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Guillaume Crépain s'arrête pour mieux rebondir

LMSL

jeudi 10 février 2022 - © Yves Michel

 6 min 12 de lecture

La décision a été mûrement réfléchie. Début juin, au terme de sa 4ème saison dans les rangs d'Istres Provence, Guillaume Crépain mettra fin à une carrière aussi riche qu'atypique. Le demi-centre ne s'éloignera pas des terrains, désireux de transmettre son expérience auprès des plus jeunes.

Il affirme ne pas vouloir faire la saison de trop mais reste totalement au service du handball puisque c'est dans la discipline qui a accompagné son existence que son avenir est tracé. A bientôt 36 ans (il les aura le 15 avril prochain), Guillaume Crépain a décidé d'arrêter sa carrière de joueur. 

C’est l’histoire d’un mec qui lors de sa 1ère saison au contact des pros a partagé l’euphorie d’un titre de champion de France. En 2007, il vient de fêter ses 21 ans et il est encore stagiaire au centre de formation de l’US Ivry. Delaune est devenu son jardin et ses partenaires font partie d’un quotidien qui dépasse le caractère sportif. « C’était plus qu’un club, c’était une famille. On était tous proches les uns des autres avec une majorité de mecs formés à Ivry… L’été, on partait même en vacances ensemble. C’était encore une autre façon de vivre le hand, à l’ancienne. » Tout commence bien pour le gamin de l’AS Bondy, issu d’une famille de handballeurs et qui est tombé dans le chaudron dès qu’il a su mettre un pied devant l’autre. Les années bonheur et titre oblige, une saison en Ligue des Champions. « Je bénéficie du départ d’Oskarsson pour Nîmes et de la blessure du demi-centre (norvégien) Alexander Buchmann. J’ai saisi ma chance, cela a bien fonctionné, le coach m’a fait confiance et j’ai joué toute l’année. » Entre-temps, le demi-centre a paraphé son 1er contrat pro. Malgré ses 1.75 m, son tempérament et son agilité ne passent pas inaperçus. Beaucoup lui prédise l'équipe de France, pourtant Claude Onesta ne semble pas très emballé. Pour les Jeux Méditerranéens à Pescara en Italie, le patron des Bleus vient de convoquer des joueurs qui n’ont jamais été sélectionnés. Le nom de Crépain ne figure pas sur la liste. « J’ai été très déçu car c’était un rêve de porter un jour le maillot de l’équipe de France. Avec le recul, je me dis que mon gabarit m’a desservi. Les temps changent. Aujourd’hui, je pense que j’aurais plus de chance d’y être. » Le bail à Ivry se termine durant l’été 2011. L’équipe val-de-marnaise a quitté depuis longtemps son habit de lumières et vient de se sauver in extremis de la relégation. 

Les années Tremblay (2011-2014)

« Sans quitter la région parisienne, je ne rate pas cette opportunité d’autant que je retrouve Stéphane Imbratta qui me voulait. Je suis né dans le 93 donc c’est presque naturel de me retrouver dans le club phare de mon département. » Tremblay-en-France sort de trois saisons récompensées par un podium en championnat de France et surtout quelques semaines avant l’arrivée de Guillaume, un titre de vice-champion d’Europe des Vainqueurs de Coupe. La dynamique n’opère pas et le club est entraîné dans une chute vertigineuse. « Les résultats n’ont pas été au rendez-vous. L’ambiance non plus. Beaucoup de joueurs ont été recrutés, il y a eu plusieurs entraîneurs mais rien n’a fonctionné. » Le doute s’installe et le demi-centre ne se sent plus dans son élément. « J’ai failli tout arrêter. J’avais en fait, perdu le plaisir de jouer. Je me prenais trop la tête et j’ai fait une sorte de burnout. » Il disparait un temps des radars, son téléphone s’est arrêté de sonner. « Je n’avais aucune proposition. Il y avait toujours un ‘’oui, mais’’. » Et c’est du Béarn que vient le salut. 



Les années Billère  (2014-2017)

« C’est Billère qui m’a relancé et ça, je ne l’oublierai jamais. » Le club des Pyrénées-Atlantiques évolue en Division 2 et n’a pas d’énormes moyens financiers pour espérer mieux. Ce qui n’est pas pour décourager Guillaume. « J’ai repensé à mes débuts à Ivry. Les gars gagnaient juste assez pour boucler la fin du mois. Par rapport à Tremblay où il y avait des gros salaires et des joueurs qui s’embourgeoisaient, j’ai retrouvé l’envie. Billère, c’est aussi le lieu où j’ai rencontré ma compagne, où j’ai commencé à entraîner les jeunes. Comme à Ivry, les liens étaient très forts avec les bénévoles et les supporters. » Le trentenaire a retrouvé des ambitions et la volonté de terminer sa carrière parmi l’élite même si… « Je serais resté à Billère, préférant privilégier la qualité de vie à mes ambitions sportives. Sauf que financièrement c’était devenu compliqué et j’ai fait le choix d’aller à Istres. » 

La fin de carrière à Istres (2017-2022)

Le choix des bords de l’étang de Berre n’est pas anodin même si depuis 2015, Istres stagne en D2. «J’ai joint l’utile à l’agréable puisque mes parents résident à Martigues. Je retrouvais mon frère et la vie de famille. » Le club s’appuie sur de solides fondations et le parcours est triomphal. Guillaume ne rate aucun des 26 rendez-vous du calendrier et participe activement à la remontée. « 23 matches sans défaite, je crois que c’est un record. On a vraiment profité car on savait qu’ensuite, ça serait difficile. » Depuis que Istres a réintégré l’élite, le scénario et surtout le challenge sont identiques. Gagner le moindre point pour assurer le maintien. « Ces trois dernières saisons et c’est en quelque sorte une fierté, avec le plus petit budget de Starligue, nous y sommes arrivés. Cette fois encore, on sait ce qui nous attend. » Sauf qu’en juin prochain, quel que soit l’épilogue pour l’équipe, Guillaume Crépain mettra fin à l’aventure. 



Clap de fin et reconversion  

« A Noël, j’ai pris conscience qu’il ne fallait pas que je fasse la saison de trop. Sur le terrain, je me suis toujours étalonné par rapport aux gars avec qui j’ai évolué. Il y a toujours eu une saine concurrence mais avec le désir d’être devant eux. Et je dois reconnaître que cette année, Henrik Olsson (le demi-centre suédois d'IPHB) est bien au-dessus. Aujourd’hui, j’ai moins la niaque concernant l’émulation, donc c’est le moment d’arrêter.» L’avenir s’écrira inévitablement autour d’un 40x20 avec la volonté de transmettre aux générations futures toute l’expérience acquise. « Je me suis déjà occupé des moins de 15, des moins de 17 et j’ai même secondé Bastien Cismondo au centre de formation d’Istres. Je vise donc un poste d’entraîneur de centre de formation ou de coach adjoint d’une équipe pro. J’ai quelques pistes sérieuses mais rien n’est encore signé. » Guillaume n’en dira pas plus, si ce n’est que cela ne sera pas à Istres et sa proximité. 

Avenir immédiat

A deux points du 1er relégable, Istres devra préserver ses deux longueurs, du moins assurer ses arrières pour espérer se maintenir. Le prochain rendez-vous ce vendredi à domicile est l’ascension de l’Everest parisien. En attendant des occasions plus favorables. « Rien n’est définitif. C’est vrai qu’il nous reste des matches assez compliqués à disputer. La saison passée, on s’est sauvé en gagnant des matches à l’extérieur donc il faut y croire et tenter de prendre des points partout. » Dégagé de l’incertitude du lendemain, Guillaume Crépain est désormais focalisé sur les 16 matches que Istres devra disputer d’ici le 7 juin.

Guillaume Crépain s'arrête pour mieux rebondir  

LMSL

jeudi 10 février 2022 - © Yves Michel

 6 min 12 de lecture

La décision a été mûrement réfléchie. Début juin, au terme de sa 4ème saison dans les rangs d'Istres Provence, Guillaume Crépain mettra fin à une carrière aussi riche qu'atypique. Le demi-centre ne s'éloignera pas des terrains, désireux de transmettre son expérience auprès des plus jeunes.

Il affirme ne pas vouloir faire la saison de trop mais reste totalement au service du handball puisque c'est dans la discipline qui a accompagné son existence que son avenir est tracé. A bientôt 36 ans (il les aura le 15 avril prochain), Guillaume Crépain a décidé d'arrêter sa carrière de joueur. 

C’est l’histoire d’un mec qui lors de sa 1ère saison au contact des pros a partagé l’euphorie d’un titre de champion de France. En 2007, il vient de fêter ses 21 ans et il est encore stagiaire au centre de formation de l’US Ivry. Delaune est devenu son jardin et ses partenaires font partie d’un quotidien qui dépasse le caractère sportif. « C’était plus qu’un club, c’était une famille. On était tous proches les uns des autres avec une majorité de mecs formés à Ivry… L’été, on partait même en vacances ensemble. C’était encore une autre façon de vivre le hand, à l’ancienne. » Tout commence bien pour le gamin de l’AS Bondy, issu d’une famille de handballeurs et qui est tombé dans le chaudron dès qu’il a su mettre un pied devant l’autre. Les années bonheur et titre oblige, une saison en Ligue des Champions. « Je bénéficie du départ d’Oskarsson pour Nîmes et de la blessure du demi-centre (norvégien) Alexander Buchmann. J’ai saisi ma chance, cela a bien fonctionné, le coach m’a fait confiance et j’ai joué toute l’année. » Entre-temps, le demi-centre a paraphé son 1er contrat pro. Malgré ses 1.75 m, son tempérament et son agilité ne passent pas inaperçus. Beaucoup lui prédise l'équipe de France, pourtant Claude Onesta ne semble pas très emballé. Pour les Jeux Méditerranéens à Pescara en Italie, le patron des Bleus vient de convoquer des joueurs qui n’ont jamais été sélectionnés. Le nom de Crépain ne figure pas sur la liste. « J’ai été très déçu car c’était un rêve de porter un jour le maillot de l’équipe de France. Avec le recul, je me dis que mon gabarit m’a desservi. Les temps changent. Aujourd’hui, je pense que j’aurais plus de chance d’y être. » Le bail à Ivry se termine durant l’été 2011. L’équipe val-de-marnaise a quitté depuis longtemps son habit de lumières et vient de se sauver in extremis de la relégation. 

Les années Tremblay (2011-2014)

« Sans quitter la région parisienne, je ne rate pas cette opportunité d’autant que je retrouve Stéphane Imbratta qui me voulait. Je suis né dans le 93 donc c’est presque naturel de me retrouver dans le club phare de mon département. » Tremblay-en-France sort de trois saisons récompensées par un podium en championnat de France et surtout quelques semaines avant l’arrivée de Guillaume, un titre de vice-champion d’Europe des Vainqueurs de Coupe. La dynamique n’opère pas et le club est entraîné dans une chute vertigineuse. « Les résultats n’ont pas été au rendez-vous. L’ambiance non plus. Beaucoup de joueurs ont été recrutés, il y a eu plusieurs entraîneurs mais rien n’a fonctionné. » Le doute s’installe et le demi-centre ne se sent plus dans son élément. « J’ai failli tout arrêter. J’avais en fait, perdu le plaisir de jouer. Je me prenais trop la tête et j’ai fait une sorte de burnout. » Il disparait un temps des radars, son téléphone s’est arrêté de sonner. « Je n’avais aucune proposition. Il y avait toujours un ‘’oui, mais’’. » Et c’est du Béarn que vient le salut. 



Les années Billère  (2014-2017)

« C’est Billère qui m’a relancé et ça, je ne l’oublierai jamais. » Le club des Pyrénées-Atlantiques évolue en Division 2 et n’a pas d’énormes moyens financiers pour espérer mieux. Ce qui n’est pas pour décourager Guillaume. « J’ai repensé à mes débuts à Ivry. Les gars gagnaient juste assez pour boucler la fin du mois. Par rapport à Tremblay où il y avait des gros salaires et des joueurs qui s’embourgeoisaient, j’ai retrouvé l’envie. Billère, c’est aussi le lieu où j’ai rencontré ma compagne, où j’ai commencé à entraîner les jeunes. Comme à Ivry, les liens étaient très forts avec les bénévoles et les supporters. » Le trentenaire a retrouvé des ambitions et la volonté de terminer sa carrière parmi l’élite même si… « Je serais resté à Billère, préférant privilégier la qualité de vie à mes ambitions sportives. Sauf que financièrement c’était devenu compliqué et j’ai fait le choix d’aller à Istres. » 

La fin de carrière à Istres (2017-2022)

Le choix des bords de l’étang de Berre n’est pas anodin même si depuis 2015, Istres stagne en D2. «J’ai joint l’utile à l’agréable puisque mes parents résident à Martigues. Je retrouvais mon frère et la vie de famille. » Le club s’appuie sur de solides fondations et le parcours est triomphal. Guillaume ne rate aucun des 26 rendez-vous du calendrier et participe activement à la remontée. « 23 matches sans défaite, je crois que c’est un record. On a vraiment profité car on savait qu’ensuite, ça serait difficile. » Depuis que Istres a réintégré l’élite, le scénario et surtout le challenge sont identiques. Gagner le moindre point pour assurer le maintien. « Ces trois dernières saisons et c’est en quelque sorte une fierté, avec le plus petit budget de Starligue, nous y sommes arrivés. Cette fois encore, on sait ce qui nous attend. » Sauf qu’en juin prochain, quel que soit l’épilogue pour l’équipe, Guillaume Crépain mettra fin à l’aventure. 



Clap de fin et reconversion  

« A Noël, j’ai pris conscience qu’il ne fallait pas que je fasse la saison de trop. Sur le terrain, je me suis toujours étalonné par rapport aux gars avec qui j’ai évolué. Il y a toujours eu une saine concurrence mais avec le désir d’être devant eux. Et je dois reconnaître que cette année, Henrik Olsson (le demi-centre suédois d'IPHB) est bien au-dessus. Aujourd’hui, j’ai moins la niaque concernant l’émulation, donc c’est le moment d’arrêter.» L’avenir s’écrira inévitablement autour d’un 40x20 avec la volonté de transmettre aux générations futures toute l’expérience acquise. « Je me suis déjà occupé des moins de 15, des moins de 17 et j’ai même secondé Bastien Cismondo au centre de formation d’Istres. Je vise donc un poste d’entraîneur de centre de formation ou de coach adjoint d’une équipe pro. J’ai quelques pistes sérieuses mais rien n’est encore signé. » Guillaume n’en dira pas plus, si ce n’est que cela ne sera pas à Istres et sa proximité. 

Avenir immédiat

A deux points du 1er relégable, Istres devra préserver ses deux longueurs, du moins assurer ses arrières pour espérer se maintenir. Le prochain rendez-vous ce vendredi à domicile est l’ascension de l’Everest parisien. En attendant des occasions plus favorables. « Rien n’est définitif. C’est vrai qu’il nous reste des matches assez compliqués à disputer. La saison passée, on s’est sauvé en gagnant des matches à l’extérieur donc il faut y croire et tenter de prendre des points partout. » Dégagé de l’incertitude du lendemain, Guillaume Crépain est désormais focalisé sur les 16 matches que Istres devra disputer d’ici le 7 juin.

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