A 5-0, après cinq minutes au tableau d’affichage, d’aucuns pensaient que les Français allaient s’offrir une partie sans souffrir, une confrontation en roue libre face à un adversaire néerlandais qui avait étonné durant le 1er tour mais qui allait tôt ou tard, passer à la caisse pour tous les efforts consentis. Le jeu ultra rapide que Luc Steins et ses partenaires avaient proposé jusqu’à cette 4ème rencontre, était énergivore et obligatoirement, la dimension physique allait tourner à l’avantage des Bleus.
Sauf que, sans s’affoler, les Pays Bas ont grignoté peu à peu leur retard et ont surtout profité des erreurs et approximations de leur adversaire. Le changement défensif en 1-5 a été un choix très judicieux et les Français se sont pris les pieds dans le tapis. Rien n’a fonctionné, les "Oranje" se sont retrouvés en situation de développer ce qui constituait leur principal atout, le jeu rapide avec souvent à la finition, Smits, Janssen, Baijens ou Ten Velde. En fait, ce que les Tricolores avaient construit en entame de match, était parti en fumée, ils s’étaient souvent retrouvé en infériorité numérique, n’arrivaient plus à s’organiser et leurs intentions n’étaient pas franches. A l’image de Dika Mem, efficace lors des matches du tour préliminaire qui là, va essuyer trois échecs consécutifs au tir ou mal assurer sa passe, erreur aussitôt exploitée par Smits. La montée de balle du gaucher de Magdebourg et sa concrétisation vont permettre d'obtenir l'égalisation (12-12 à la 23ème). Après deux échecs de Lagarde et Fabregas sur le gardien Ravensbergen, les Néerlandais vont avoir l’occasion de prendre les commandes, sans résultat. Entre temps, Aymeric Minne avait pris la place de Kentin Mahé sur la base arrière et alors que les Bleus cherchaient à inscrire un but depuis dix minutes, le Nantais va dénouer par deux fois la situation. La France avait remis de la distance à la pause (+3) et n’avait finalement encaissé que 12 buts. En l’absence de Karl Konan, les associations en défense avaient plutôt bien fonctionné. « Il y a des périodes où on prend trop de buts mais c’est souvent lié à notre production en attaque, analyse Guillaume Gille au micro de BeIn Sports. C’est vrai que lorsqu’au début, on est sur une phase plutôt dominante, on rate des situations qui nous sont favorables et on commence à tergiverser dans nos mouvements. On perd des ballons et les Hollandais se sont retrouvés maîtres sur grand espace. » L’avantage avec l’équipe de France, c’est que le huis clos du vestiaire à la mi-temps est productif et à resserrer les boulons et modifier ce qui n’a pas fonctionné.
Traduction immédiate au retour des vestiaires où la défense très haute imposée par les Bleus va empêcher l'adversaire d’avancer et surtout couper la transmission. Aymeric Minne allait surfer sur la vague qu’il avait prise en fin de 1er acte. Toujours dans un rôle de buteur mais également de distributeur. Autre bonne nouvelle, le retour en grâce ou plutôt en confiance de Melvyn Richardson. Effacé depuis le début de la compétition, le Barcelonais a retrouvé des sensations et surtout la justesse de son bras gauche. Il a grandement participé à l’opération "dynamitage" que les Français ont amorcé dès le début de cette 2ème mi-temps. Les Pays Bas ont multiplié les pertes de balle et les tirs ratés. A contrario, Valentin Porte et ses partenaires ont pu développer leurs mouvements et d’un coup tout a semblé facile. Impression rehaussée par l’omniprésence d’Aymeric Minne. Avec 8 réalisations (sur 10 tentatives) à son actif, le Nantais aurait pu être désigné homme du match mais Vincent Gérard lui a volé la vedette pour décrocher cette distinction symbolique. Le gardien du PSG a une nouvelle fois tenu la baraque et rassuré ses coéquipiers quand l’adversaire était menaçant. Treize arrêts à 39%, ce n’est pas étonnant de le voir caracoler en tête des portiers de cet Euro !
La France poursuit sa route avec une 4ème victoire de rang (34-24), elle a fait la différence avec ses rotations et ses joueurs qui à l’usure, ont pris physiquement le pas sur des Néerlandais, généreux, volontaires mais qui n’ont pas tenu le rythme imposé.
Prochaine confrontation : l’Islande, samedi à 18h00. Un adversaire d’ores et déjà décimé par la Covid puisque les arrières gauches Aron Palmarsson, Elvar Örn Jónsson et le Montpelliérain Ólafur Andrés Gudmundsson, l’ailier gauche Bjarki Mar Elisson, le demi centre Gisli Kristjansson, le gardien Björgvin Páll Gústavsson ont été placés à l’isolement après avoir été déclarés positifs après un test PCR. On va finir par croire que c’est l’équipe qui saura passer entre les gouttes de la Covid qui sera en mesure d’arriver sans trop de problème dans le carré final et être en position de forcer pour gagner cet Euro !
Tour Principal Euro 2022, jeudi 20 janvier 18h00
Budapest Multifunctional Arena, Budapest (Hongrie)
FRANCE - PAYS BAS 34 - 24 (mi-temps: 15-12)
Arbitres: Robert
Schulze & Tobias Tonnies (Allemagne)
Evolution du score: 5-0 (5) 7-4 (10) 10-7 (15) 12-10 (20) 12-12 (25) 15-12 (MT) 19-12 (35) 21-16 (40) 25-18 (45) 28-19 (50) 33-21 (55) 34-24 (FIN)
Les réactions du côté des joueurs.... (recueillies par Hubert Guériau / FFHB)
Ludovic Fabregas : Quand on est devant au score, il y a peut-être un peu de fatigue, d’autant que c’était un match où les eux équipes ont cherché un max de rythme. A la mi-temps, on a parlé, on a bien appliqué les consignes et on a réussi à changer le cours des choses. Karl avait beaucoup de responsabilités, mais même sans lui, il y a beaucoup de choses positives. Thibaut (Briet) a défendu en 3 avec beaucoup d’envie, peut-être trop. On sait qu’on aura besoin de tout le monde de toute façon, car la compétition va être très longue.
Aymeric Minne : Je me suis senti bien, j’ai essayé de répondre présent. Mais c’est forcément plus facile de jouer avec des joueurs de ce calibre. J’ai mis huit buts, je suis très content de ma prestation, mais il faut aussi préciser que c’est un match qu’on gagne de dix. J’ai essayé d’être relâché, de prendre de la confiance pour les prochaines grosses échéances qui nous attendent. J’ai vraiment essayé de ne pas forcer, de trouver les bonnes solutions. Vraiment, ce genre de match donne beaucoup de confiance, collectivement et individuellement, pour la suite de la compétition.
Le diaporama du match par Icon Sport - FFHB