La cuvée 2022-2023 de Saint-Amand-les-Eaux sera-t-elle un millésime d’exception ? Romane Frécon-Demouge l’espère de tout cœur. Avant la seizième journée, son équipe pointe au onzième rang, dispose de trois points de marge sur Toulon et Mérignac, colocataires de la cave du classement. « On est en train de faire une super saison, notamment depuis la trêve de décembre. On joue bien mieux, ça se voit sur les résultats. »
Avoir terrassé Brest, une nuit d’ivresse de décembre (24-23), a décomplexé les promues. Même en ayant vendangé à Mérignac (défaite 27-26), devant Nice le 4 de l’an (ah, ce duel perdu au buzzer face à Colic, à 31-32…), le SAH a comme pris de la bouteille depuis son grand cru fondateur. A grappillé des succès précieux contre Celles (30-22) et Toulon (34-22).
« Tout est possible à domicile »
« Au début de l’année, on avait ciblé la onzième place, raisonne l'ailière gauche en fin de contrat en mai. On est donc dans les temps pour nos objectifs. On a su gagner face à des concurrents, on a pris des points deux fois de suite à domicile. Après, il reste beaucoup de matches et de choses à faire. La réception de Mérignac sera importante, on ira à Celles-sur-Belle. Et vu qu’on a battu Brest, on se dit qu'aujourd'hui, tout est possible à domicile. » Comme faire trinquer l’ESBF, le club de toute sa jeunesse (de 5 à 17 ans). Celui avec lequel elle a remporté deux championnats de France -18 ans. Celui de sa sœur cadette (d’un an) Alizée. « Le match aller (perdu 30-22 dans le Doubs, le 11 janvier) ne ressemblait pas aux derniers qu’on a pu faire. On a perdu pas mal de ballons, et contre Besançon, on se prend très vite des contre-attaques… C’est là-dessus qu’il faudra être meilleures. »
Toutes les allusions viticoles des paragraphes ci-dessus n’étaient pas fortuites. Car en marge du terrain, l’internationale de beach-handball (deux participations à l’Euro) a cultivé une passion pour l’œnologie. « Avec une famille qui aime beaucoup goûter des vins (avec modération, bien sûr, NDLR), au vu de là d'où je viens, Besançon et la Franche-Comté, je me suis prise au jeu. A la fin de ma formation de droit, il y a quatre ans, j'ai voulu faire une formation à distance d'œnologie. C'a duré un an et demi, j'ai trouvé ça très plaisant. Aujourd'hui, ce n'est pas compatible avec mon métier, mais pourquoi pas me lancer là-dedans plus tard. »
A moins que Romane Frécon-Demouge la juriste ne mette son veto... « J'aimerais reprendre un master 2 de droit du sport, pour compléter ma formation en droit privé. Plus ma carrière avance, plus je me dis que ça sera compliqué de vivre sans sport, sans handball, à la fin. Si je peux allier ma formation juridique et le haut niveau, j'essaierai ça. »
Sur le terrain dès le berceau
L’oisiveté, non merci… ou alors avec parcimonie, pour récupérer d’un match. Quand elle ne pense ni enclenchements, ni cépages, ni législation, Romane Frécon l'hyperactive « travaille chez un sponsor 10 heures par semaine ». Et se trouve encore un peu de temps pour s’investir auprès de l’Association des joueurs professionnels (AJPH). « Quand on fait appel à moi, j’essaie d’être là. J’assiste Benoît Henry (directeur de l'entité) dans la commission des agents sportifs. On avait pas mal échangé pour la mise en place de la convention collective, qui a été un énorme changement au sein de la profession de handballeuse. »
Un métier érigé en « passion de vie », pour celle qui avait soulevé une Coupe d'Europe (C4) avec Le Havre, en 2012. Une raison d’être dans la famille Frécon-Demouge. « On ne nous a jamais forcées à faire du hand, mais j'ai été passionnée dès toute petite. Est-ce le fait d'être allée sur un terrain dès mon premier jour à la sortie de la maternité ? Sûrement ! », s'esclaffe Romane, fille de Joëlle, jadis joueuse de l’ESB et aujourd’hui conseillère technique de la Ligue Bourgogne-Franche-Comté, et petite-fille de Michel, illustre entraîneur doubien des années 80. « J'aime cet univers familial. J'aime en parler avec mes parents, ma sœur, mes grands-parents, mes oncles, tantes et cousins. »
Le clan de Saint-Amand, intégré en 2020, soutient la comparaison. « C'est un club familial qui a énormément envie de progresser, d'aller vers l'avant. Dans ma carrière, j’ai plutôt eu de la chance : les clubs que j'ai choisis (Le Havre, Bourg-de-Péage...) ont toujours eu ce côté familial qui m'est cher. Je suis plutôt une joueuse de club, qui y reste toujours assez longtemps. J'aime le contact avec les supporters, les partenaires. » Et être capitaine dans le Hainaut, rôle partagé avec Maëlle Chalmandrier, c’est un peu être cheffe de famille. « C'est une chance d'être élue par les filles de son équipe. Ca veut dire qu'on représente quelque chose. C'est aussi être un modèle, essayer de transmettre des choses sur le terrain et en dehors. Ce n'est pas de tout repos, c'est une charge en plus, mais c'est quelque chose qui me correspond bien. » Un message reçu... cep sur cep.
Saint-Amand-les-Eaux – Besançon (16ème journée de LBE), vendredi 24 février à 19h30