A l’époque, la décision avait été mûrement réfléchie. Après 11 saisons passées au plus haut niveau (10 à Besançon et 1 à St Amand les Eaux), une douzaine de sélections en France A, une médaille de bronze à l’Euro 2016 et la même année, la distinction de meilleure ailière droite de LFH, Amanda Kolczynski annonçait qu’elle mettait fin, sans regrets, à sa carrière sportive. « J’étais arrivée au bout de ce que je pouvais attendre du handball. J’avais même envisagé de m’arrêter plus tôt et si j’ai signé à St Amand, c’était aussi pour retrouver mon conjoint, footballeur professionnel qui évoluait alors en Belgique.» A 27 ans, le projet de la joueuse dépassait l’idée du simple rapprochement. «J’avais surtout envie de devenir maman, de profiter ensuite pleinement de mon enfant. Pour ne pas avoir tout le temps en tête, l’échéance d’une reprise, c’était mieux d’annoncer que je tirais un trait sur le hand. » D’autant que l’aventure à St Amand les Eaux ne se conclue pas de la meilleure des façons. « A quelques journées de la fin, contre Toulon, je me fais les croisés. J’étais à trois mois de grossesse et les médecins m’ont dit que c’était lié. J’avais déjà vécu la même blessure à l’autre genou, quatre ans plus tôt (2017), il était temps d’arrêter ! » Loin du 40x20, Amanda prend son nouveau ‘’rôle’’ très au sérieux. Entre temps, le couple a rallié la Corse puisque Jordan Machado, le footballeur qui partage sa vie, évolue en National, au FC Bastia-Borgo. Une petite fille nait en novembre 2021. Le quotidien suit son cours mais ce qui ne semblait plus d'actualité, prend une importance insoupçonnée. Après un break de moins d’un an, l’envie de retrouver l’ambiance des salles refait surface. « C’est vrai, j’ai ressenti comme un manque. Aucune autre activité ne peut te procurer les émotions que j’ai vécues. Je suis passée de femme à maman, j’avais besoin d’un certain recul. Mais je ne pouvais pas balayer comme ça, vingt ans consacrés à ce sport. » En mars dernier, la gauchère est déterminée et fait connaître ses intentions. Trouver un club qui lui permette de reprendre… « Tranquillement, à mon rythme, sans contrainte. J’ai eu des propositions venant de clubs de D1. Mais ce n’était pas ce que je recherchais. Je visais une structure plus petite mais où il y avait un vrai projet, avec des valeurs familiales comme ce que j’avais connu au début à Besançon. » Et Toulouse s’est manifesté, presque comme une évidence.
Au terme de deux matches de barrage face à Pessac, l’équipe valide son accession à la D2F. Pour Amanda, l'environnement est idéal. Ses parents ont déménagé sur Albi et depuis deux ans, son frère a choisi la ville rose comme cadre de vie. Pour tout arranger, Jordan Machado est en contact avec deux clubs de foot de l'agglomération. « Je suis vite tombée d’accord avec les dirigeants. C’est un club qui a une vraie personnalité avec des joueuses de caractère. Et puis, il y a un signe qui ne trompe pas. La plupart d’entre elles sont là depuis pas mal de temps. La ville mérite un club de haut niveau. Je me rappelle que c’était le cas à mes débuts en pro. Toulouse était en D1.» Du côté du TFH, on se frotte les mains, persuadé d’avoir attiré la joueuse qu’il fallait pour renforcer le groupe. « Tout est réuni pour que le challenge soit gagnant-gagnant, se satisfait le coach Fabien Vedel. L'objectif (le maintien) est clairement défini et elle va nous aider à encore un peu plus nous structurer, son expérience sur et en dehors du terrain ne peut que nous enrichir. On a vécu la même chose cette saison avec Andréa (De La Torre, la gardienne internationale espagnole). Sportivement, ce qui est intéressant, c’est qu’Amanda peut jouer sur les deux postes à droite. » Mais avant de retrouver la plénitude de ses sensations, l'ex Bisontine devra continuer la rééducation de son genou et se montrer patiente.
Un recrutement sur mesure pour le TFH
Après deux ans de présidence, Rémi Chambelin est un homme comblé. Il est à la tête d’un club sain et ses joueuses ont non seulement décroché l'accession à l’étage supérieur mais également conquis le microcosme local. La municipalité a consenti une rallonge financière, le partenariat privé va se développer même si avec 410 000 euros, le budget du TFH restera parmi les moins élevés de D2F. Si dans la 5ème agglomération française, le manque d’infrastructures couvertes est flagrant, les Toulousaines devraient disputer la majorité de leurs matches au palais des Sports de la ville. « Sur un créneau prioritaire du dimanche après-midi. On s’est aussi rapproché du Fénix. Pourquoi ne pas envisager une soirée commune et jouer juste avant les garçons ? » L’équipe enregistre cinq arrivées pour… aucun départ... majeur. L’ossature du groupe qui a gagné la montée reste bien en place. Parmi les nouvelles têtes (outre Amanda Kolczynski), deux joueuses arrivent de Granollers (banlieue de Barcelone). L’arrière gauche – demi centre bulgare Lora Sarandeva (photo ci-dessus) et la très polyvalente espagnole Elene Vasquez Marinelarena. « Pour Sarandeva, explique Fabien Vedel, dès qu’on a su qu’elle n’était pas conservée, on s’est vite positionné. Elle est capable de tirer de loin et a une parfaite vision du jeu avec les pivots. Elene elle, peut occuper les trois postes de la base arrière et être utilisée en défense. Notamment en 3. » Le TFH enregistre également le retour de la gardienne Alois Moras après deux saisons à Angoulême et l’arrivée de la jeune gauchère Chloé Grellier en provenance de Vaulx-en-Velin. La préparation débute le 18 juillet, pour une 1ère journée en D2F programmée les 3 et 4 septembre.