Attention quand même à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain comme on dit. Arriver pour la 22° fois dans un dernier carré en 30 années de compétition (depuis 1992), c’est tout simplement énorme et même si les deux dernières compétitions se sont finies à la fameuse place du c… il ne faut pas oublier que cette accession dans les derniers carrés est la jauge absolue d’une compétition réussie, surtout pour un Euro encore plus compliqué en terme d'adversité. Car derrière cela se joue quasi tout le temps sur des détails. Et avec une défaite d’un but face à la Suède et une prolongation, même mal gérée, pour la petite finale, on peut tout de même admettre que tout s’est joué sur ces fameux détails. Mais il ne faut pas non plus faire de l’angélisme ! Même si les Bleus ont dû faire sans Thimothé N’Guessan, Elohim Prandi, Nedim Remili et Luka Karabatic, ce qui fait quand même un quart d’une sélection de 16 joueurs, le constat qui saute au yeux, c’est que collectivement la France à sacrément manqué de liant collectif. Après, le talent individuel des joueurs, comme celui de Kentin Mahé ou Hugo Descat sur cette petite finale, a souvent permis de se sortir des ornières, mais plus on monte plus on atteint les limites de ce genre de fonctionnement. Si les Tricolores veulent retrouver les sommets absolus et ne pas faire partie des potentiels vainqueurs au milieu de la meute, mais des favoris affichés, il va falloir que leur jeu offensif prenne une grosse épaisseur collective. Trop souvent on a vu, et ce match face au Danemark l’a montré à maintes reprises, des joueurs perdus dans les intentions du partenaires ou hésitants dans les choix pris par l’autre. Cela passe par le travail, arriver à lier tous les talents afin qu’ils s’additionnent et non qu’ils s’empilent à la suite des uns des autres, voilà le défi du staff de Guillaume Gille dans les mois et les années à venir.
La jeunesse du groupe bleu sur cet Euro (26 ans de moyenne d’âge) doit permettre tout ça. Après revoir les Bleus surdominer le monde comme elle a su le faire entre 2006 et 2017, c’est sans doute trop demander. Cette décennie aura été tout simplement extraordinaire au sens littéral. Même si la génération 96-97 et celle qui suit 98-99 contient pléthore de talents, il ne faut pas envisager revoir les Français exercer une telle domination. Mais ce que l’on a vu sur cet Euro doit pourtant permettre de faire un peu mieux, un peu plus simple dans les choix offensifs pour ne pas connaître des trous d’airs fatidiques comme face à la Suède puis au Danemark. Partis sur des chapeaux de roues, protégés par un Vincent Gérard qui va atteindre les 65% d’arrêts au bout de 20 minutes, les Bleus vont buter sur leurs limites, incapables de profiter de leur performance défensive pour assommer un Danemark. Un Danemark qui devait quand même se priver de Mikkel Hansen, touché à la cheville en demi-finale, et très vite de Mathias Gidsel, touché à un genou au bout de quelques minutes de jeu. Laisser le Danemark espérer sur ce début de match aura été l’erreur fatale des Français pour cette course à la médaille de Bronze. Après, Jacob Holm va ressortir son show du match de poule, Magnus Landin monter en chauffe au fil des minutes au points de rejoindre Vincent Gérard au niveau s tatistiques, et même si tout ce que va proposer en attaquele groupe de Nikolai Jakobsen ne sera pas toujours flamboyant non plus, ce sera toujours un peu plus, un peu mieux ou un peu plus vite que ce que feront leurs adversaires français. Ajouté à cela une défense centrale de fer autour d’Henrik Mollgaard et Simon Hald, cela aura suffit pour monter sur le podium recevoir ce Bronze que les Bleus auront loupé d’un souffle.
Prochaine échéance le Mondial 2023 en Suède et en Pologne. Sa place dans les 4 premiers assure la France d’être de la partie, pas de qualification donc, ce sera déjà ça d’évité en termes de charge pour les joueurs. La Golden League étant enterrée, il faudra que la FFHB et le staff tricolore sache concocter un vrai programme pour pouvoir travailler et faire progresser le groupe. En espérant aussi que sa majesté COVID ne soit pas encore un, voire l’acteur principal, comme sur cet Euro Slovaquo-Hongrois déjà de sinistre mémoire sur le sujet.
A Budapest (HON), Budapest Multifunctional Arena
Le dimanche 30 janvier 2022 à 15h30
France - Danemark : 32 - 35 AP (Mi-temps : 14-13 - FT : 29-29)
10 021 spectateurs
Arbitres : MM Horacek Vaclav et Novotny Jiri (TCH)
Evolution du score : 4-3 5°, 8-5 10°, 10-7 15°, 12-10 20°, 13-12 25°, 14-13 MT - 17-16 35°, 19-22 40°, 23-23 45°, 26-25 50°, 28-28 55°,29-29 FTR - 30-32 65°, 32-35 70° AP.
Les réactions dans les rangs tricolores (recueillies par Hubert Guériau / FFHB)
Guillaume Gille : C’est une déception de ne pas arriver à concrétiser, à valider ce match, qui a été un grand match de handball. On peut être très fier de ce qu’on a réalisé, même s’il y a beaucoup de frustration de ne pas avoir eu cette maitrise dans les derniers instants. On aurait pu mieux négocier certains ballons. On est très déçu, mais aussi fier, car cela a été la compétition la plus compliquée que j’ai pu connaitre, en tant que coach ou en tant que joueur. Les conditions logistiques, les blessures, le COVID, on a eu tous les jours des soucis différents. Néanmoins, avec ce groupe, on a pris beaucoup de plaisir, on sent qu’il est sur la bonne voie. Quand on voit que les trois derniers matchs se jouent dans les derniers instants, cela prouve la difficulté de ramener une médaille de l’Euro. La médaille pour la quatrième place, c’est un peu la cerise sur le gâteau de cet Euro, où on nous aura tout fait subir en quinze jours. C’était le crash test tous les matins. On a eu des galères tous les jours, mais on a réussi à rester focus sur le handball. Tout ceci nous a demandé énormément d’adaptation en tant que staff. Cela fait de l’expérience, mais j’espère que tout cela restera unique dans ma carrière.
Kentin Mahé : Il y a beaucoup de tristesse et de déception, notamment par rapport à ceux qui n’ont jamais eu de médaille avec l’équipe de France. Ça aurait concrétisé tous les efforts qu’on a fait depuis le 26 décembre. En parlant de ça, je pense quand même que l’EHF va devoir revoir son protocole sanitaire. Je suis resté huit jours dans ma chambre, alors que mes valeurs étaient plus que limites. C’était compliqué pour moi, mais aussi pour les autres, car ils ne savent jamais avec qui ils vont jouer sur le terrain. Maintenant, on peut se dire que le groupe a quand même bien vécu, et qu’avec le retour de Luka et de Nédim, le futur peut être sympa. Mon isolement, ça a été des hauts et des bas, y’avait parfois où j’étais très bien et où je faisais du cardio, du gainage, histoire de rester dedans. Et certains jours, j’étais prêt à tout casser, j’étais vraiment en détresse, à la limite de la crise. J’ai appelé mes proches qui ont été super importants pour me garder dans le droit chemin.
Le diaporama du match par Icon Sport - FFHB