rejoueront la Suède au surlendemain d'une victoire 24-18, à Strasbourg) l'équipe de France féminine, période 2016-21. Un an et demi après avoir pris, tour à tour, leurs retraites internationales, Siraba Dembélé-Pavlovic (291 sélections A), Camille Ayglon-Saurina (270), Alexandra Lacrabère (256), Amandine Leynaud (253) et Blandine Dancette recevront collectivement les honneurs de la patrie.

« C'est la première fois que ça se fait. Ca fait plaisir qu'on pense à nous, même après avoir arrêté notre carrière (*) », sourit la dernière nommée, Bleue à 113 reprises. « Quand j'ai commencé le handball, je n'aurais jamais pensé avoir autant de sélections, vivre d'aussi belles choses avec l'équipe de France. » Ca ne lui avait guère plus effleuré l’esprit le jour de sa première Marseillaise en A, le 28 juin 2009, ouverture des Jeux Méditerranéens à Pescara (Italie). Heureux présage, la compétition s'était finie en or (33-32 après prolongation, contre la Turquie). Un titre qui appellera, pour l'ancienne ailière droit de Nîmes, Chambray et Nantes (35 ans), ceux du Mondial 2017 et de Tokyo 2021. « Il y a eu beaucoup de chemin parcouru en douze ans, sourit la jeune maman (d'une fille de 4 mois et demi) ligérienne. Avoir porté les couleurs de mon pays, gagné des titres avec ces filles et ce staff, c'est une fierté. » C'est aussi une source, jamais à sec, de ''souvenirs d'ex''. Florilège.

 

La plus grande fierté ?

« La médaille d'or au championnat du monde 2017. J'avais été absente pendant de longs mois en équipe de France. Sous l'ère Alain Portes (2013-15), je n'étais pas là. J'étais revenue pour une superbe médaille d'argent aux Jeux Olympiques (Rio 2016), pendant lesquels je me blesse. Je passe un an à me remettre sur pied. Je suis rappelée par Olivier (Krumbholz), que je remercie de sa confiance, et on est championnes du monde. C'était un titre qu'on attendait, que tout le monde cherchait. On avait un super groupe, on a mis les choses en place pour y arriver. L'une des plus belles aventures de ma carrière. »

La plus grande désillusion ?

« Mes premiers Jeux Olympiques (Londres, en 2012), à la fois une joie de pouvoir y participer et une grosse amertume. On était tellement bien, on avait tellement travaillé, tellement envie de gagner, mais on est un peu tombées du ciel quand on se fait sortir par le Monténégro en quart (22-23). Derrière, on fait un très mauvais championnat d'Europe en Serbie. On se rend compte qu'avoir été tristes et déçues de notre résultat l'été nous a fait mal jouer en décembre. »

Le match référence ?

« J'ai aimé l'entrée des Jeux de Londres, où on gagne contre la Norvège (24-23). Après, quand Olivier est revenu, il y a eu beaucoup de matches de très haut niveau à partir de 2017. Surtout en deuxième semaine, parce qu'on les préparait bien. »

Celui que vous aimeriez oublier ?

« Un match de qualifs (à l'Euro 2012) perdu en Macédoine (30-27). Aller perdre là-bas, sachant notre niveau (les Bleues avaient encore été vice-championnes du monde trois mois auparavant), c'était une grosse déconvenue. On avait très mal joué. Au retour, à Clermont, on avait remis les pendules à l'heure, et gagné assez facilement (40-20, trois jours plus tard). »

La joueuse la plus forte que vous ayez affronté ?

« Postnova, la Russe, qui était vraiment énorme. J'aime bien voir des joueuses complètes, parce qu'au handball, il n'y a pas que l'attaque ou que la défense. Aujourd'hui, je dirais Henny Reistad, qui sait tout faire sur un terrain : des un contre un, elle attaque, elle défend... Et il y a des magnifiques joueuses comme Stine Oftedal, Nora Mork... »

L'équipe adverse la plus redoutable ?

« On a toujours galéré à jouer contre les Norvégiennes. Elles ont de la vitesse d'exécution, ne font pas de fautes dans leur jeu, perdent très peu de ballons. Leur niveau d'intensité est toujours monstrueux. Les Russes sont puissantes, mais on arrive à les faire déjouer. »

L'ambiance la plus chaude ?

« Quand on a joué à Hambourg la finale (du Mondial 2017), devant plus de 11 000 spectateurs. C'était magnifique, immense. Le public, à 80 % norvégien, n'était pas acquis à notre cause. Gagner là-bas, c'était génial. A l'Euro 2018, j'étais en tribune à Bercy. Je commentais la finale, et c'était aussi une super ambiance. »

La plus étrange, hors huis clos de la période Covid ?

« Un déplacement en Turquie (à Antalya), après le TQO de 2012, dans une petite salle où il n'y avait quasi pas de public. On aurait dit un match amical, alors que c'était un match de qualification au championnat d'Europe... En plus, on n'avait pas pu prendre notre avion, qui avait été annulé. On avait voyagé le matin du match, joué l'après-midi, pour repartir le lendemain. »

La plus belle rencontre en bleu ?

« Je ne vais pas en sortir une. Je garde de bonnes relations avec l'ensemble des joueuses avec qui j'ai joué en équipe de France. Ce sont des personnalités différentes, qu'on apprécie. Certaines sont devenues des amies. C'est chouette de pouvoir discuter, de se revoir en se disant qu'on a vécu de belles choses ensemble. Avec le staff aussi, ça s'est toujours très bien passé. »

Le discours de vestiaire le plus fort ?

« Celui d'Amélie Goudjo, en 2009 contre la Suède (troisième match du premier tour du Mondial en Chine, 23-21). On peut être éliminées, et finalement, c'est passé. Dans les vestiaires, Amélie et Siraba ont parlé fort, réussi à remettre l'équipe sur les bons rails. Elles ont repris des choses dites par les coaches, en motivant tout le monde. Après, on prépare toujours très bien les matches. Les discours des coaches sont bien amenés, on sait où l'on va. Quand j'allais jouer un match avec l'équipe de France, je savais ce que je devais faire. »

 

Sa vie d'ex : un pied en zone, l'autre dans le médical

« Je m'investis dans des missions bénévoles pour les Neptunes de Nantes. J'essaie d'accompagner, de guider, les joueuses du centre de formation dans l'organisation de leurs projets handballistiques et scolaires. C'est hyper important d'avoir une parole d'une personne qui a été sportive professionnelle, et dont on veut suivre les traces. Professionnellement, je travaille pour une filiale santé du groupe Réalités, qui a récupéré le club au moment où je terminais ma carrière. Je suis chargée d'exploitation pour des pôles santé dans l'ouest de la France. Je continue à apprendre, dans un autre milieu que le handball. »

 

(*) Siraba Dembélé et Alexandra Lacrabère jouent toujours en club, respectivement au CSM et au Rapid Bucarest. Amandine Leynaud vient de reprendre du service à Györ, comme joker de Silje Solberg (enceinte).

Blandine Dancette marquée au fer bleu par le titre mondial 2017 

International

samedi 4 mars 2023 - © Laurent Hoppe

 6 min 0 de lecture

Un pan entier de l'histoire contemporaine de l'équipe nationale sera fêté dimanche, en marge du second match amical France – Suède. Cinq ex-internationales, championnes olympiques et du monde, auront une cérémonie à leur gloire. Une séquence nostalgie à laquelle participera l'ailière droit. Qui, en douze ans et 113 sélections, n'a rien connu de meilleur que le sacre planétaire en Allemagne, aux dépens des références norvégiennes.

Le club des cinq à Montbéliard. Dimanche après-midi, le public de l'Axone rendra moins hommage à Enid Blyton qu'à un quintet ayant panthéonisé (avec leurs partenaires toujours en activité, dont certaines rejoueront la Suède au surlendemain d'une victoire 24-18, à Strasbourg) l'équipe de France féminine, période 2016-21. Un an et demi après avoir pris, tour à tour, leurs retraites internationales, Siraba Dembélé-Pavlovic (291 sélections A), Camille Ayglon-Saurina (270), Alexandra Lacrabère (256), Amandine Leynaud (253) et Blandine Dancette recevront collectivement les honneurs de la patrie.

« C'est la première fois que ça se fait. Ca fait plaisir qu'on pense à nous, même après avoir arrêté notre carrière (*) », sourit la dernière nommée, Bleue à 113 reprises. « Quand j'ai commencé le handball, je n'aurais jamais pensé avoir autant de sélections, vivre d'aussi belles choses avec l'équipe de France. » Ca ne lui avait guère plus effleuré l’esprit le jour de sa première Marseillaise en A, le 28 juin 2009, ouverture des Jeux Méditerranéens à Pescara (Italie). Heureux présage, la compétition s'était finie en or (33-32 après prolongation, contre la Turquie). Un titre qui appellera, pour l'ancienne ailière droit de Nîmes, Chambray et Nantes (35 ans), ceux du Mondial 2017 et de Tokyo 2021. « Il y a eu beaucoup de chemin parcouru en douze ans, sourit la jeune maman (d'une fille de 4 mois et demi) ligérienne. Avoir porté les couleurs de mon pays, gagné des titres avec ces filles et ce staff, c'est une fierté. » C'est aussi une source, jamais à sec, de ''souvenirs d'ex''. Florilège.

 

La plus grande fierté ?

« La médaille d'or au championnat du monde 2017. J'avais été absente pendant de longs mois en équipe de France. Sous l'ère Alain Portes (2013-15), je n'étais pas là. J'étais revenue pour une superbe médaille d'argent aux Jeux Olympiques (Rio 2016), pendant lesquels je me blesse. Je passe un an à me remettre sur pied. Je suis rappelée par Olivier (Krumbholz), que je remercie de sa confiance, et on est championnes du monde. C'était un titre qu'on attendait, que tout le monde cherchait. On avait un super groupe, on a mis les choses en place pour y arriver. L'une des plus belles aventures de ma carrière. »

La plus grande désillusion ?

« Mes premiers Jeux Olympiques (Londres, en 2012), à la fois une joie de pouvoir y participer et une grosse amertume. On était tellement bien, on avait tellement travaillé, tellement envie de gagner, mais on est un peu tombées du ciel quand on se fait sortir par le Monténégro en quart (22-23). Derrière, on fait un très mauvais championnat d'Europe en Serbie. On se rend compte qu'avoir été tristes et déçues de notre résultat l'été nous a fait mal jouer en décembre. »

Le match référence ?

« J'ai aimé l'entrée des Jeux de Londres, où on gagne contre la Norvège (24-23). Après, quand Olivier est revenu, il y a eu beaucoup de matches de très haut niveau à partir de 2017. Surtout en deuxième semaine, parce qu'on les préparait bien. »

Celui que vous aimeriez oublier ?

« Un match de qualifs (à l'Euro 2012) perdu en Macédoine (30-27). Aller perdre là-bas, sachant notre niveau (les Bleues avaient encore été vice-championnes du monde trois mois auparavant), c'était une grosse déconvenue. On avait très mal joué. Au retour, à Clermont, on avait remis les pendules à l'heure, et gagné assez facilement (40-20, trois jours plus tard). »

La joueuse la plus forte que vous ayez affronté ?

« Postnova, la Russe, qui était vraiment énorme. J'aime bien voir des joueuses complètes, parce qu'au handball, il n'y a pas que l'attaque ou que la défense. Aujourd'hui, je dirais Henny Reistad, qui sait tout faire sur un terrain : des un contre un, elle attaque, elle défend... Et il y a des magnifiques joueuses comme Stine Oftedal, Nora Mork... »

L'équipe adverse la plus redoutable ?

« On a toujours galéré à jouer contre les Norvégiennes. Elles ont de la vitesse d'exécution, ne font pas de fautes dans leur jeu, perdent très peu de ballons. Leur niveau d'intensité est toujours monstrueux. Les Russes sont puissantes, mais on arrive à les faire déjouer. »

L'ambiance la plus chaude ?

« Quand on a joué à Hambourg la finale (du Mondial 2017), devant plus de 11 000 spectateurs. C'était magnifique, immense. Le public, à 80 % norvégien, n'était pas acquis à notre cause. Gagner là-bas, c'était génial. A l'Euro 2018, j'étais en tribune à Bercy. Je commentais la finale, et c'était aussi une super ambiance. »

La plus étrange, hors huis clos de la période Covid ?

« Un déplacement en Turquie (à Antalya), après le TQO de 2012, dans une petite salle où il n'y avait quasi pas de public. On aurait dit un match amical, alors que c'était un match de qualification au championnat d'Europe... En plus, on n'avait pas pu prendre notre avion, qui avait été annulé. On avait voyagé le matin du match, joué l'après-midi, pour repartir le lendemain. »

La plus belle rencontre en bleu ?

« Je ne vais pas en sortir une. Je garde de bonnes relations avec l'ensemble des joueuses avec qui j'ai joué en équipe de France. Ce sont des personnalités différentes, qu'on apprécie. Certaines sont devenues des amies. C'est chouette de pouvoir discuter, de se revoir en se disant qu'on a vécu de belles choses ensemble. Avec le staff aussi, ça s'est toujours très bien passé. »

Le discours de vestiaire le plus fort ?

« Celui d'Amélie Goudjo, en 2009 contre la Suède (troisième match du premier tour du Mondial en Chine, 23-21). On peut être éliminées, et finalement, c'est passé. Dans les vestiaires, Amélie et Siraba ont parlé fort, réussi à remettre l'équipe sur les bons rails. Elles ont repris des choses dites par les coaches, en motivant tout le monde. Après, on prépare toujours très bien les matches. Les discours des coaches sont bien amenés, on sait où l'on va. Quand j'allais jouer un match avec l'équipe de France, je savais ce que je devais faire. »

 

Sa vie d'ex : un pied en zone, l'autre dans le médical

« Je m'investis dans des missions bénévoles pour les Neptunes de Nantes. J'essaie d'accompagner, de guider, les joueuses du centre de formation dans l'organisation de leurs projets handballistiques et scolaires. C'est hyper important d'avoir une parole d'une personne qui a été sportive professionnelle, et dont on veut suivre les traces. Professionnellement, je travaille pour une filiale santé du groupe Réalités, qui a récupéré le club au moment où je terminais ma carrière. Je suis chargée d'exploitation pour des pôles santé dans l'ouest de la France. Je continue à apprendre, dans un autre milieu que le handball. »

 

(*) Siraba Dembélé et Alexandra Lacrabère jouent toujours en club, respectivement au CSM et au Rapid Bucarest. Amandine Leynaud vient de reprendre du service à Györ, comme joker de Silje Solberg (enceinte).

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