Si on veut être très positifs, il faut parler des débuts de match, de seconde mi-temps et bien sur des dernières minutes. C’est surtout sur les débuts de mi-temps qu’il faut se pencher, le moment, où les Bleues ont totalement dominé le match avec une défense très agressive et une projection vers l’avant qui mettait les Serbes dans dur aussi bien moralement que physiquement. A chaque fois on s’est dit que la machine bleue était en marche et que le match allait être facile, même si l’attaque placée ne donnait pas toutes les garanties très rapidement. Que ce soit Estelle Nze Minko, Coralie Lassource, Pauletta Foppa ou Alicia Toublanc et Lucie Granier, toutes étaient trop rapides, trop dans la projection pour que le replis de la Serbie puisse faire quoi que ce soit. Et quand seul le jeu de transition était possible, Grâce Zaadi régnait en maîtresse sur cette phase de jeu. Tout cela pouvait rassurer, aurait dû rassurer les Françaises, le gros hic c’est que ce type de période va rapidement s’éteindre. On va passer au match que voulait les Serbes, du jeu sans rythme concentré sur demi-terrain, là où les Tricolores n’ont aucune appétence depuis le début du Mondial. Concentrée sur une 6-0 sans gros volume, la Serbie attendaient les arrières bleues aux 7 mètres, attendant que celles-ci montrent leurs capacités à tirer de loin. Elles attendent encore et jamais les Françaises ne vont mettre du danger de loin… Résultat, Pauletta Foppa ne trouvait quasi aucun espace, les ailières devaient faire avec peu et souvent des ballons de décalages leur arrivant sur des passes limite catastrophiques et Grâce Zaadi avait beau se démener, ses coéquipières traversaient des sacrés tunnel la tête dans le seau offensivement.
Arrivées là où elles voulaient les Serbes jouaient leur jeu sans retenue. Jovana Stoiljkovic lâchait son bras qui fait tant e bien au Chambray Touraine HB, Kristina Liscevic rappelait aux Bleues qu’elle était une joueuse capable de fulgurance exceptionnelle, et surtout tout le monde appliquait à la lettre les consignes d’Uros Bregar. Patience, on n’enflamme pas le match et on laisse les Bleues jouer sur le rythme décidé. Tout cela va parfaitement marcher 51 minutes… A cet instant, la Serbie était toujours devant, après avoir à chaque fois effacé les coups de chaud initiaux des Françaises et on doutait sévèrement d’une victoire bleue au bout des 60 tant les Françaises butait sur une Jovana Risovic devenue en un match une des meilleures gardiennes du monde. C’est un constat quasi systématique depuis le début de ce Mondial, la gardienne qui joue face à l’équipe de France devient pendant 60 minutes, une candidate à ce titre… Sans doute que la qualité de shoot bleue y est pour beaucoup quand même… Mais sur 3 défenses solides et qui avait retrouvé un peu de volume, la France va passer devant via un doublé de Grâce Zaadi et un but enfin de Méline Nocandy, elle qui avait tant douté dans le jeu depuis le début du match. Mais c’est au temps mort pris par Olivier Krumbholz que le match va se jouer. Les Bleues, de concert, décidaient de créer de l’espace en écartant le jeu par des fixations extérieures enchainées par un Yago pour lancer Méline Nocandy et la laisser faire parler ses jambes. Cela va parfaitement fonctionner et le but plus le 7 mètres ajouté aux deux arrêts magnifiques de Cléopâtre Darleux, un magique sur 7 mètres plus une prise à une main sur chabala tenté de façon un peu légère vont décider du sort du match.
La France est en quart de finale, n’a connu que la victoire malgré tous ses problèmes offensifs par moment. Reste que son bloc défensif este un monument sur lequel se brise tous les rêves des adversaires de la France pour le moment et qu’on sait que c’est la défense qui permets d’aller loin dans les compétitions. Les Bleus de Claude Onesta l’avaient tellement démontré de 2006 à 2015 que pour certains, c’est cette domination qui avait fait accoucher à l’IHF de ce succédané de handball qu’est le jeu à 7. On verra ce qui se passera face à la Russie qui est beaucoup plus joueuse que ne le sont la Serbie et le Monténégro. Mais les Russes sont aussi capables de proposer une défense rude et hermétique, et là il faudra absolument que la base arrière française retrouve quelques couleurs, sinon…
A Granollers (ESP), Palau d'Esports de Granollers
Le samedi 11 décembre 2021 à 18h00
Serbie - France : 19 - 22 (Mi-temps : 12-9)
1 000 spectateurs
Arbitres : MM Alvarez Javier et Bustamante Ion (ESP)
Evolution du score : 2-3 5°, 3-5 10°, 6-8 15°, 8-9 20°, 10-9 25°, 12-9 MT - 13-14 35°, 15-15 40°, 16-16 45°, 18-17 50°, 18-19 55°, 19-22 FT.
Les réactions (Avec le concours du service de presse de la FFHB)
Olivier Krumbholz : " C’était un match difficile. On l’avait bien en main et on a pris 6-0, cela nous a fait très mal, mal à la tête. On est resté stable et on a essayé de trouver des solutions défensives car nous étions trop bas. Face à la Pologne, nous avions fait un match fantastique en défense alors que là on était moins bien, peut-être aussi que nous étions moins bien physiquement. Les Serbes ont utilisé toutes les ficelles, toutes les qualités possibles et imaginables à l’intérieur de leur collectif avec des filles qui sont mandatés pour prendre énormément de responsabilités et d’autres moins. C’est toujours difficile de jouer ces équipes un peu commando. À partir du moment où on s’est retrouvé dans cette situation, la seule chose à faire, c’était de le gagner. Nous sommes qualifiés et nous avons un match que nous devons aborder comme un huitième de finale où on doit retrouver de la qualité. À partir de maintenant, il y a une certitude : la qualité des adversaires sera exceptionnelle et particulièrement sur les deux matches à venir. Où on retrouve un peu de fluidité et d’aisance en attaque, on est capables car on l’a démontré dans un passé récent, avec beaucoup de pression sur les épaules, que l’on veuille ou non. "
Grace Zaadi Deuna : " Je suis heureuse de sortir avec la victoire dans un tel match. Que dire, que dire, que dire. On a été solides mentalement. Je pensais que le match du Monténégro, en termes de nervosité, aurait été le match le plus difficile des deux premiers tours. Et puis il y a eu ce match contre une équipe de Serbie orgueilleuse, que l'on connait très bien. Elles ont maîtrisé les temps forts et les temps faibles. J'ai l'impression qu'aux moments où on avait les ballons pour revenir ou creuse l'écart, on a un peu paniqué, on n'a pas été totalement relâchées. Mais je retiens les cinq dernières minutes. L'expérience acquise par cette équipe de France a joué. On a eu une solide défense, on a eu deux arrêts importants de Cléopâtre qui nous font énormément de bien et qui nous relance. Je suis très heureuse de ce que l'on a montré ce soir. Maintenant, je n'ai pas toujours envie que l'on soit poussées à montrer ces traits de caractères là, que l'on joue mieux du début à la fin. "
Le diaporama du match par Icon Sport - FFHB