Nul besoin de tomber dans le cliché pour le constater : la France est une terre très hospitalière pour les Néerlandais(es). Un bref coup d'oeil dans le rétro suffit : les internationales orange sont des personnages récurrents, et souvent principaux, de notre championnat. Pour s'en tenir à l'ère contemporaine, Pearl Van der Wissel était le facteur X du sacré Toulon de 2010, Marieke Van der Wal a gardé les buts du Havre puis de Cergy (D2), Yvette Broch et Ailly Luciano ont éclos ensemble pendant leurs quatre saisons communes à Metz, Lois Abbingh a régalé Issy/Paris entre 2015 et 2017, Sanne Van Olphen, Jessy Kramer et Charris Rozemalen se plaisaient aussi dans le Var.

Trois sujets de sa majesté Willem-Alexander s'inscrivent dans la lignée qui, ruissellement aidant, a aussi servi les intérêts de la sélection. Trois championnes du monde 2019, les aînées du groupe qui a débuté son Euro en tenant le choc contre la Roumanie (29-28, samedi) puis en fessant la Macédoine du Nord comme l'équipe de France l'avant-veille (30-15, lundi). L'ailière droit Debbie Bont (31 ans), Messine depuis trois saisons, la pivot Merel Freriks (24 ans), recrue de Brest, et Laura Van der Heijden, qui a pris la place laissée vacante par Alexandra Lacrabère à Chambray-les-Tours.

Malgré une sortie précoce en Coupe d'Europe, la gauchère de 32 ans (1,73 m, 257ème sélection ce mercredi) remplit convenablement le début de sa mission de deux ans (4 buts pile de moyenne en six journées de LBE). Celle que l'EHF, dans son listing, croit encore évoluer à Dortmund (où elle a été championne de Bundesliga 2021) n'a toutefois pas attendu d'emménager en bords de Loire pour bien connaître le hand français. Sa carrière est parsemée de rencontres, de rendez-vous plus ou moins heureux, avec l'Hexagone. En attendant le suivant, qui dira qui de sa patrie ou de son pays d'accueil aura 4 points sur 4 possibles au coup d'envoi de la seconde phase de groupes, « VDH » commente quelques morceaux choisis.

Juillet 2007 : demi-finale de l'Euro des -17 ans

Sur la route du titre continental jeunes, à Bratislava, la génération d'Estelle Nze Minko écartait les Pays-Bas sur l'avant-dernière marche (26-24). « C'était il y a très longtemps, je n'ai plus beaucoup de souvenirs » s'excuse – avec le sourire – Laura Van der Heijden. « Mais c'était déjà très bien pour nous d'arriver jusque là. » Antisèche : ce jour d'été-là, la néo-Chambraysienne avait inscrit trois buts, et s'était consolée avec une médaille de bronze le surlendemain.

Mars 2016 : qualification olympique à Metz

Dès le deuxième des trois actes du TQO aux Arènes, l'arrière droit qui jouait à ce moment à Esbjerg (Danemark) et ses amies avaient validé leur ticket pour Rio. Extatiques sur scène, dans les vestiaires, et jusque dans le bus, comme l'avait montré un reportage de la télé publique. Contre les Bleues tout juste reprises par Olivier Krumbholz (24-17) et le Japon (33-25), « nous avions très bien joué. Se qualifier pour la première fois pour les Jeux, c'était bien sûr un sentiment énorme. » Cinq mois plus tard, les Pays-Bas échoueront au pied du podium, après avoir été battus en demi-finale par... la France (23-24).

2019-2021 : Emmanuel Mayonnade sélectionneur national

Coachées par le tacticien girondin et du Metz HB, les Néerlandaises montent sur le toit du monde, le 15 décembre 2019 au Japon (30-29 face à l'Espagne), un an après le bronze continental obtenu... à Bercy. La bonne personne au bon moment, suggère la native d'Amersfoort, au sud-est d'Amsterdam. « C'est un très bon entraîneur, très sérieux, qui demande beaucoup à ses équipes, Avec Manu (''Manou'' à l'oral), on s'entraînait dur et sérieusement. Entre lui et nous, ç'a très bien fonctionné. »

Eté 2022 : bienvenue à Chambray

« Je voulais jouer en France depuis longtemps. C'est un championnat très intéressant, où il se passe beaucoup de choses. Metz et Brest sont des équipes très fortes, bien sûr, mais tout le monde peut battre tout le monde. On doit répondre présente à chaque match, tout donner. Chambray m'a contacté, présenté son projet et ses intentions, qui me correspondaient. L'équipe, les filles sont très sympas. Je suis heureuse de jouer ici. » Tout comme, en dehors des heures de travail, de découvrir les délices de la gastronomie française.

9 novembre 2022 : retrouvailles à Skopje

Les projections d'il y a trois semaines se sont avérées exactes. Pays-Bas – France sera bien la finale du groupe D du premier tour de l'Euro. « Sur le papier, c'est le match le plus important, disait-elle en amont de la compétition. La France est une très bonne équipe, nous le savons toutes. Nous devrons bien nous préparer. » Les deux premières sorties bataves dans la compétition montrent que c'est le cas. Et la numéro 6 a rentré tous ses tirs contre les Roumaines (7/7) et les Nord-Macédoniennes (4/4).

2024 : encore aux Jeux à Paris ?

Le chemin le plus court pour disputer un troisième tournoi olympique d'affilée ? Gagner cet Euro. Ce serait une perf pour l'ensemble de Per Johansson, absent de tout podium depuis son sacre planétaire, et composant actuellement sans Wester, Abbingh (maternité) et Snelder (blessée). « Etre aux Jeux est quelque chose de très spécial, pense Laura Van der Heijden, quart-finaliste à Tokyo en 2021 (22-32 contre l'équipe de France, dernière confrontation en date). Les faire une troisième fois serait exceptionnel. »