L’affront subi en demi-finale face à la Norvège a été mal digéré par l’équipe de France et la confiance qu’elle avait affichée durant les six 1ers matches de l’Euro est partie en éclats. Contre les Nordiques, il n’y avait rien à dire ou presque, deux jours plus tard, face au Monténégro pour ramener une médaille de bronze, tout le monde dans le camp français espérait que le vent tournerait dans le bon sens. D’autant qu’une semaine plus tôt, les Bleues avaient largement dominé leurs vis-à-vis des Balkans. Et pourtant, il n’en a rien été !
« Il y a un monde entre ce qu’on a proposé à Skopje (théâtre des deux tours de l’Euro)
et ce qu’on propose ici à Ljubljana, peste
Grace Zaadi au micro de BeIn Sports.
Il va falloir qu’on bouge toutes individuellement pour faire avancer l’équipe de France. Les joueuses comme le staff. On est à 18 mois des Jeux Olympiques de Paris, c’est notre principal objectif et j’espère qu’on va apprendre de cet échec. Je suis vraiment en colère. » Sans se dissocier des approximations de ses partenaires, la meneuse de jeu tricolore peut avoir de réels regrets. Car sur le parquet ce dimanche, les Bleues n’ont pas montré leur vrai visage. Ou alors si peu. Elles ont été dominées de la tête et des épaules par une formation monténégrine plus déterminée. Bien déployée en défense devant la talentueuse Batinovic, opportuniste en attaque où il n’a été guère bien difficile de contourner ou de transpercer le bloc français. Et encore, heureusement qu’à maintes occasions, la taulière Cléopâtre Darleux a maintenu le navire à flots. En fait, les filles d’Olivier Krumbholz n’ont réagi que dans le dernier quart d’heure du temps règlementaire pour arracher, quasi miraculeusement une prolongation de deux fois 5 minutes. Jusque-là, les pertes de balles étaient bien trop nombreuses, les incohérences dans les intentions aussi, la fébrilité et l'absence d’agressivité en défense flagrants et la pauvreté du jeu placé édifiante, pour asseoir une quelconque suprématie.
Le Monténégro a montré du caractère et plus profité des carences tricolores. Les Françaises ont manqué de tout (lucidité, fluidité, sérénité) et lorsqu’à la 47ème minute, elles comptaient trois longueurs de retard (20-17), ça sentait plutôt le roussi. D’autant qu’Horacek entrée au relais de Zaadi venait de perdre son 2ème ballon et que sa relation avec Sercien s’avérait catastrophique. Par trois fois les Tricolores vont jouer avec Batinovic en tentant de la lober, par trois fois, elles vont se faire châtier par la longiligne gardienne monténégrine. Il faudra deux éclairs de Deborah Lassource et les réflexes de "Cléo" Darleux pour combler l’écart que Radicevic et ses camarades avaient creusé. Un ultime 7 mètres de Zaadi permettait à la France d’arracher la prolongation (22-22). On avait bien senti dans cette salle pro Balkans que la tension était montée de plusieurs crans et qu’il ne faudrait pas grand-chose pour déstabiliser les deux frêles arbitres… bosniennes. Sous influence du public et de la déléguée, elles vont commencer par demander l’assistance de la vidéo pour… infliger un 2’ à Chloé Valentini.
« Quand on partait en contre-attaque on a vu que quelqu'un jetait un rouleau de papier sur le terrain pour arrêter le temps, des gars étaient placés juste au bord du terrain pour mettre le bordel, et évidemment l’EHF ne fait rien, fustige
Olivier Krumbholz.
C’est dommage, ça pourrit le match car les arbitres ne le prennent plus en charge. » Les minutes vont s’égrener et la prolongation tourner plutôt à l’avantage du Monténégro. Comme si cela ne suffisait pas, Orlane Kanor prenait sa 2ème exclusion et Laura Flippes était sanctionnée d’un passage en force pour le moins imaginaire. Un but à combler à 3 minutes du terme, puis deux, la France ne va pas savoir gérer le contexte et perdre ses chances de ramener comme en 2002, 2006 et 2016, une médaille de bronze européenne à la maison.
« On va continuer à travailler, assure le coach national,
on ne va pas oublier ce qui s’est passé, il y a encore beaucoup trop d’erreurs techniques, l’incapacité au tir nous plombe aussi le jeu. Des filles étaient fatiguées, plus le manque de maîtrise technique, ça a créé un stress qu’on n’a pas réussi à gérer. » Désormais, les joueuses d’Olivier Krumbholz auront plus que jamais en point de mire les Jeux de 2024 à Paris et Lille pour lesquels elles sont automatiquement qualifiées. Avant cette échéance, il y aura le Mondial en novembre-décembre 2023 dans trois pays nordiques, sorte de répétition générale au rendez-vous parisien.