A la mi-temps de Paris 92 – Brest, un QCM a distrait le gros millier de spectateurs du Palais des Sports d'Issy-les-Moulineaux. Première question : « Quel est le nombre de médaillées au championnat du monde présentes dans les deux équipes ? » « Attention, il y a un piège », précise l'animateur à la veste dorée à paillettes. En l'espèce, celui de se fier stricto sensu à la feuille de match. Positives au Covid-19, Alicia Toublanc et Sandra Toft, respectivement argentée et bronzée en Espagne, étaient forfaits. Contrairement à ses quatre coéquipières du BBH (Darleux, Foppa, C. Lassource, Niakaté), ainsi qu'aux Parisiennes Laura Flippes et Catherine Gabriel, l'ailière droit bretonne n'a pas eu droit à son bouquet, remis vite fait à deux minutes du coup d'envoi. Il fallait donc répondre C, huit joueuses.
Qu'on le dise ou non avec des fleurs, un doux parfum de Granollers flottait encore sur le périphérique, ce deuxième mercredi de janvier et de championnat. Les prestations de certaines Bleues étaient dignes d'il y a un mois. Foppa, meilleure pivot du Mondial, s'est comportée comme telle. Buteuse à huit reprises (une unité de moins que Nadia Offendal côté francilien), elle a été efficace en toutes circonstances : à six mètres évidemment, sur une seconde chance, en engagement rapide, sur une balle de contre-attaque volée à Niombla (13e), etc. Magistrale en première mi-temps, Darleux a contribué à donner jusqu'à sept longueurs d'avance (9-16, 25e) au BBH. Par ses onze arrêts de la demi-heure (à 46 %), quelques relances valant passes décisives. Plus en retrait par rapport au mercredi de rentrée (6/8 contre Chambray), Coralie Lassource, capitaine dans le Finistère et en sélection, a glissé arrière gauche afin de sceller le succès (28-32) des championnes de France.
Temps de jeu maximal pour Laura Flippes
Le faisceau d'indices sous-entend que les vice-championnes du monde sont revenues dans leurs clubs moins rincées qu'aux lendemains du sacre olympique, l'été dernier. « Physiquement et mentalement, je vais bien », affirme Laura Flippes, montée sur les deux podiums internationaux l'an passé. « Le début de saison n'a pas été évident, j'ai eu quelques pépins physiques (dont une entorse de la cheville gauche lors de France – Slovénie, le 5 décembre). Depuis, ça va très bien. J'ai eu deux semaines pour souffler, passer les fêtes en famille » en Alsace. Les batteries rechargées, économisées par la force des choses la semaine dernière (report du déplacement parisien à Bourg-de-Péage), la gauchère a eu le temps de jeu le plus élevé de toutes les actrices (près de 57 minutes). Elle l'a employé à redresser Paris en début de seconde mi-temps (15-17, 34e), mais son entreprise a été souvent contrariée par Darleux (4/8 au tir). En particulier sur la montée de balle qui pouvait ramener la troupe de Yacine Messaoudi à -1 (40e).
Si elle l'a éreintée dans certains duels en sa faveur (33e, 43e), Kalidiatou Niakaté (notre photo de tête) rejoint sa camarade d'équipe nationale sur la façon d'aborder le retour à la vie quotidienne. « Le club a laissé exprès deux semaines (de repos) aux internationales. On a eu une première partie de saison compliquée, très intense. Ca nous a fait du bien. J'ai coupé les trois premiers jours, puis me suis remis directement à la préparation physique. Je me suis maintenue en forme, car le club compte sur moi », indique l'arrière gauche brestoise, remplacée par Orlane Kanor pendant le tour principal du Mondial. L'enjeu du duel des poursuivantes (Brest et Paris étaient 3e et 4e au coup d'envoi) était aussi stimulant, surtout après la pause (6/9). « Si on gagnait ce match, on serait dans une bonne position. On a tout donné, on est vraiment contentes de l'avoir emporté. Ca nous rassure. »