Ses deux saisons à Nantes (2017-2019) et celle passée à Kielce (2019-2020) n’ont jamais réussi à trop l’éloigner de Cesson et lorsque l’opportunité s’est présentée de rentrer à la maison (il y a deux étés), Romaric Guillo n’a pas eu à réfléchir trop longtemps. « C’est le club qui m’a permis de passer professionnel et qui a contribué à mon évolution. Avec Nantes, c’est peut-être passé rapidement mais j’ai joué la finale de la Ligue des Champions (perdue en 2018 contre Montpellier) et réalisé un rêve. Partir ensuite dans le meilleur club polonais, c’est une opportunité qu’il fallait saisir. Là-bas, j’ai vécu une année de dingue. Après ça, j’avais fait le tour et j’aspirais à construire ma famille en renouant avec mes racines bretonnes.» Un retour gagnant-gagnant puisque le pivot a mis l’expérience accumulée au service d’un club qui malgré un des plus petits budgets de Starligue vise désormais autre chose que le maintien parmi l’élite. La saison écoulée figure parmi les meilleurs crus et depuis septembre, l’équipe est repartie sur une excellente dynamique. «Oui mais on est un peu plus attendu, l’effet de surprise est passé. Après, comme on n’a pas envie de ‘’passer pour des peintres’’, on se doit de confirmer notre parcours de l’an dernier. On est entré dans le mode ‘’compét’’ dès la prépa et du coup, on n’a pas raté le démarrage. On a aussi pris conscience de ce qu'on est capable de réaliser.» Bilan en cinq journées ; quatre succès (à Ivry et Sélestat, contre St Raphaël et Istres), une défaite (à Montpellier) et un positionnement en haut du classement. A Cesson, les dirigeants ont veillé à conserver une certaine stabilité au sein du groupe même si au niveau du recrutement, le chantier majeur a concerné le poste de pivot. « L’an dernier, on était deux sur le poste, aujourd’hui on est trois. (Kamtchop est parti vers Nîmes, le Portugais Rocha est arrivé de Nancy et Axel Oppedisano, de Nice). C’est ce qu’il nous fallait pour avoir un objectif revu à la hausse. » Les rôles ont aussi été mieux répartis et l'intéressé a pris encore un peu plus d'épaisseur. « Je suis typiquement le défenseur mais je fais les montées de balle et cela me convient car cela me permet de ne pas trop me ’’cramer’’. Maintenant, si je peux gratter du temps de jeu en attaque, je ne m’en priverai pas.» Autre changement notable, l’arrivée comme ultime rempart du très expérimenté Arnaud Tabarand (photo ci-dessous). « Le mec, sur le terrain, tu vas le détester parce que c'est un compétiteur. Maintenant, l'homme à côté est extraordinaire. Il a fallu peaufiner les relations, la prépa a servi à cela. » Autre particularité du groupe cessonnais, l'âge de l'entraîneur. A 37 ans, Sébastien Leriche est le benjamin des techniciens de l'élite. Il a su apprivoiser la fonction en maintenant un dialogue permanent avec ses joueurs. « Il fait partie de notre génération (sourires) et ce qui est intéressant, c'est qu'il a le même handball que nous. Yann (Lemaire, le coach adjoint) et Thibaut (Minel, le préparateur physique) sont aussi des jeunes. La complicité qu'ils ont entre eux transpire sur le groupe. Seb' te met vite en confiance par contre, il te fait vite comprendre que tous, on est là pour bosser. Le relationnel existe sur et en dehors du terrain et je dirai que c'est primordial dans l'évolution d'une équipe.»
Ce dimanche, après le déplacement (il y a un mois) à Montpellier, Cesson pourra s’étalonner sur ce qui se fait certainement de mieux à l'heure actuelle dans le championnat français: Nantes, seule formation à avoir réalisé un sans-faute. « Paris a souvent été la référence. Mais avant le début du championnat, j’ai dit que le PSG me paraissait un peu en dessous après avoir perdu Gérard, Hansen, Rémili,… Cela semble moins puissant qu’avant. Nantes peut tirer profit de la situation. Il y a un effectif de qualité et un changement de coach (même si Greg Cojean était déjà là). Cela a un impact sur les mecs même sur les anciens, qui veulent encore plus se montrer et du coup, ça relève le niveau. Si cette année, il n’y a pas de blessés, Nantes fera un bon parcours en Ligue des Champions et ils seront champions de France. Le seul match perdu, c’est contre Kielce et son armada. Il faut donc relativiser. » Que peuvent donc espérer les banlieusards rennais de leur déplacement en Loire-Atlantique ? « Il ne faut certainement pas se prendre la tête. On y va pour jouer les ‘’casse-couilles’’. On va essayer de faire quelque chose. Ça, je le disais quand Aymeric Minne était dans l’équipe sauf qu’entre temps, il s’est blessé. C’est malheureux pour lui et comme on est pote, c’est regrettable. Mais son absence les affaiblit. On sait qu’on n’est pas favoris, qu’une victoire là-bas n’est pas impérative mais on arrive totalement décomplexés. La pression ne sera pas sur nos épaules.» Et même si l’enjeu de la suprématie régionale n’est plus ce qu’il était, aller battre le ‘’H’’ sur ses terres, ce que Cesson n’a jamais réussi à faire depuis son accession parmi l’élite (le meilleur résultat est un nul en mai 2013), serait considéré comme un véritable exploit. «Comme ancien nantais, confesse Romaric Guillo, ça me ferait bien plaisir d’aller gagner là-bas et de montrer à certains, que j’ai encore ma place. Après, concernant le territoire, dans le hand, on ne ressent pas trop la notion de suprématie. J’aime bien dire que la Bretagne, on n’est que 4 et pas 5 (départements) mais c’est sur le ton de la plaisanterie. » Rendez-vous ce dimanche dès 17h00 pour la dernière affiche de la 6ème journée du championnat.