C’est à l’expérience que les Français se sont extirpés du 1er piège qui leur était tendu dans un championnat du Monde où s’ils veulent aller en quarts et plus loin encore, ils devront montrer un meilleur visage et élever leur niveau. Car même s’il n’est jamais facile d’aborder un match d’ouverture face à l’équipe du pays hôte dans un contexte populaire qui n’est pas favorable, les erreurs accumulées ont été bien trop nombreuses pour être satisfait. Les champions olympiques ont battu la Pologne sans ne jamais donner de signes d’affolement. Kentin Mahé (photo de tête) n’a pas tremblé lorsqu’il s’est retrouvé à quatre reprises à 7 mètres pour tromper le gardien adverse. Les Tricolores ont été au rendez-vous lorsqu’il a fallu gérer le money time. A l’image de Vincent Gérard, présent en 1ère période, totalement absent pendant 55 minutes et retrouvé avec deux arrêts décisifs face à Moryto et Sicko, les deux hommes forts de la formation polonaise. Il ne faudra certainement pas oublier que la France qui avant et pendant la préparation avait déjà perdu quelques éléments, n’a pas pu compter sur Luka Karabatic (problèmes de dos) et Valentin Porte (soucis à la cuisse). Ce qui, au niveau des rotations représentait un véritable handicap. Yanis Lenne seul sur l’aile droite sera suppléé par Melvyn Richardson, Nicolas Tournat et Ludo Fabregas vont se relayer au poste de pivot. Les Français auraient pu se rendre la tâche bien plus facile. Les Polonais avec leur double changement attaque-défense et des rotations très déséquilibrées n’offraient pas tous les gages de sécurité. Après avoir raté leur entame en perdant leurs 1ers ballons (12 au total), les Français vont surtout trouver des solutions sur leur jeu de transition et engagement rapide.
Malgré quelques lenteurs en défense, la Pologne va trouver dans les maladresses et approximations tricolores, les moyens de recoller à chaque fois au score. Sans pour autant, prendre les commandes. En haussant de rythme, en multipliant les croisés et avec un peu plus de précision, les Français vont donner l’impression de pouvoir faire un break décisif à dix minutes de la pause (12-8). Les Polonais qui avaient pris un coup derrière la nuque vont pourtant se ressaisir et profiter une nouvelle fois, des erreurs de leur adversaire.
Les Tricolores vont toujours préserver leur courte avance mais souvent pécher par manque de cohésion et de lucidité. Ils vont même faire briller Adam Morawski, le gardien de Melsungen ! Et alors qu’Olejniczak, un des demi-centres de Kielce gagnait un peu trop souvent ses duels et que Pietrasik retrouvaient des sensations après avoir été plutôt mal inspiré jusque-là, les Polonais en profitaient. L’atmosphère sera stressante et pesante jusqu’à la 50ème ! Thibaut Briet un peu dépassé par la tâche venait de prendre sa 2ème exclusion temporaire pour une main au visage de Jedraszczyk. La supériorité numérique ne va pas tellement profiter au camp polonais. Les Tricolores vont même récupérer le ballon. Dylan Nahi comme un mort de faim, s’était jeté au sol et gagné son duel. Le temps de se relever, un relais de Nédim Rémili et Ludovic Fabregas était déjà à la réception pour prendre le dessus sur le portier polonais. Sur montée de balle, les Français étaient un peu plus à l’aise. Traduction immédiate au tableau d’affichage (24-21). Nikola Karabatic (capitaine d’un soir) et ses partenaires pouvaient respirer et pourquoi pas, entrevoir la fin avec un peu plus de sérénité. C’était sans compter sur des arbitres suédois un peu trop tatillons. Sanction pour Dika Mem et une infériorité qui sera plutôt bien gérée. Les cadres vont terminer le boulot et garantir un succès qui sans être abouti notamment dans les duels, permet aux Français de bien entrer dans la compétition.
Le prochain rendez-vous est fixé à samedi en fin d’après-midi face à… l’Arabie Saoudite. Un adversaire pour permettre à ceux qui se sont beaucoup dépensés, de souffler et aux autres de montrer qu’ils ne sont pas là par hasard.
Tour préliminaire – Groupe B – mercredi 11 janvier 2023
Hala "Spodek", Katowice (Pologne)
FRANCE – POLOGNE 26-24 (MT : 14-13)
Arbitres : Kurtagic Mirza & Wetterwik Mattias (Suède)
Spectateurs : 11 000
Evolution du score : 2-3 (5) 5-4 (10) 8-7 (15) 11-8 (20) 13-10 (25) 14-13 (MT) 15-14 (35) 17-15 (40) 20-19 (45) 22-21 (50) 24-22 (55) 26-24 (FIN)
France : Vincent Gérard (9/32 à 28% dont 0/2 à 7m), Charles Bolzinger (n.u), Rémi Desbonnet (1/2 à 7m) – Thibaud Briet (1/1), Ludovic Fabregas (3/5), Mathieu Grebille (2/4), Nikola Karabatic, Romain Lagarde (n.u), Yanis Lenne (3/3), Kentin Mahé (5/6 dt 4/4 à 7m), Dika Mem (4/6), Dylan Nahi (2/2), Nedim Remili (2/3), Melvyn Richardson (0/1), Nicolas Tournat (4/6), Elohim Prandi.
Pologne : Morawski (8/33 à 24% dt 0/1 à 7m), Skrzyniarz (0/1 à 7m) – Daszek (0/3), Moryto (6/9 dt 3/4 à 7m), M. Gębala (3/3), T. Gębala, Krajewski, Olejniczak (2/4), Sicko (7/13), Pędraszczyk (3/3), Walczak (1/1), Czuwara, Pietrasik (2/5) , Bis, Chrapkowski (n.u).
Les réactions dans le camp françaisDika Mem (arrière droit de l'EDF) "C’était important de bien commencer, dans un match d’ouverture qui n’est jamais facile. Cette victoire va nous permettre de monter en gamme. On a surtout réussi à ne jamais lâcher en montrant du caractère. En attaque, si on a été un peu plus en difficulté, on n’a pas été brouillon. On avait juste besoin de se relâcher un peu plus, de continuer à progresser. Cette victoire va nous faire du bien, nous donner de la confiance pour avancer dans la compétition.”
Vincent Gérard (gardien de l'EDF): "On a vu un match avec beaucoup d’intensité, très dense, dans lequel on prend le large en première avant de se faire siffler quelques trucs un peu curieux. Et au lieu de leur mettre la tête sous l’eau, ils reviennent à un but à la pause. On a dominé, mais on ne s’est jamais mis à l’abri. On a maitrisé en faisant des erreurs, tout en s’évitant une fin de match compliquée. Gagner un tel match en ne prenant que 24 buts, il faut le faire. C’est un bon premier match sur lequel on pourra s’appuyer."