Si un peu plus tôt dans la journée, la Croatie en s’imposant d’une tête (22-23) face à l’Islande avait rendu un grand service aux Français, il ne fallait certainement pas imaginer Valentin Porte et ses partenaires, déjà absous de leur contreperformance de samedi face aux Nordiques et se sentir déjà candidat aux demi-finales. D’autant que si Karl Konan et Ludo Fabregas faisaient leur retour dans l’effectif, Kentin Mahé (encore touché par la Covid) et désormais Dylan Nahi (grippé) manquaient à l’appel. Et puis le Monténégro n'était pas un obstacle négligeable à franchir. Au coup d’envoi, les joueurs des Balkans conservaient leurs chances d’entrevoir une qualification. Avec l‘obligation de battre les Français et d’enchaîner de la même façon, dans deux jours face aux Islandais.
Il faudra dix bonnes minutes aux hommes d’Erick Mathé, toujours sur le pont en attendant le retour de Guillaume Gille, pour prendre la mesure de leur adversaire. Avec déjà en face, un gardien, Nebosja Simic aux avant-postes et en réussite face aux tentatives tricolores. Dans cette entame, le jeu va s'accélérer et les Bleus parfaitement gérer une infériorité numérique bien conclue par Yanis Lenne. L’ailier montpelliérain sera tout aussi bien inspiré pour valider un break plus évident (+3). Dans le trafic, Nikola Karabatic s’était retrouvé à terre. Les deux arbitres suédois vont réclamer la vidéo et Vasko Sevaljevic sera démasqué. Carton rouge pour l’arrière de Saran, coupable d’avoir touché le visage de l’aîné des frangins. La France aurait pu s’envoler, profiter de ce léger flottement dans les rangs monténégrins et pourquoi pas, au quart d’heure, tuer tout suspens. Mais Simic était encore vigilant dans ses cages. C’est d’ailleurs après un duel gagné face à Nikola Karabatic que le portier de Melsungen va effectuer une longue relance en direction de son ailier Milos Vujovic. Vincent Gérard qui avait anticipé loin de son périmètre, va effleurer le joueur de Berlin. Direction une nouvelle fois vers le banc vidéo pour les arbitres et rouge pour le gardien des Bleus ! Le Monténégro va profiter de deux ballons perdus pour refaire son retard (11-11 à la 21ème). Le temps pour Wesley Pardin de se mettre en confiance et lire les intentions adverses mais surtout pour ses francs-tireurs de trouver la bonne distance pour punir Simic (12-16 à la pause).
Le gardien du Monténégro sera à l’image de ses joueurs de champ en début de seconde période. Sur le déclin. La lucidité en attaque et les impacts vont faire défaut et les Français bien soudés en défense avec Karl Konan déterminé et mobile comme jamais, vont gratter un peu plus de ballons. C’était devenu soudain plus facile avec un jeu de transition parfaitement maîtrisé. Concrétisation au tableau d’affichage avec dix longueurs d’avance à moins d’un quart d’heure du terme. Les Tricolores profitaient des boulevards laissés par leur vis-à-vis. Erick Mathé utilisait toute la profondeur de son banc et l’écart ne faiblira pas jusqu’au buzzer final (27-36). Le prochain match face au Danemark, dans deux jours, était déjà dans toutes les têtes. « Je suis content de la capacité de réaction des joueurs, se satisfait le coach tricolore au micro de BeIn Sports. Même s’il fallait checker leur état de forme, l’apport de Ludo Fabrégas et de Karl Konan nous a fait du bien dans la solidité défensive et c’est sûr que l’image produite ce soir contraste avec celle d’avant hier. Il y a ce match mercredi, un quart de finale pour ainsi dire avec une grosse différence, c’est que même en cas de défaite, le Danemark n’est pas éliminé de la compétition, c’est peut-être un élément avantageux pour nous. » C’est également un des temps forts de la journée, après son galop d’entraînement face à des Néerlandais décimés (35-23) le Danemark est la 1ère équipe à obtenir son pass pour les demies.
Le retour de la France sur les rails va poser un sérieux cas de conscience à Nikolaj Jacobsen, l’entraîneur danois. Quelle attitude adopter mercredi ? Evoluer à effectif complet pour tenter de battre les Bleus et écarter un rival sérieux du carré final et potentiellement du titre européen ou alors, laisser au repos des joueurs qui jusque-là ont été beaucoup sollicités ? On peut penser au gardien Niklas Landin ou au gaucher Mathias Gidsel utilisés plus de 3h depuis le début de la compétition ou même à Mikkel Hansen, meilleur artificier de l’équipe avec 40 buts et qui a payé de sa personne. Ce qui ne signifie pas que ceux qui auront un peu plus de temps de jeu qu’à l’accoutumée, évolueront un ton en dessous et laisseront les Tricolores manœuvrer à leur guise.
Avant d'honorer leur ultime rendez-vous du tour principal, les Bleus auront jeté un oeil sur le résultat de Monténégro - Islande (15h30). Si les joueurs des Balkans avaient la bonne idée de battre les Islandais ou d'arracher le nul, le match face aux Danois n'aurait plus d'intérêt comptable si ce n'est pour déterminer le classement en tête du groupe 1. Les champions olympiques et les champions du Monde en titre seraient qualifiés en demies.
Les supporters français plus motivés que jamais. Avant d'entrer dans le Dôme de Budapest et à la sortie !
Tour Principal Euro 2022, lundi 24 janvier 20h30
Budapest Multifunctional Arena, Budapest (Hongrie)
MONTENEGRO - FRANCE 27 - 36 (mi-temps: 12-16)
Arbitres: Mirza Kurtagic & Mattias Wetterwik (Suède)
Evolution du score: 4-4 (5) 6-7 (10) 8-10 (15) 10-11 (20) 11-12 (25) 12-16 (MT) 14-19 (35) 18-25 (40) 19-29 (45) 22-32 (50) 24-34 (55) 27-36 (FIN)
Les réactions du côté des joueurs.... (recueillies par Hubert Guériau / FFHB)
Yanis Lenne (ALD) : On savait que ce match, c’était presque un huitième de finale face à une équipe capable de nous accrocher. Le Monténégro a eu de très bons résultats dans les rencontres précédentes et on était très méfiant. On a su garder notre calme en début de match, être patient. J’ai senti tout le monde un peu tendu en début de rencontre, mais on s’est vite mis dans le bon sens. Il faut dire que le retour de Karl et de Ludo derrière nous fait du bien, ça nous apporte de la sérénité et ça nous a permis de récupérer un paquet de ballons. Wesley fait aussi un gros match.
Wesley Pardin (GRD) : Je m’étais préparé pour jouer, et dès que j’ai vu que les arbitres sont allés vers la vidéo, je me suis remis dans le bain. Évidemment, un carton rouge, ce n’est jamais prévu. Mais je suis là pour aider Vincent, et c’est exactement ce type de situation que j’ai en tête quand je dis ça. Mon premier arrêt me met bien dans le match, je prends confiance, y’avait pas mieux. Il fallait après rester concentré pour aider l’équipe, surtout ne pas faire n’importe quoi. Il y a encore des choses à améliorer, je prends quelques buts qui m’énervent, mais je suis satisfait d’avoir pu aider les copains.
Ludovic Fabregas (PVT) : Encore ce matin, je n’étais pas au top, même si là, ça va un peu mieux. Ce matin, j’ai fait un test physique pour voir si je pouvais tenir ma place, les sensations étaient plutôt bonnes, même si ce n’était pas ma meilleure séance, loin de là. Sur le terrain, je me suis senti bien. Je savais quand j’allais entrer, on s’était mis d’accord avec les coachs. Le retour de Karl a un peu modifié les plans, mais dans le bon sens, finalement. Forcément, quand on joue une équipe comme le Monténégro, qui ne met pas un gros, gros rythme, c’est plus simple pour revenir. Si ça avait été les Pays-Bas, ça aurait été plus compliqué. Le résultat de l’Islande nous a donné un surplus de motivation, on sait maintenant que jouer le Danemark, ça ne sera pas simple.
Le diaporama du match par Icon Sport - FFHB