En 2017, quand Kévin Mesnard a décidé de retourner dans l’Hérault où il avait effectué toute sa formation avant de signer pro à Istres et d’évoluer 2 ans en Proligue, ce n’était pas avec la ferme intention de poursuivre une carrière dans le handball. Mais plutôt pour entamer un cursus universitaire en… médecine. « Quand j’ai annoncé ça, mon entourage m’a regardé un peu bizarrement. Je tournais vraiment une page, je recommençais à zéro. Après mon bac, je voulais faire des études d’ingénieur mais avec les entraînements au MHB, cela n'avait pas été trop compatible. » A 24 ans passés, le gardien ne choisit pas la facilité dans une des facultés les plus réputées de France. « La 1ère année, c’est un truc de fou où tu dois faire pas mal de sacrifices. C’est un vrai marathon, que ce soit les cours, les révisions, la bibliothèque, je bossais 10 heures par jour. Je n’ai pas eu de vie sociale, mes amis étaient prévenus et avec mon ex copine, ça s’est terminé en début d’année parce que sinon, c’était ingérable. J’ai repoussé le plus tard possible la décision mais dès le moment où je m’engageais en médecine, il fallait que je m’investisse à fond.» Pour autant, l’étudiant a besoin de trouver un équilibre. Un dérivatif qui lui permette de garder un contact avec le monde extérieur mais qui n’empiète pas trop sur ce quotidien quasi monacal. « A l’époque, Alexandre Saidani que j’avais connu à Montpellier, jouait à Frontignan qui venait d’accéder à la N1. En fait, je voulais m’entraîner avec les copains pour garder la forme. Je lui ai dit que si son coach était intéressé, j’arrivais avec plaisir. On s’est mis d’accord. Comme les entraînements, c’était deux soirs par semaine et le match, le week-end, je pouvais m’organiser. » Et cela se passe plutôt bien,
Kévin Mesnard franchit l’obstacle du concours de 1ère année en se classant 14ème sur 3000 candidats. Le club héraultais traverse la période Covid, se structure, bascule en poule élite en 2019 et obtient le statut VAP (Voie d’Accession au Professionnalisme) l’été dernier. Le futur médecin lui, a prolongé sa collaboration jusqu’en 2023 et est entré en 5ème année. «Sincèrement, je ne regrette pas mes choix. Le hand me permet de me vider la tête. A chaque fin de saison, je me remets un peu en question et je me demande si je peux continuer sur le même rythme. Comme cela ne pose pas de problème, j’arrive à me projeter sur l’année d’après. » Les résultats sportifs sont très positifs. Après 17 journées, le Frontignan Thau Handball est 2ème de la poule élite, à 3 points de Bordeaux Bruges Lormont qui a validé son accession le dernier week-end et avec un matelas conséquent par rapport à Mulhouse et Saintes qui mathématiquement pourraient encore contrecarrer ses plans. « La montée est clairement l’objectif. Devant nous, Bordeaux a effectué un excellent parcours et avec des moyens incomparables aux nôtres, a atteint sans surprise, son objectif. C’est très bien que le club de Frontignan ait pris la voie de la professionnalisation mais je suis convaincu que pour réussir, il faudra garder l’état d’esprit qui nous a toujours animés. » Si le FTHB comme c’est fort probable, accède à la Proligue, l’organisation de l’équipe risque de changer et les exigences au niveau de l’investissement de chacun, obligatoirement revues à la hausse. Kévin qui est à mi-parcours de son cursus universitaire avec une 6ème année à venir sanctionnée par un nouveau concours, devra faire un choix. « Pour le moment, je ne suis pas à bout de souffle. Il est évident que si cela change avec uniquement un effectif pro, cela remettra en question ma participation. Les études de médecine passent avant le hand et ce n’est pas au club de s’adapter à mon emploi du temps. Si je vois que ce n’est plus gérable, il n’y aura aucun malaise, j’arrêterai. Si je suis allé à Frontignan, ce n’est pas un hasard. Le club a su attirer et parfaitement intégrer des joueurs qui avaient un double projet. » Et l’expérience est plutôt valorisée puisque Alexandre Saïdani qui est retourné depuis, à Montpellier évoluer en réserve, est devenu kiné et Maxime Bouschet, arrière droit au FTHB est chercheur en physique. Dans les cages, le futur docteur Mesnard prend le plaisir comme il vient. Au point d’être devenu le facteur X de l’équipe. 21 arrêts lors du dernier match à Gonfreville, 17 à Pau-Nousty, 14 face à Bordeaux-Bruges, il a très rarement terminé une rencontre à moins de 10 parades. Et ce n'est pas étonnant qu’il soit actuellement, le 2ème meilleur gardien de la poule Elite.
Le classement des équipes statut VAP en poule Elite de N1
| | Pts | V | N | D |
1 | Bordeaux Bruges Lormont HB | 45 | 13 | 2 | 2 |
2 | Frontignan Thau HB | 42 | 11 | 3 | 3 |
3 | ASPTT Mulhouse Rixheim | 35 | 8 | 2 | 7 |
4 | US Saintes HB | 34 | 8 | 1 | 8 |
5 | Elite Val d'Oise | 32 | 5 | 5 | 7 |
6 | HC Cournon d'Auvergne | 31 | 6 | 2 | 9 |
7 | Gonfreville HB | 30 | 6 | 1 | 10 |
8 | Grand Poitiers HB 86 | 27 | 5 | 0 | 12 |