Ce déplacement à Nantes a beaucoup moins fait jaser... Parties de Loire-Atlantique comme elles y étaient venues – par le rail –, les filles de Plan-de-Cuques n'ont pas signé de nouveau coup d'éclat mercredi, quatre jours après avoir lancé leur championnat par une victoire chez le promu Saint-Amand-les-Eaux (31-36). Les coéquipières de Samantha Priou ont néanmoins bousculé le NAH toute une mi-temps (15-18 en leur faveur, 26'), avant de flancher dans le troisième quart d'heure (28-21, 43') et de perdre 36-31.
Meilleure buteuse provençale samedi dernier (7/10), l'arrière droit a encore semé la zizanie dans la défense nantaise en milieu de premier acte (4/7), par la sûreté de ses appuis et des prises d'intervalle judicieuses. « Le jeu au près, c'est sa qualité première », valide Angélique Spincer, qui la dirige depuis deux ans. La signature d'une trentenaire pleinement entrée dans l'élite lorsque le HBPC y est revenu, en 2020. Plus de neuf ans après deux brèves apparitions avec Toulon, son club formateur. Dans ce très long intervalle, la fille de Franck, footballeur de D1 dans les années 90 (Mulhouse, Sochaux, Cannes, Saint-Etienne), a bourlingué en D2, d'Abbeville à Bourg-de-Péage, en passant par Yutz et Octeville.
Mais c'est au nord de Marseille qu'elle se sent le mieux, motivée par « l'envie de marquer son empreinte, de faire partie des cadres », selon sa coach. « On compte sur elle pour progresser dans l'objectif sportif », comme pour réussir la première du HBPC dans le gymnase des Ambrosis rénové et agrandi (plus d'un millier de places), le 16 septembre contre Nice.
Samantha, quel goût vous laisse la défaite de mercredi à Nantes ?
« On est très contentes de notre match. Nantes est une belle équipe, qui joue l'Europe. On a fait 25 premières minutes très intéressantes, en perdant très peu de ballons, en trouvant des solutions en attaque, en faisant 100 % sur penalty. On peut avoir des regrets sur la seconde mi-temps, qu'on a très mal démarré. On a un gros trou, avant de revenir au score et de tenir jusqu'au bout. Ca reste très encourageant pour la suite de la saison. »
« Encourageant », est-ce aussi l'adjectif qui convient pour qualifier ce tout début de saison ?
« On a fait le travail qu'il fallait à Saint-Amand, en creusant bien l'écart en deuxième mi-temps. C'est important de montrer qu'aujourd'hui, on est capables de gagner de plus d'un ou deux buts face aux promus, de ne pas galérer contre les équipes qui jouent le maintien. De montrer, aussi, qu'on est capables de tenir tête chez elle à une équipe qui joue l'Europe. »
Cela vous conforte-t-il dans l'idée de viser autre chose que le maintien ?
« On ne veut pas finir au delà de la dixième place (*). On joue le milieu de tableau. C'est notre troisième année en D1, on ne peut plus dire qu'on joue le maintien. »
Vos étreintes étaient appuyées après la victoire à Saint-Amand. Le signe qu'elle était très importante, indispensable pour atteindre votre objectif ?
« C'est important de gagner à l'extérieur, encore plus contre une équipe qui vient de monter. On s'est fait un peu peur en première mi-temps, avec beaucoup d'infériorités numériques. On a su ajuster la mire, mettre un coup d'accélérateur en seconde. On a gagné le match en défense : on était plus solidaires, on a pris trois buts en seize minutes. On est parties en montées de balle avec beaucoup plus de confiance. Ces trois points nous ont lancées. »
Depuis la remontée de Plan-de-Cuques, il y a deux ans, vous n'avez manqué aucun match de LBE. Comment avez-vous réussi, jusqu'à maintenant, à éviter les blessures et le virus ?
« A la base, je ne suis pas une joueuse qui se blesse facilement. Après, quand je veux quelque chose dans la vie, je fais tout pour l'avoir. Je savais en arrivant que la D1 allait être difficile. Je suis allée chercher les choses supplémentaires qu'il me fallait pour tenir. Ca n'a pas été facile par moments, mais on sait pourquoi on le fait. A côté, j'ai une bonne hygiène de vie, ça m'aide aussi. Et j'essaie d'écouter mon corps. »
Vous êtes restée éloignée de l'élite entre 2011 (deux matches avec Toulon) et 2020. Avez-vous toujours cru pouvoir y rejouer ?
« Oui. Toutes les années où j'ai joué en D2, en essayant de donner le maximum, c'était pour qu'on vienne me chercher, qu'on me dise ''C'est ton heure de jouer en D1''. Elle est arrivée tardivement, à 28 ans. C'est le destin. Aujourd'hui, j'adore ce qui m'arrive. Je prends énormément de plaisir à jouer en D1, à faire mon travail, à vivre de ma passion. »
Avec un père footballeur, la voie de sportive de haut niveau était-elle toute tracée ?
« J'ai grandi dans le milieu du foot. J'adorais le sport à l'école, je le préférais aux mathématiques (rires). Je me débrouille dans un peu tous les sports, et quand j'ai vu l'opportunité de pouvoir vivre de ma passion comme mon père, c'était devenu évident pour moi. Quand on lui a dit que sa fille avait le potentiel pour faire quelque chose dans le hand, qu'il pouvait m'inscrire en sport-études à Marseille, mon père a été le premier à me soutenir. Ma mère était un peu plus sceptique, par rapport à l'école, mais tout le monde a cru en moi. »
Vous avez entamé votre sixième saison à Plan-de-Cuques. Un tel attachement signifie-t-il que vous y achèverez votre carrière ?
« Je me sens très bien ici. J'ai 30 ans, je suis à la maison avec ma famille, mes amis. Tout se passe super bien pour moi, je m'épanouis. J'ai un rôle dans l'équipe depuis trois ans, je n'ai pas envie de le lâcher pour le moment. Mais je ne sais pas comment va se terminer ma carrière... »
(*) Plan-de-Cuques a fini 12ème la saison dernière, et s'était maintenu en play-down celle d'avant.