Si la vie de Tamara Horacek était un vêtement, ce serait immanquablement l'un des maillots de rechange de la Croatie. Un damier rouge et blanc superposé sur un fond bleu. Née en 1995 à Pozega, à quelque 170 km à l'est de Zagreb, naturalisée en 2014 juste avant un Mondial juniors, la fille de Vesna (arrière de Metz de 2004 à 2010, et de Cergy-Pontoise jusqu'en 2013) a grandi dans une double culture, slave et française.
Internationale A depuis juin 2016, la meneuse de jeu de Metz a connu une histoire discontinue en sélection. Tant en raison de blessures (rupture des croisés en 2018, quelques semaines avant le titre continental) que de la densité aiguë à son poste (Zaadi, Pineau, Nocandy), elle affiche un total de 46 capes. Mais cette saison, le compteur tourne un peu plus vite. Présente aux deux premiers rassemblements post-Tokyo, la vice-championne olympique 2016 et du monde 2021 est aussi partie prenante du troisième. Grâce à de bons états de service en club, en LBE (3,6 buts de moyenne) comme en C1 (47 buts en phase de groupes).
Le retour aux racines familiales qui fait saliver Tamara Horacek, on va le voir, ne lui fait pas perdre de vue l'intérêt sportif de la semaine : assurer au plus vite la présence française au prochain Euro.
Sur le plan émotionnel, Tamara, Croatie – France sera tout sauf neutre...
« Ce sera un match spécial. Ce sera la première fois que j'affronterai mon pays natal en tant que Française. Il y aura beaucoup d'émotion, surtout que ma famille sera présente. Le cœur battra fort ! »
La dernière confrontation, en demi-finale de l'Euro 2020, avait été pliée en une mi-temps par les Bleues (30-19). Il n'en sera rien cette fois, sur terrain adverse de surcroît ?
« Ce ne sera pas la même chose. Pas facile, non plus. Malgré quelques cas de Covid au championnat du monde (18ème place, élimination au tour principal), la Croatie reste une bonne équipe de handball. Elle l'avait prouvé au championnat d'Europe au Danemark (troisième). On connaît quand même des joueuses, comme Kapitanovic et Pijevic (les gardiennes), qui jouent ou ont joué à Metz. »
Hormis la qualification pour la phase finale de l'Euro (du 4 au 20 novembre en Slovénie, Macédoine du Nord et Monténégro), qu'attendez-vous de cette semaine ?
« Il faudra capitaliser sur ce qu'on travaille tous les jours. Capitaliser aussi, parce qu'on a gagné nos deux premiers matches contre la République Tchèque (38-22) et l'Ukraine (25-28). Il faut continuer, et intégrer les ''nouvelles'', comme Sarah Bouktit et Emma Jacques (ses partenaires en club). Faire tourner, se faire plaisir et surtout montrer qu'on n'est pas pour rien vice-championnes du monde. »
En quoi la Tamara Horacek revenue cette saison à Metz est-elle différente de celle qui en était partie il y a quatre ans et demi ?
« Cette Tamara-là a grandi. Elle a vécu des choses, a eu beaucoup plus de temps de jeu qu'en 2017. Elle a engrangé de la confiance, elle est devenue une femme qui n'a pas peur de prendre ses responsabilités, tout simplement. La nouvelle Tamara arrête aussi de se prendre la tête parce qu'elle fait un mauvais entraînement, ou qu'elle loupe un tir dans un match. C'est le jeu, ça peut arriver, on passe à autre chose. »
Cette évolution signifie-t-elle qu'à 26 ans, vous êtes arrivée à maturité ?
« Avec les temps de jeu que j'ai eus dans mes clubs auparavant, notamment à Paris (2017-20), je pense que oui. A Siofok (Hongrie, la saison passée), je me suis retrouvée à jouer presque 60 minutes à tous les matches alors que ce n'était pas prévu... Je suis plutôt contente de cette maturité que j'ai pu construire au fur et à mesure des années, même si je pense qu'on peut toujours progresser. Je ne m'arrête pas là, je ne m'en contente pas. »
Vous aspiriez au bonheur, à vous » disiez-vous, en retrouvant votre club formateur. Mission accomplie ?« retrouver mentalement
« Bien sûr ! C'a été difficile mentalement, physiquement, après une année à l'étranger plutôt mitigée, et une fin de saison dure. Mais j'ai retrouvé le plaisir de jouer. Je suis contente de porter ce maillot jaune, et aussi ce maillot bleu, parce que j'ai la chance de le retrouver. »
Evoquons enfin les jets de 7 mètres. Depuis plusieurs matches de championnat et de Ligue des Champions, vous en êtes la tireuse préférentielle à Metz. Quel est votre rapport au penalty ?
« C'est un exercice que j'ai toujours travaillé étant plus jeune. J'essaie de piéger la gardienne, sans me mettre la pression de marquer. C'est plus un jeu, avec de la légèreté. Avoir ce statut de tireuse numéro 1, ça se travaille. Et ça peut vite changer. »
EURO
2022 (qualifications, groupe 4)
Jeudi 3 mars à 18 heures, à Koprivnica : Croatie - FRANCE (en direct sur beIN Sports 1 et lequipe.fr). Arbitres : Mmes Ilieva et Karbeska (MCD).
L'équipe de France : 2 Nocandy (Metz), 3 Toublanc (Brest), 6 Valentini (Metz), 8 C. Lassource (capitaine, Brest), 10 Zaadi (Rostov, RUS), 19 Sercien-Ugolin (Krim Ljubljana, SLV), 21 O. Kanor (Metz), 22 Horacek (Metz), 23 D. Lassource (Paris 92), 24 Edwige (Ferencvaros, HON), 25 E. Jacques (Metz), 27 Nze Minko (Györ, HON), 31 Granier (Besançon), 32 Bouktit (Metz). Gardiennes : 1 Glauser (Györ, HON), 16 Darleux (Brest). Sélectionneur : O. Krumbholz. Les Nantaises Floriane André (g.) et Oriane Ondono sont restées en France et retrouveront le groupe au match suivant.
Dimanche 6 mars à 17h30, à Toulouse : FRANCE – Croatie (en direct sur beIN Sports 2 et la Chaîne L'Equipe).
Les deux matches entre l'Ukraine et la République Tchèque sont en suspens.
Déjà joués : FRANCE – République Tchèque 38-22 ; Croatie – Ukraine 22-23 ; Ukraine – FRANCE 25-28 ; République Tchèque – Croatie 24-26. Classement : 1. FRANCE 4 points ; 2. Ukraine et Croatie 2 ; 4. République Tchèque 0. Les deux premiers qualifiés pour la phase finale.