Depuis ce week-end et le succès d’Istres face à Ivry, Sélestat occupe seul la dernière place du classement de Starligue. 7ème match (jeudi contre Toulouse) et 7ème défaite. Loin de céder à la panique, les Alsaciens qui ont été les derniers à valider leur accession à l’issue de la saison dernière, ne s’attendaient certainement pas à rencontrer autant de difficultés. Même si Laurent Busselier leur nouvel entraîneur avait d’entrée, mesuré l’ampleur de la tâche. Un recrutement dicté par les contraintes budgétaires (le plus faible budget de D1 avec 2,435 millions) et un marché plutôt restreint en juin dans un championnat où la plupart des adversaires (même directs) avaient eu largement le temps de se renforcer et se structurer.
Sans parler d’impréparation, peut-on dire que la montée a été mal digérée ?
Une montée même si elle arrive plus tôt que prévu par rapport au projet, ça ne se refuse pas mais la réalité, c’est qu’on termine 5ème du championnat, 80% de l’effectif a été conservé et tu te retrouves avec l’équipe la plus jeune de l’élite. Et quand on regarde bien, si Sélestat était resté en D2, ça serait le 4ème budget. Donc à la base l’écart était important avec des joueurs qui découvrent ce niveau-là et très peu qui y ont eu accès. Le projet était de faire progresser le groupe et l’amener à maturité sur trois ans.
Du coup, l’apprentissage est difficile.
C’est sûr que c’est frustrant d’un point de vue comptable mais c’est extraordinairement formateur pour ces jeunes. Depuis le début de la saison, j’ai aligné des 2002, des 2003, on a 22 ans de moyenne d’âge (!), l’expérience acquise est considérable. Fédérer dans la victoire c’est facile, dans la défaite, c’est plus délicat mais l’objectif prioritaire est de gagner du temps.
Ces jeunes comme Hugo Pimenta (photo ci-dessous), n’ont-ils pas trop de responsabilités sur les épaules ?
Non parce que je pense qu’on le fait intelligemment. Hugo, par exemple, a d’énormes qualités, on sait qu’il va être attendu, on en fait beaucoup sur lui, il n’a pas été là lors des quatre 1ers matches tout comme Tanguy Thomas, donc on jouait sans ailier gauche de métier et avec un seul arrière droit et cela s'est vite vu. Mais je ne me cache pas derrière ça pour expliquer nos déboires même si cela a compté.
C’est aussi ta 1ère expérience comme coach principal, tu as signé deux ans, cela peut sembler court…
C’est d'un commun accord avec les dirigeants. La nécessité qu’on apprenne à se connaître. La manière de fonctionner est différente par rapport à ce que j’ai connu à Chambéry. On a trouvé un accord assez rapidement, le seul truc c’est que le projet a changé en cours de route avant que je prenne mes fonctions. En termes sportifs et de résultats. C’est une chance pour ces jeunes de pouvoir toucher au plus haut niveau.
Et à titre personnel ?
C’est exactement ce que je voulais et je connaissais parfaitement la réalité économique. Quand on regarde le classement actuel, on ne peut pas dire qu’il y ait de grosses surprises.
Justement, dernier avec un écart qui commence à se creuser, y’a-t-il un sentiment d’être dos au mur ?
(Sourires) Même si on n’est pas dans le fatalisme, on reste réalistes. Tout le monde nous donnait morts dans l’œuf ! Les résultats ne sont pas là mais on produit du jeu et on n’est pas ridicule. Pour moi, c’est le plus important. On mettra tous les ingrédients pour ne pas lâcher. Et on se dit que parfois, la jeunesse fait qu’il peut y avoir un petit peu de folie et d’inconscience et que ça peut basculer dans le bon sens. On est trop naïfs dans certaines situations et on manque de vice dans d’autres. Mais c’est un groupe qui travaille beaucoup et qui est irréprochable dans la volonté.
D’ici fin novembre, il y a 4 matches* de championnat. C’est durant cette période que ça va en partie se jouer, non ?
Savoir quand la dynamique va s’inverser est difficile à dire. Si cela pouvait arriver dans cette période, ce serait une grosse bouffée d’oxygène. Ça justifierait tout le travail accompli jusque-là et ça casserait cette mauvaise spirale. Autrement, la saison peut être longue.
* trois réceptions : Nîmes, Chambéry, Istres – un déplacement à Créteil.