Avant d’entrer dans le grand bain et surtout de disputer ce quart de finale couperet face à la Suède, la prestation des Bleues face à la Russie a le don de sacrément rassurer sur bien des points. Défensivement, pas la peine de trop se faire de soucis, et même si dans ce match, les Bleues ont encaissé 28 buts, cela tient la route et sacrément bien. Le nombre de fois où les Russes se sont retrouvées en train de tourner autour du bloc adverse avec des courses en crabes, quand ce n’était pas vers l’arrière, prouve que sur le demi-terrain, en place, pas grand monde à la capacité de faire peur à ce bloc tricolore. On n’a même pas eu besoin d’un show de Laura Glauser ou Cléopâtre Darleux, et on ne va pas leur en vouloir ! A elles deux, elles ont déjà sauvé tant de situations complexes pour la France depuis le début de ce Mondial que l’on peut leur accorder un peu de répit. Enfin pour ce qui est des parades, parce question relances, là on a été dans du soyeux voire du sublime avec les 4 offrandes de Cléopâtre Darleux, 3 fois pour Chloé Bouquet dont 2 sorties d’un autre monde, et une sur Alicia Toublanc. Des relances comme cela, ça fait se lever le public tout entier tellement c’est impressionnant mais surtout relève de l’exploit technique absolu.
Pas besoin, donc, d’une grosse prestation de gardienne, tout simplement parce que leurs coéquipières ont pris les choses dans le bon sens ! Il aura quand même fallu un petit quart d’heure pour que tout le monde se libère, notamment au shoot… Face à Anastasia Lagina, elles ont commencé par piocher et se planter sur ses parades. Mais peu à peu, tout le monde s’est libéré, emmené par la volonté de jouer d’une Laura Flippes qui n’aura joué que 17 minutes, mais qui aura montré dans ce laps de temps combien elle avait manqué pour le dynamisme de ses coéquipières en attaque. Une fois ce moment de stress évacué, la France va prendre les choses en main et globalement on ne va plus voir les Russes. Bien sur les Managarova, Sabirova et autre Skorobogatchenko vont par moment faire de très belles choses. Mais avec des pivots bien trop tendres pour une Béatrice Edwige encore reine du contre et du bloc central ou Alisson Pineau, régénérée et rajeunie dans ce Mondial au point de revenir prendre son dû en attaque de très belle façon en première période. Avec le vide criard qu’a laissé Daria Dmtrieva en demi-centre et bien sur l’absence de celle qui fait peur à tout le monde avec son mètre 68, une certaine Ana Vyakhireva qui est en train de s’occuper de son jardin pendant que la jeune garde russe subit les pires tourments face aux Bleues. Avec tout cela en moins, la Russie n’a pas de certitudes et les Tricolores se sont chargées de faire exploser les quelques petits brins qui avaient pu naître au fil des matches depuis le début de ce Mondial.
Une petite démonstration de jeu dans trop de domaines, même au shoot de loin , les Françaises ont dominé les Russes. Annoncer cela en début de match valait un sacrée côte quand même ! Au final 5/11 coté France, 4/16 coté Russie, jeu set et match pour la France. Parce que sur le reste, en pivot notamment, il n’y a pas eu trop photo ! Pauletta Foppa a mis tout le bloc russe sens-dessus-dessous, trop vite, trop fort, trop technique, un one women show dont se souviendront ses gardes du corps… Dommage que la paire espagnole n’ait pas eu la lucidité de la protéger un peu plus (CF quelques photos ci-dessous…) , mais au final, sans conséquences. Avec des ailières bien dans le rythme quand elles reçoivent des ballons propres, avec une montée de balle qui casse les reins de n’importe quel replis en ce moment, les Bleues ont mis la main sur le match et n’ont jamais tremblé un instant. Olivier Krumbholz s’est offert le luxe de lancer Orlane Kanor en fin de match, pour que tout de suite la Messine plante un shoot à 10 mètres avec son jump et son bras totalement retrouvés, en oubliant pas d’y ajouter 2 passes décisives de toute beauté.
Bref, la France nous a régalé, on attendait cela depuis un long moment et il semble que tout se soit enfin mis en place et il le faudra. Car même avec les certitudes que génère un tel match, face à la Suède ce sera tout sauf simple. Victimes expiatoires des Bleues depuis longtemps, pas sûr que les Suédoises aient envie de continuer la série ! Et avec ce qu’elles ont montré depuis le début, on se dit que ce quart couperet, le perdant retournant dans ses pénates, sera sans doute un match à haute altitude avec sans doute un suspens irrespirable 60 minutes durant.
A Granollers (ESP), Palau d'Esports de Granollers
Le lundi 13 décembre 2021 à 20h30
Russie - France : 28 - 33 (Mi-temps : 12-17)
2 000 spectateurs
Arbitres : MM Alvarez Javier et Bustamante Ion (ESP)
Evolution du score : 4-2 5°, 6-5 10°, 7-10 15°, 9-12 20°, 12-14 25°, 12-17 MT - 15-20 35°, 16-22 40°, 18-27 45°, 22-29 50°, 25-31 55°, 28-33 FT.
Les réactions (Avec le concours du service de presse de la FFHB)
Olivier Krumbholz : " Je suis très content. On ne s’attendait pas à ce scénario. On est parti devant, on était dans le bon tempo, bien préparé, souriant et lucide. Tous les secteurs de jeu ont bien fonctionné. On a fait l’écart. Je crois que nous sommes montés à +9 puis on a un peu laissé filer. Ce n’est pas grave. On a vu des performances individuelles très intéressantes. Allison Pineau a réalisé une très bonne première mi-temps. Orlane Kanor a mis le nez à la fenêtre, cela fait évidemment plaisir. Cela devrait permettre d’aérer le jeu et de retrouver des espaces à 6m si on apporte plus de danger à 9m. Laura Flippes a fait un bon début, ensuite on l’a économisée. Elle va nous faire du bien dans un match qui sera difficile car les matches face à la Suède sont toujours difficiles. C’est le parcours du combattant d’autant que si on passe en demies, on risque de jouer face au Danemark qui a mis +16 hier à l’Allemagne. Il faudra continuer à jouer en se faisant plaisir. L’équipe de France est un rouleau compresseur qui peut jouer longtemps à un niveau très élevé. Cela ne veut pas dire qu’on gagnera face à la Suède mais on est prêts. "
Laura Flippes : " Cela fait plaisir de retrouver la compétition et particulièrement aujourd’hui, c’était un beau cadeau avec en plus la victoire. Je suis vraiment content d’avoir pu guérir ma cheville et de pouvoir retrouver le terrain. On a fait un gros match que ce soit défensivement où on a monté les ballons ou en attaque avec de la fluidité. Ce que nous avons fait ce soir est vraiment intéressant et cela fait vraiment plaisir. La Suède, ou une n’autre équipe, c’est un quart de finale et peu importe l’adversaire car pour aller dans le dernier carré, il faudra gagner. On va préparer le match comme il faut et on sera prêtes mercredi pour affronter la Suède. "
Pauletta Foppa : " Notre meilleur match ? Je ne sais pas car on a encaissé plus de buts que d’habitude. En attaque, je trouve que nous avons été meilleures que sur les autres matches, avec plus de continuité. L’objectif était de gagner et de terminer en tête du groupe. Pour chaque match, on se fixe un objectif et on avance crescendo. La Suède est une équipe qui aura peut-être les J.O. en tête, où elles se sont un peu faites couper l’herbe sous le pied. Les Suédoises vont tout donner et j’ai l’impression que de compétition en compétition cette équipe performe. "
Le diaporama du match par Daniel Vaquero