Ce que fait l’équipe de France dans ce Mondial est assez extraordinaire, on sait que beaucoup préfère le jeu offensif, les grandes envolées et des scores gonflés comme des ballons de baudruches. Mais voir les Bleues élever la science de la défense à ce niveau, c’est tout autant admirable. Voir comment la Suède y a perdu son handball, sa force de percussion, sa fluidité de passe, même en jouant à 7 pendant plus de 20 minutes, c’est assez extraordinaire. Ce jeu à 7 suédois avait mis tout le monde dans le dur, la Norvège, les Pays-Bas y compris… Face au Bleues ce fut un chant du cygne nordique, quasiment autant de buts marqués par la France dans le but vide que de buts encaissés. Et comme en attaque placée les Françaises ont montrés que même à 6, elles savaient produire de vraies belles choses et mettre dans le vent tout un bloc, aussi solide soit-il, la seconde période aura été un long clavaire pour la splendeur supposée de la Suède. Et dire que tout cela se fait avec deux gardiennes à 16% d’arrêts et 23% pour Cléopâtre Darleux sur ces 30 dernières minutes. Preuve que c’est bien la force défensive collective de la France qui a plané sur cette rencontre.
Bien sûr on peut renvoyer à tout cela toutes les difficultés rencontrées en première période. Des difficultés qui ont un nom… 7 immanquables flagrants, ces fameux buts tout faits qui ne le sont en fait jamais. Avec un peu de réussite ou de réalisme, les Françaises auraient commencé leur show dès la première période. Car avec encore une fois, une Laura Flippes dynamiteuse de l’attaque qui met tout le monde dans le bon tempo. Une Grâce Zaadi qui devient de match en match une gestionnaire de jeu tout simplement hors normes de part sa lucidité sur les passes à faire, les options à choisir ou les mouvements à initier. Mais autour d’elles tout le monde aura apporté son écot et parfois de manière très brillante. Océane Sercien Ugolin a peut-être oublié tous ses tracas de début de compétition ! Très tranchante offensivement, elle a trouvé de très jolies solutions sur le jeu en continuité et a porté le danger sur un côté droit qui devient l’arme absolue de l’équipe de France depuis quelques temps. Parce qu’à coté d’elle, Alicia Toublanc continue à gravir les échelons 4 à 4. Alors que comme Lucie Granier sa comparse, c’est sa première compétition officielle avec les Bleues, la Brestoise est d’une solidité qui impressionne. Les échecs inhérents à son poste ne la troublent pas, sa percussion sur jeu rapide est tout aussi impressionnante que le duo Chloé Bouquet – Coralie Lassource à gauche pourtant à un sacré niveau ce soir. Et défensivement, il suffit de demander à Olivia Mellegard combien elle a vu d’espace pour aller shooter pour comprendre que jouer ailière gauche face à Alicia Toublanc ressemble à un petit cauchemar.
Mais si on devait ériger un début de stèle à des joueuses après ce match, à l’évidence, le duo Béatrice Edwige - Alisson Pineau. Ces deux-là ont fait exploser le jeu en supériorité initié par Thomas Axner. Arriver à mettre un tel volume alors que l’on joue à une de moins a été un régal pour les yeux des aficionados tricolores et un vrai cauchemar pour ceux des Jaunes et Bleues. Repoussant sans cesse la base arrière adverse, elles ont coupé les pivots de leurs sources d’approvisionnement et les Jamina Roberts ou Carine Stromberg n’ont jamais pu peser vraiment sur le jeu. Bref, hormis de jolis coups de chauds de Jessica Ryde dans les buts de la Suède, les Tricolores auront plané sur cette rencontre et même si par moment, il y a pu avoir un petit d’inquiétude sur deux ou trois rush adverses, rapidement, les Françaises ont su en remettre une belle couche en attaque pour repousser tranquillement cette Suède qui doit en avoir assez de perdre contre la France.
Maintenant, place à ce fameux dernier carré. Celui qui valide une très belle compétition, quoi qu’il arrive après, car on sait que sur les deux matches à venir, tout se jouera sur des détails, des coups de chance ou de malchance. Une joueuse qui sort de sa zone habituelle pour changer la face de ces matches sous haute tension ou une option tactique payante sur quelques attaques ou défenses qui changent la donne. Bref, des 4, le Danemark, l’Espagne, la France et la Norvège, bien malin celui qui peut donner le vainqueur final ou celui qui finira avec rien autour du cou. La prochaine bataille se jouera vendredi face au Danemark, celle-là à la prix d’une finale donc d’une médaille.
A Granollers (ESP), Palau d'Esports de Granollers
Le mercredi 15 décembre 2021 à 20h30
France - Suède : 31 - 26 (Mi-temps : 15-15)
1 000 spectateurs
Arbitres : MMES Alpaidze Viktoriia et Berezkina Tatiana (RUS)
Evolution du score : 1-2 5°, 5-4 10°, 7-7 15°, 9-10 20°, 12-12 25°, 15-15 MT - 19-17 35°, 23-18 40°, 25-21 45°, 27-24 50°, 29-25 55°, 31-26 FT.
Les réactions (Avec le concours du service de presse de la FFHB)
Olivier Krumbholz : " C'était super. C'était un gros match, comme tous les matches contre la Suède. Il a fallu patienter un petit peu, mais la première mi-temps était pas mal du tout. Après, la puissance physique, la défense française nous a permis de faire l'écart. Ensuite, elles ont joué à sept. Voilà, c'est le nouveau gadget du handball mondial. Elles nous ont fait souffrir, mais pas suffisamment pour inverser le score. La défense a été héroïque, donc il y a tout lieu d'être content, satisfait, heureux. On accède aux demi-finales, ça veut dire un week-end de handball ici et en France. Le devoir est accompli, et plus si affinités. On est resté calme et stable. On était un peu déçu de prendre ce dernier but en fin de première période. Mais ça reste anecdotique, et on a très bien géré ce début de seconde mi-temps. Ensuite, c'était difficile pour elles de revenir, parce que l'on n’a rien lâché. Quand l'équipe de France mène, elle ne se relâche pas."
Grace Zaadi Deuna : " J’ai l’impression que nous étions un peu crispées en première mi-temps puis en seconde on a réussi à défiler. Ce qui nous a donné la force, c’est notre défense et toute notre confiance qui ont permis de monter des ballons. À titre individuel, je me suis sentie sereine, en confiance et vraiment puissante. J’ai senti qu’on les impactait mentalement. Du coup, en attaque on a contribué à jouer, on avait le bras assez relâché avec des bonnes rentrées, comme celle d’Orlane. J’ai été agréablement surprise. C’est très agréable d’avoir pu disputer une telle 2e période car depuis le début de la compétition, c’est notre mi-temps la plus aboutie et la plus qualitative même si elle n’était pas parfaite."
Béatrice Edwige : " A la 39e minute, je crois qu’on mène de +3 ou de +4 et je me dis que ça va être dur à tenir, faut que le temps passe vite. Au bout du compte, tranquille. Cléo (Darleux) fait des arrêts, on récupère des ballons à 7 contre 6. On est bien. Les filles en attaque jouent bien. Pour être totalement honnête, j’avais un très mauvais pressentiment sur le match, autant sur Orlane (Kanor), je sentais que le peu de minutes qu’elles aurait, ce serait hyper convaincant. Au bout du compte, je crois qu’elle met un but et une passe décisive, cela fait beaucoup de bien. Donc au final, avoir ce type de 2e mi-temps, c’est plutôt cool. Franchement, face à la Suède, je ne vais pas m’en plaindre. Nous avons été très sereines en défense même à 6 contre 7. On a tenté de gratter des ballons et parfois on est passé tout près mais derrière cela fonctionnait tellement bien derrière qu’elles ne trouvaient pas de solutions. En attaque les filles ont été géniales, cela a joué propre, cela a libéré des ballons, cela a enchaîné. Franchement cette équipe de France fait plaisir à voir. Je suis très fière de faire partie de cette équipe. Nous avons bien réussi à contrer Blohm et Roberts aussi, cela me fait bien plaisir."
Le diaporama du match par Daniel Vaquero