Toulon n'est plus concerné par la course au maintien, désormais circonscrite à Celles-sur-Belle et Fleury-les-Aubrais (5 points d'écart en faveur du HBCC). La formation varoise, onzième à quatre journées de la fin, restera dans l'élite à la rentrée... à la différence de l'une de ses figures. Arrivée du centre de formation de Metz en 2011, dans ce qui s'appelait encore Toulon/Saint-Cyr, Dounia Abdourahim quittera la rade dans un mois, à l'issue de sa onzième saison en bleu ciel. Une fidélité digne de ses ex-coéquipières Alexandra Bettacchini (arrêt en 2018) et Laurène Catani (partie en 2020), ponctuée de deux finales de Coupe de France à Bercy (gagnée en 2012 contre Le Havre, perdue en 2016 face à Brest), plus de 200 matches de championnat, et de soubresauts consécutifs à la fin de l'ère Thierry Vincent.
L'arrière gauche continuera sa carrière en Hongrie, où la vue sur la Méditerranée est moins imprenable... En février, elle a signé pour deux saisons (l’une ferme, l’autre en option) avec Siofok, sixième de la ligue magyare et francophile. Estelle Nze Minko, Gnonsiane Niombla et Camille Aoustin y sont passées ces dernières années.
Interrogée un soir où elle rentrait du supermarché, la vice-championne du monde juniors (2012) confie non pas la liste des commissions, mais celle de ses dernières envies avec le TMV. En priorité, battre Mérignac (9ème) au Palais des sports, ce vendredi (20 h), pour espérer grappiller un ou deux rangs au classement final.
Dounia, le maintien de Toulon étant acquis, les quatre matches restants compteront-ils pour du beurre ?
« On sort d'une série très compliquée, où on a joué les trois premiers du championnat. Là, on veut repartir sur une bonne dynamique. Ce n'est pas parce qu'on ne joue ''rien'' qu'on ne doit pas produire du beau jeu. On veut gagner des matches, on n'en a pas gagné énormément cette saison. C'est clairement notre objectif. Faire de bonnes prestations, reprendre confiance, reprendre le goût de la victoire. »
Six victoires en vingt-deux matches, est-ce clairement
trop peu ?
« Oui, ce n'est pas beaucoup. Surtout qu'en première partie de saison, on perd des matches qu'on doit gagner. C'est ça aussi qui nous met dedans. Les derniers matches, on a pris de sacrés écarts, de grosses défaites qui font mal à la tête (-16 à Brest, -8 contre Paris, -10 à Metz)... On espère donc finir avec un meilleur visage, et produire du beau jeu sur les prochains matches. »
Considérez-vous à votre portée la réception de Mérignac (ce vendredi), le déplacement à Fleury-les-Aubrais (le 7 mai) ?
« Oui, il y a quelque chose à faire. Je pense que ce sont des matches plus abordables que contre Metz ou Brest, même si Mérignac est une équipe qui joue très bien au hand. On le voit dans leurs derniers résultats. Elles nous avaient battues au match aller (30-25, le 2 octobre). »
Onze saisons dans le même club, ce n'est pas banal de nos jours... Qu'est-ce que cela fait d'être une « historique » ?
« C’est énorme… Souvent, les filles se moquent de moi par rapport à ça (rires). J'ai un peu tout vécu à Toulon. Les premières belles années, que je n'oublie pas, la transition qui est compliquée. »
En quoi le Toulon de 2022 est-il différent de celui de 2011 ?
« Quand je suis arrivée, on gagnait la Coupe de France, on jouait la Coupe d'Europe. Après, il y a eu un changement de cycle. Aujourd'hui, on est dans un renouveau. Moi, étant là depuis longtemps, il y a des choses d'avant que je ne retrouve pas. Mais je ne veux pas cracher dans la soupe, parce que j'ai appris beaucoup ici. »
Vous allez connaître votre première expérience à l'étranger. A 30 ans, était-ce le moment ou jamais pour passer la frontière ?
« Le timing était parfait pour tenter cette aventure. J'ai toujours voulu jouer à l'étranger. Avant, pour des raisons personnelles, je ne pouvais pas partir. Là, clairement, c'est le bon moment. »
Qu'est-ce qui vous a convaincue de vous engager avec Siofok
? L'attraction du championnat hongrois ?
« Je ne m'étais pas fixée de club, je ne me suis pas dit ''Je veux aller là, là ou là''. Je voulais juste avoir un dernier challenge, un dernier projet qui me stimulait. Quand j'ai eu cette proposition, la question ne s'est pas posée. La Hongrie, c'est le meilleur championnat. »
Lorsque votre transfert a été rendu public, une photo de la signature conjointe avec votre coéquipière Hawa N'Diaye (pivot, internationale sénégalaise) a circulé. Vous étiez-vous concertées ?
« Plein de monde pense ça, mais on n'a pas du tout signé ensemble ! Hawa a été contactée, a signé quelques semaines avant, et Siofok m'a fait une proposition après. C'est pour ça que c'est incroyable ! »
Une coéquipière pour vous accompagner, est-ce une chance pour bien vous acclimater ?
« Exactement ! Hawa, c'est comme ma sœur. On se doute bien que ça ne va pas être facile. Qu'on se soutienne l'une l'autre, je trouve ça trop bien ! »
Etes-vous déjà impatiente d'affronter les autres Françaises qui évoluent en Hongrie ? Celles de Györ, par exemple ?
« J'en ai parlé avec Laura (Glauser). C'est trop bien aussi. J'ai vraiment hâte ! »
Vous ne comptez que six sélections en équipe de France A, pendant le mandat d'Alain Portes (2013). Auriez-vous aimé en avoir plus ?
« Je n'ai pas de regret, j'ai fait des choses magnifiques. Evidemment, j'aurais aimé continuer à performer pour à y rester, mais je me suis blessée (rupture des ligaments croisés début 2015) au moment où l'équipe de France a explosé. Le destin a voulu que les choses se soient déroulées comme ça. En tant que joueuse et compétitrice, c'était une fierté de jouer en équipe de France. »