Il en faut manifestement plus que trois jours sans match, une anomalie calendaire estampillée EHF, pour briser une dynamique. Plus qu'un coude monténégrin qui traîne en tout début de rencontre pour dissuader Laura Flippes de se faufiler dans les bons intervalles. L'ouverture du tour principal de l'Euro a été le prolongement du sans-faute du premier tour : l'équipe de France respecte son tableau de marche, continue à compter ses succès sur les doigts de la main, et peut de moins en moins se cacher. Sous couvert de préparer l'avenir proche, elle est bel et bien en mission depuis huit jours à Skopje. Celle de reconquérir le titre abandonné à la Norvège en décembre 2020.
Bien sûr, à ce stade, la quatrième demi-finale continentale consécutive n'est pas, mathématiquement, acquise. N'empêche que dans le ciel nord-macédonien, les planètes s'alignent et la vue sur Ljubljana (ville-hôte des finalités, fin de semaine prochaine) se dégage : une grosse heure avant le coup d'envoi, Néerlandaises et Espagnoles (que les Bleues affronteront mercredi) s'étaient en effet quittées dos à dos (29-29). Une neutralisation tout profit pour la troupe d'Olivier Krumbholz, qui contrairement à la concurrence, n'est pas d'humeur partageuse.
Certaines moins que d'autres, au vu des prestations XXL de Cléopâtre Darleux et Pauletta Foppa. En signant trois parades d'entrée (sa coéquipière de club, Djurdjina Jaukovic, en a fait les frais), en verrouillant son premier poteau (tant pis pour Radicevic), la gardienne de Brest (12 parades en tout, 42 %) a poursuivi son œuvre de démoralisation des attaques adverses. Et devant elle, en premier rideau défensif, une « ancienne » de 21 ans, quatre ans d'équipe de France A (63 sélections) mais tellement plus en ressenti... La pivot du vice-champion de France (6/7) s'est dépouillée pour gratter les ballons (5 interceptions), réveler les lacunes monténégrines en jeu placé, tout en sachant scorer sur l'arc de cercle comme en montée de balle, à l'image du 25ème but français, sur une relance de... Darleux (56ème minute). Vous avez dit « joueuse complète » ?
Deux buts encaissés dans le troisième quart d'heure
Autour des deux phares bretons, Orlane Kanor (4/7) a évacué les derniers doutes sur sa forme physique, à point nommé un soir où la réussite a fui Estelle Nze Minko (12 buts au premier tour, 0/3 ce dimanche) au poste d'arrière gauche. Et les ailières (Toublanc, encore une Brestoise, et Valentini) ont attendu la seconde période pour porter l'estocade. Rendu fébrile par la solidité du socle défensif français (22 pertes de balle à 9 !), en manque criant de rotations sur la durée, le Monténégro a pris un méchant coup de bordure : 12-9 à la mi-temps, 21-11 un quart d'heure plus tard ! Le 5-1 infligé dans la foulée (22-16, 50ème) n'a eu qu'un effet placebo, qui a davantage agi sur les supporters que sur les coéquipières de Djurdjina Jaukovic elles-mêmes.
Un léger frisson a alors parcouru les échines des championnes olympiques et vice-championnes d'Europe, qui ont terminé proprement le travail avec Foppa, encore et toujours, et Oriane Ondono. Après-demain (20h30), face à l'Allemagne, il faudra remettre l'ouvrage sur le métier.
FRANCE – MONTENEGRO : 27-19 (12-9)
Dimanche 13 novembre 2022, à Skopje (MCD). 973 spectateurs. Arbitres : MM. Braseth et Sundet (NOR).
Evolution du score : 1-0 (5') ; 4-2 (10') ; 5-3 (15') ; 8-4 (20') ; 11-7 (25') ; 16-9 (35') ; 17-11 (40') ; 21-11 (45') ; 22-16 (50') ; 24-18 (55').