La Maison de Savoie repose sur de solides fondations. Même si depuis le début de la saison, la courbe de ses résultats était sinusoïdale avec un réel faux-pas à domicile face à Chartres, Chambéry était plutôt dans les clous, s’étant incliné à Limoges, à Paris (qui compte dix succès en autant de sorties à Coubertin ou ailleurs) et au Parnasse nîmois. Depuis le revers chartrain, les hommes d’Erick Mathé avaient pu relever ce véritable affront au Phare et la venue de Montpellier, était pourquoi pas la bonne occasion de se réconcilier avec une partie du public devenue versatile au fil des années. Le décor était planté. Une arène chaud bouillante, des supporters au rendez-vous et à l’arrivée, la promesse de drainer du sang et des larmes. Mais pour qui le trop-plein d’émotion ? Même si les Héraultais étaient donnés favoris, il y avait dans l’esprit chambérien, cette volonté de briller. D’autant que l’adversaire et c’est là toute son ambiguïté, excelle aux confins de l’Europe mais a du mal à instaurer une régularité dans son propre championnat. Et ça, les locaux en étaient pleinement conscients. En Starligue, le MHB n’est pas ou plus un épouvantail à carapace épineuse. Patiemment et surtout sans s’affoler, les Savoyards ont attendu le bon moment pour porter l’estocade. Dans les vingt dernières minutes. Jusque-là, c’était plutôt leur hôte qui avait pris l’ascendant au tableau d’affichage. Sans prendre plus de deux longueurs d’écart (12-13 à la pause). Au retour des vestiaires, profitant de quelques largesses adverses en défense et un manque de réussite au tir, celui du Slovène Skube trouvant le montant d’un Marin Sego qui était semble-t-il dans un grand jour, Montpellier va s’offrir une vraie respiration. Trois buts d’avance (14-17) et la promesse que le rouleau compresseur qui quelques semaines plus tôt avait marché sur Kiel, pouvait avoir le même effet. Sauf que si Sego était au rendez-vous, en face, un Helvète plein de malice était motivé comme jamais. Nikola Portner n’a en fait jamais digéré le sort que le coach languedocien lui a réservé il y a de ça deux ans, le cantonnant pendant toute une saison dans les tribunes de Bougnol ou dans le moelleux de son canapé. Et quand Montpellier se présente, le Suisse voit rouge. Ses bras s’allongent et sa détente est décuplée.
Et en ce dimanche, c’est lui qui au 9ème de ses treize arrêts a montré la voie, a battu le rappel. Derrière, c’est un autre ancien de la maison héraultaise Jean Loup Faustin qui a planté son 7 mètres. Ensuite, c’est le petit (par la taille) Tissot qui est bien plus que la doublure de Benjamin Richert (blessé à la cheville) qui a affûté ses banderilles. Pendant ce temps, le MHB perdait ballon sur ballon, balbutiait son handball, Gudmundsson avait perdu son sens de l’orientation, Moscariello, son latin. Seul Lucas Pellas entretenait une flamme des plus vacillantes. Même Valentin Porte qui depuis sa blessure post olympique avait montré dans un rôle inhabituel de spectateur, une certaine impatience, était lui aussi dans l’incapacité de sauver le navire. Son compère gaucher, Julien Bos, si fringant en Ligue des Champions, ne produisait pas mieux. Bref, le naufrage était collectif. Nikola Portner était parfait dans son rôle de trublion démoralisant. Bien aidé par l’organisation défensive autour de Pierre Paturel et les prises de responsabilité d’un Tritta métronomique. A l’entame du money-time, rien n’était acquis. Les locataires du Phare, poussés par le peuple ambiant, avaient deux unités d’avance. Ils vont pourtant bénéficier d’un alignement des planètes. Un mauvais changement, plaçant le MHB en infériorité numérique avec la sortie de Sego et Harun Hodzic détournant à moins de 2 minutes du terme, avec l’aide du poteau, un 7 mètres d’un Pellas, pourtant spécialiste du genre. Le gamin de 21 ans binôme d'un sublimissime Portner, récidivera une seconde et ultime fois devant Kyllian Villeminot. Que le meneur de jeu montpelliérain ne se torture pas. Si sa tentative s’était avérée fructueuse, elle n’aurait rien changé à l’épilogue et à une défaite que ses partenaires auront encore un peu plus de mal à digérer (27-23). Ce dimanche 21 novembre, Montpellier a concédé son 5ème revers en championnat de la saison. Et le constat est cinglant, les Héraultais ne cherchent pas de fausses excuses. « On est malade, très malade, reconnait Valentin Porte. Il y a encore une fois je pense, un abcès à crever mais on ne peut pas avoir ce visage qu’on montre depuis le début en championnat. Ce qui nous fait défaut, c’est de la confiance avec l’impression qu’on a de bonnes phases et que quand ça commence à se compliquer, tout le monde a la main qui tremble, le ballon est lourd et on n’est pas nous-mêmes. Il y a un problème, on ne peut pas rester sans réaction. On va essayer de le régler mais j’ai peur que ça soit un peu tard. » Le bilan comptable au classement, est implacable. Dans le championnat à 15 en considérant que le PSG est au-dessus du lot, le MHB compte six points de retard sur Nantes et Pays d’Aix et trois sur un trio dont fait partie Nîmes, son prochain visiteur samedi 27, au FDI Stadium (nouveau nom donné à Bougnol). Entre temps (ce mercredi), il y aura la Ligue des Champions, là où les joueurs de Canayer se sentent si bien, face aux Norvégiens d’Elverum.