On ne dira pas qu’au niveau qualité du jeu, ce match des Françaises restera dans le Panthéon des grands matches, mais question envie, don de soi et refus de s’avouer vaincues, les Françaises ont dépassé tout entendement. Car menées plusieurs fois de 4 buts, ne vivant que d’expédients en attaque à cause des pertes de balles et des échecs au tir en première période. A la limite encore une fois au bord de la rupture au bout de 10 minutes en seconde période alors que la 6-0 ne posait plus aucun problème aux Danoises, le passage en 5-1 et une révolution dans les têtes, vont totalement changer la physionomie de ce match sur le dernier quart d’heure.
Jusque là on assistait à une démonstration de force des protégées de Jesper Jensen. Kristina Jorgensen était au-dessus dans la gestion et les prises d’initiatives en attaque. Line Haugsted enfonçait le clou sur chaque fin de montée de balle avec sa puissance d’engagement et de shoot en martyrisant le repli tricolore. Si on ajoutait à cela des balles perdues à la pelle, des tirs simples et ouverts loupés face à une Althéa Reinhardt pourtant secouée par un tir pleine face d’Alicia Toublanc en début de match. Il fallait un quasi-miracle pour que la France ne se sorte de cette première période avec juste 2 buts de retard, ou plutôt une addition de miracles dont le dernier avec cet arrêt de Laura Glauser sur un jet de 7 mètres de Simone Petersen. Bref, pour rester optimiste après ces 30 premières minutes il fallait avoir un moral bien chevillé au corps, même si les Bleues nous avaient habitués à des secondes périodes beaucoup plus consistantes que les premières dans ce Mondial. Le curseur « optimisme » en prenait encore un petit coup derrière la tête quand après une entame un peu plus dynamique, les Françaises retombaient dans leurs errements aux tirs et ne trouvaient quasi plus de solutions pour stopper la déferlante rouge et blanche. Encore une fois le Danemark prenait 4 buts d’avance et ce fameux 14-18 cher à François Xavier Houlet était signé Anne Mette Hansen sur un 7 mètres. Mais si ce score signe quasi systématiquement la victoire du match chez les masculins pour l’équipe à 18, chez les féminines, c’est beaucoup moins définitif. Car les Françaises avaient encore un joker dans leur manche, bien caché depuis le début du Mondial, Olivier Krumbholz sortait la 5-1 de son chapeau magique et le Danoises plongeaient complètement dans le piège tendu.
Incapables de passer outre cette dissuasion permanente que constituait Estelle Nze Minko, en échec sur les extérieurs dans leurs shoots face à une Cléopâtre Darleux royale sur ces tirs de l’aile. Ne trouvant plus les bonnes courses pour se lancer, la base arrière danoise commençait à douter et surtout se mettait elle aussi à perdre des ballons à la pelle. Cela aurait dû signer le retour vitesse grand V des Bleues et une fin de match presque tranquille après tant d’hésitations. Mais encore une fois, la qualité de shoot allait redevenir le cauchemar bleu. Alors qu’Althéa Reinhart n’était plus décisive, le coach danois lançait Sandra Toft qui de suite se rappelait au bon souvenir français. Un 7 mètres, une double parade à 6 mètres, et un tir facilement géré à 9 mètres, la Brestoise relançait totalement les actions de son équipe et les Bleus n’arrivaient pas à faire basculer la donne. Heureusement, de l’autre coté du terrain, Cléopâtre Darleux était tout autant décisive et le match cherchait encore son maître. Ce maître sera finalement français avec en exécutrices des espoirs une nouvelle fois massacrés du Danemark par la France vont être les coéquipières de Sandra Toft au BBH. Alicia Toublanc par deux fois sans trembler sur son aile dont le dernier sur un angle restreint pour un shoot quasi sublime et Pauletta Foppa, qui avait fini par prendre le meilleur sur la défense danoise sur cette fin de match, vont renvoyer le Danemark jouer le bronze alors qu’elles seront de la grande finale dimanche une nouvelle fois.
Cette constance qu’avait su atteindre les Bleus entre 2006 et 2017, les Bleues l’ont depuis maintenant presque 10 ans ! Comme quoi les bonnes recettes peuvent se transmettre. Mais surtout sortent d’un état d’esprit qui force le respect total ! Combien d’équipes auraient su se sortir d’une domination adverse aussi énorme pendant 40 minutes et renaître pour coiffer tout le monde au poteau. Quoi qu’il arrive, ces filles méritent un respect énorme pour leur refus total de la défaite. On espère que dimanche elles sauront encore monter leur niveau sur ce point-là ! Et alors, que l’on soit norvégiennes ou espagnoles, on n’aimerait pas être à leur place.
A Granollers (ESP), Palau d'Esports de Granollers
Le vendredi 17 décembre 2021 à 17h30
France - Danemark : 23 - 22 (Mi-temps : 10-12)
3 150 spectateurs
Arbitres : MM Alvarez Javier et Bustamante Ion (ESP)
Evolution du score : 1-1 5°, 2-5 10°, 4-8 15°, 7-10 20°, 9-11 25°, 10-12 MT - 13-16 35°, 14-18 40°, 15-18 45°, 20-20 50°, 21-21 55°, 23-22 FT.
Les réactions (Avec le concours du service de presse de la FFHB)
Olivier Krumbholz : " Il a fallu aller le chercher celui-là. Il a fallu patienter, s'accrocher quand on n'a pas été bon, éviter de les laisser partir sur un score qui n'aurait pas été rattrapable. La défense 1-5 a parfaitement fonctionné, des fois il ne faut pas la lancer trop tôt, l'adversaire, après une première phase en crise, trouve ensuite des solutions. Je pense qu'on l'a lancée au bon moment, on a été brillants sur la défense à ce moment-là. Tout le monde a été brillant sur la défense, on pense particulièrement à Estelle (Nze Minko), mais il faut une colonne centrale dans ce type de défense, une grande gardienne, une grande défenseure au milieu, puis la voltigeuse, qui les a fait douter en permanence. On a retrouvé un peu de confiance en attaque, sur la fin du match. On a réussi à servir Pauletta qui s'est fait matraquer pendant 60 minutes sans que les arbitres ne lèvent le petit doigt. Mais on a réussi à le gagner. Que c'est beau, que c'est satisfaisant, que c'est génial. On a perdu beaucoup de ballons, on s'est fait piquer des ballons dans le drible, en fin de montée de balle que l'on a pris en contre-attaque immédiatement. Il nous a manqué de la lucidité peut-être parce qu'il nous a manqué un peu de jus aussi. On était un peu moins puissant et rapide que d'habitude."
Cléopâtre Darleux : " C’est fou. Je n’y crois pas trop car on a été dans la difficulté tout le match, surtout en attaque. On pensait que les Danoises allaient faire plus d’erreurs que ça en défense. En plus, elles étaient vraiment dures à attaquer. Sur les tirs qu’on a pris, les gardiennes ont fait des arrêts exceptionnels. C’était vraiment dur mentalement. Mais on y a cru tout le match. Chaque but que je prenais, je me disais : next (au suivant). Next, next, next, next… J’ai dit aux filles de laisser plutôt les ailières tirer. Et après j’étais en réussite. Il fallait que je sois là. J’ai essayé de ne vraiment pas bouger jusqu’au dernier moment et sur les derniers ballons, là je savais qu’elles iraient dans leurs préférentiels et j’y suis allée à fond. Il y avait un certain calme car on se disait qu’on pouvait revenir. On travaille mentalement. On s’est dit que ça ne servait à rien de s’affoler, qu’il faut toujours avoir les idées claires pour voir tout ce qui se passe. Et sur la fin de match on a été bien lucides. Dans ces matchs-là il y a de l’excitation. Quand on galère et qu’on revient, c’est exceptionnel."
Le diaporama du match par Daniel Vaquero