Le temps d'attente entre deux finales internationales est profondément inégalitaire. Pour les Danoises, il se sera écoulé dix-huit ans entre l'or olympique d'Athènes (août 2004), crépuscule d'un âge du même métal, et la breloque (argent ou or), que Louise Burgaard, Sandra Toft & co recevront dimanche soir à Ljubljana. Les Norvégiennes, elles, n'attendent même plus un an avant de rejouer pour un titre. Onze mois après avoir reconquis le monde à Granollers, les voici en position de remporter un neuvième championnat d'Europe.
En Scandinavie au moins, une finale à l'Arena Stozice sera plus appétissante, excitante, qu'un match d'ouverture à Doha. Vu de France, c'est moins sûr. Sur place dans la capitale slovène ou à distance, supporters et suiveurs se demanderont surtout, dimanche, comment les championnes olympiques arriveront à se remettre de la déconvenue qui, à chaud, annule tout ce qui a été patiemment, joliment accompli les deux semaines précédentes.
C'est un peu comme si la vague qui avait tout submergé à Skopje (six victoires d'affilée) n'avait pas franchi la frontière de la Macédoine du Nord... Bien sûr, les coéquipières d'Estelle Nze Minko, dont le passage en défenseure avancée a momentanément mis le bazar dans les enclenchements norvégiens, ont cru en première mi-temps pouvoir exorciser les finales perdues de 2020 (Euro) et 2021 (Mondial). Pauletta Foppa a encore accompli quelques prouesses d'ordre offensif et défensif. Mais même quand il était permis d'y croire, des signaux d'alerte sont apparus.
Au bal des occasions manquées
A l'image d'Océane Sercien-Ugolin, dont l'échec en bout de contre-attaque (22ème) illustre sa méforme du jour, les Françaises n'ont pas eu le rendement offensif indispensable pour s'en sortir. Les fameux « immanquables », ou « expected goals » pour les modernes, qui ne rentrent pas... La meilleure défense des deux tours de poules, quant à elle, a été mystifiée d'entrée par la baguette magique qui sert de bras droit à Stine Oftedal (7/10). Elle a aussi concédé cinq jets de 7 mètres dans la première demi-heure, tous transformés par la numéro 1 mondiale dans l'exercice, Nora Mørk (8/10).
Tant que les contrariétés venaient de ces deux-là, passe encore... Mais quand Ella Reistad, présentée à juste titre comme l'arrière gauche à neutraliser, s'est à son tour mise à pilonner, imitée par Ingstad au pivot, les fantômes de Catalogne ont rappliqué. Précédés, juste avant le repos, par cette « parade compte double » de Silje Solberg (14 arrêts), sur Coralie Lassource à l'aile gauche puis Zaadi sur la seconde chance.
Deux des quatorze arrêts de l'ex-gardienne Parisienne, grâce à laquelle la Norvège avait repris une longueur d'avance à la pause (11-12). Puis deux, trois, quatre, et ainsi de suite jusqu'à finir à +8 (20-28). Prises à leur propre piège, celui de la tenaille défensive, les Bleues n'ont plus tellement trouvé de solutions, alors qu'Estelle Nze Minko les persuadait du contraire en fin de deuxième temps mort (42ème).
Un désagréable sentiment de déjà-vu, en fin de compte, qui entérine la première défaite française dans une demi-finale depuis l'Euro 2016 (face à la Suède, cinquième cette année devant les Pays-Bas). Le goût de réchauffé collera encore deux jours aux palais : pour le deuxième dimanche de suite, la troupe d'Olivier Krumbholz va affronter le Monténégro, en finale pour le bronze, pour a minima maintenir sa permanence sur les podiums internationaux...
FRANCE – NORVEGE : 20-28 (11-12)
Vendredi 18 novembre 2022. A Ljubljana (SLV). 3600 spectateurs. Arbitres : Mmes Merz et Kuttler (ALL).
Evolution du score : 2-2 (5') ; 3-5 (10') ; 5-6 (15') ; 7-7 (20') ; 10-10 (25') ; 14-16 (35') ; 16-18 (40') ; 17-20 (45') ; 19-23 (50') ; 20-27 (55').