Devant ceux qui avant la rencontre, cherchaient à connaître leur préférence pour leur adversaire en quarts de finale, les Allemands étaient soit partagés, soit peu enclins à faire des pronostics. Andreas Wolff lui, penchait plutôt pour la France et pour une raison très simple. Depuis quelques années, l’Espagne joue les trouble-fêtes pour une Mannschaft qui court après un titre en Europe depuis 2016 (en Pologne) et mondial, depuis 2007 (chez elle). Le gardien de Kielce qui au passage croisera la route de ses coéquipiers en club Dylan Nahi, Nedim Remili et Nicolas Tournat, saura mercredi soir si son choix était judicieux et si les Tricolores étaient plus... ‘’malléables’’ à son goût que la ‘’Roja’’.
En tout cas, dans cette ultime confrontation qui devait décider du classement en tête du groupe 3, Allemands et Norvégiens ont tenté jusqu’au bout de faire basculer le sort du match en leur faveur. L’engagement physique a été total et le suspens, de tous les instants. Et lorsqu’à l’approche du money-time, les deux formations vont se retrouver dos à dos (25-25) bien malin qui pouvait alors, désigner le vainqueur. Même s’ils avaient basculé devant à la pause (16-18), les Norvégiens n’avaient pas donné des signes convaincants de totale maîtrise notamment en attaque placée où plusieurs tentatives avaient été vouées à l’échec. Et ce, malgré une parfaite entame (1-4). En face, comme à son habitude, le génial Juri Knorr (photo de tête) était dans tous les bons coups et ses incessants déplacements sur le front de l’attaque avaient donné le tournis à ceux qui tentaient de le stopper (7 buts et 4 passes décisives). Dans ces trente 1ères minutes disputées à toute allure, les deux gardiens s’étaient neutralisés, Wolff stoppant autant de tirs (5) que Saeveras.
A la reprise, tout va changer. Knorr va pécher par excès d’impatience et parfois même, se rendre coupable de quelques gestes d’énervement. Son bilan est significatif : à peine un but inscrit. Côté opposé, le gardien Torbjorn Bergerud va à lui seul, faire basculer la tendance. Il va rapidement marquer son territoire et progressivement, prendre l'ascendant sur les Allemands. A 55% (12 parades sur 22 trajectoires), il n’est pas étonnant qu’il soit désigné homme du match. Mais la Mannschaft n'a jamais lâché le morceau et a cru en son étoile jusqu’au bout. Sauf qu'elle a manqué de réalisme et de lucidité dans les six dernières minutes, encaissant un 4-0 dont elle ne se relèvera jamais.
Les Norvégiens s’imposent (26-28) et terminent en tête du groupe 3. Mercredi, ils retrouveront l’Espagne. Les Allemands héritent des Français. Ce qui devrait ravir Andreas Wolff. Alfred Gislason, son entraîneur n’est pas du même avis. « C’est vraiment dommage. Nous aurions pu gagner avec une meilleure efficacité au tir (52% contre 60% pour la Norvège). Je voulais vraiment la victoire car c’était la préparation idéale pour les quarts.» Avant de rajouter, « j’aurais préféré affronter l’Espagne. » Dans la bouche du Germano-islandais, cette appréciation n’est pas anodine et elle doit être prise comme un signe d’extrême méfiance à l’égard des Français.
Tour principal – Groupe 3 – lundi 23 janvier 2023 - Spodek Arena, Katowice (Pologne)
ALLEMAGNE - NORVEGE 26-28 (MT : 16-18)
Arbitres : Boris Milosevic & Matija Gubica (Croatie)
Evolution du score : 2-4 (5) 6-7 (10) 9-11 (15) 11-13 (20) 15-16 (25) 16-18 (MT) 18-20 (35) 19-20 (40) 21-22 (45) 23-24 (50) 25-26 (55) 26-28 (FIN)
Des Français déjà en chantier à Gdansk
Des Tricolores qui ont pu gagner Gdansk au nord de la Pologne sans souci dans la matinée. Allemands et Norvégiens devront effectuer le trajet ce mardi. Avec donc, une journée de récupération de moins que leurs adversaires. Une aberration de la part des organisateurs.
Sur les bords de la Baltique, confortablement installé dans son hôtel, le groupe tricolore a pu visionner son futur adversaire. «Nous avons tous, le souvenir des France-Allemagne qui restent des matches mythiques, évoque Luka Karabatic. Au stade des quarts, il n'y a pas de petite équipe. Après six matches, la fatigue s'installe mais nous essayons de gérer cela au mieux et je pense que nous arrivons dans de bonnes conditions sur ces quarts.» Et c'est vrai que les dernières confrontations entre les deux sélections ont donné des scénarios plutôt épiques. En 2019 au Mondial, on se rappelle du but de Nikola Karabatic à la dernière seconde qui permet aux Bleus de râfler la médaille de bronze (26-25) ou en 2016 aux JO de Rio, cette mine de Daniel Narcisse qui saute plus haut que tout le monde (29-28) et qui ouvre les portes de la finale ou plus proche, pendant l'été 2021, aux JO de Tokyo et encore un score étriqué (30-29). « C'est un match qui ne sera pas simple, conçoit Guillaume Gille. Parce que cette équipe a construit une série intéressante en s'inclinant de peu face aux Norvégiens. En démontrant toute la qualité dont elle dispose. Ces jeunes joueurs ont certes, un peu moins d'expérience internationale mais ils apportent beaucoup de fraîcheur et de vitesse au jeu de l'Allemagne. Ce qui en fait un adversaire très dangereux.»
L’adversaire en quarts
ALLEMAGNE
en 53 matches : 27 victoires – 7 nuls – 19 défaites
dernière opposition : 28 juillet 2021 – phase de poule des JO de Tokyo – succès des Bleus (30-29)
parcours au CM : bat Qatar, Serbie, Algérie puis Argentine et Pays Bas - une seule défaite: Norvège
meilleurs buteurs : Juri Knorr (37/58 dt 15/17 à 7m) – Johannes Golla (23/33)– Jannik Kohlbacher (23/27)
Perf gardiens : Andreas Wolff (58 arrêts/162 – 4h06) – Joel Birlehm (22 arrêts/68 - 1h38)
Les quarts de finale (mercredi 25 janvier)
FRANCE | ALLEMAGNE | Gdansk (20h30) |
SUEDE | EGYPTE | Stockholm (20h30) |
NORVEGE | ESPAGNE | Gdansk (18h) |
DANEMARK | HONGRIE | Stockholm (18h) |
Si Allemagne-Norvège a été disputé et indécis jusqu'à son terme, l'autre rencontre au sommet du groupe 4 n'a pas connu le même scénario. A Malmö, devant une assistance tout acquise à sa cause, le Danemark a livré une démonstration de puissance face à l'Egypte (25-30). Le quatuor Pytlick (8/10) Gidsel (8/9 - photo ci-dessus) Hansen (6/9) Landin (14 arrêts) a véritablement excellé et a anéanti les minces espoirs de succès que pouvait nourrir l'Egypte. Les champions d'Afrique dont l'entame a été catastrophique (3-9 après 12') n'ont réagi que par à-coups, par l'ailier nîmois Sanad ou le demi centre Elderaa. Avec huit longueurs d'avance à six minutes du buzzer (20-28), les Danois ont relâché leur emprise, le combat physique ayant laissé de fortes traces dans les organismes.
Là aussi, dans cette partie de tableau, l'IHF n'est pas à une ineptie près. Si le Danemark qui ce mardi, se déplace de Malmö à Stockholm passe l'obstacle de la Hongrie (qui comme la Suède a bénéficié d'une journée de repos supplémentaire), Mikkel Hansen et ses coéquipiers devront retrouver la Pologne où se disputera vendredi, une des demies. Les Suédois qui ont rallié Stockholm ce lundi, sont assurés de rester dans la capitale s'ils parviennent à franchir tous leurs obstacles jusqu'à la finale. L'organisateur aurait mauvaise mine si l'Egypte (pays d'Hassan Mustafa, le président de l'IHF) éliminait la sélection que tout un peuple et quelques officiels veulent voir dimanche prochain, sur la plus haute marche du podium.