Avec son sens de la formule, Emmanuel Mayonnade avait intitulé les deux derniers matches européens de Metz en 2021 « 120 minutes de galère ». Dans le premier, face au CSKA Moscou, il y en a eu vingt à la louche. Les vingt dernières d'une affiche qui aurait dû se jouer un dimanche après-midi de septembre à Nancy, mais que les restrictions sanitaires ont reprogrammé un mercredi soir de novembre aux Arènes. Le dernier tiers d'une rencontre d'abord traversée en équilibre instable, avec une avance jamais supérieure à deux buts tant côté français (8-6, 12') que russe (11-13, 26').
Après dix minutes initiales vierges de tout arrêt de gardienne, Hatadou Sako en avait enquillé trois, puis paré une contre-attaque d'Ilina pour rester à 8-7 (14'). Une rampe de lancement bienvenue pour des Messines dont la corne d'abondance des succès ramenés de Turquie (20-30 à Kastamonu) et de Suède (28-31 à Sävehof, dimanche dernier) s'est tarie. Les pivots ont inscrit le tiers des douze réalisations mosellanes du premier acte, rien du tout en seconde. Le service, la finition étaient un peu moins aboutis, en attestent les deux pieds en zone d'Astride N'Gouan.
Metz a encore eu besoin d'une dose de rappel en début de seconde mi-temps, alors que les championnes de Russie tentaient de s'échapper (12-17, 32'). Un regain d'agressivité défensive, de la montée de balle, des arrêts de Kapitanovic et des grenades de Micijevic, apparue quelques minutes à peine avant la pause. Une révolte de gilets jaunes en jupette bleue, trois ans jour pour jour après le début du phénomène, en somme. Matérialisée par un 4-0 (17-18, 38'), une deuxième supériorité numérique mieux négociée que la première.
En donnant le maximum pendant cinq, six minutes, les coéquipières de Bruna de Paula (photo de tête) ont-elles déchargé leurs batteries trop rapidement ? Plausible. Ce qui est certain, c'est que l'extinction des feux a été aussi spectaculaire que le redémarrage. Devenues incapables de réprouver le copinage flagrant, insolent, entre Elena Mickhaylichenko et Ana Gros (20 buts à elles deux), d'assurer leurs passes à l'image de Méline Nocandy (4 balles perdues, plus un penalty sur la transversale), les Messines ont lâché l'affaire (19-24, 46') et la victoire (24-32). Une résignation inhabituelle, plus vue depuis un match de championnat à Brest, en janvier dernier.
Les deux défaites subies par Metz en ce début de saison l'ont été à domicile, en Ligue des Champions, devant les demi-finalistes de la dernière C1 (Györ, et donc le CSKA). Elles ne remettent pas en cause, à mi-parcours de la phase de groupes, la deuxième place offrant une dispense de huitième de finale. Mais les Moscovites, toujours invaincues contre les clubs français (deux succès contre Brest la saison passée) se sont rapprochées à un point, ce qui réduit considérablement la marge d'erreur pour la phase retour. Celle-ci commence dès dimanche après-midi, toujours aux Arènes, face à Sävehof.
METZ – CSKA MOSCOU : 24-32 (12-15)
Le 17 novembre 2021. 2754 spectateurs.
Arbitres : Mmes Merz et Kuttler (ALL).
Evolution du score : 3-2 (5') ; 6-6 (10') ; 8-8 (16') ; 9-9 (20') ; 11-12 (25') ; 13-18 (33') ; 17-18 (38') ; 19-24 (46') ; 21-28 (50') ; 23-31 (57').