Depuis l’été dernier et son retour à Toulouse pour s’installer dans la campagne environnante où avec son épouse, il partage entre autres, la passion des chevaux, Romain Ternel savoure à pleines dents sa nouvelle vie. Il aurait pu tirer encore un peu sur la corde et rajouter une ou deux lignes de plus à son palmarès de joueur mais ses potes Danijel Andjelkovic et Rémi Calvel et le président Philippe Dallard ont fini par le convaincre. Pourquoi ne pas partager son expérience avec plus jeune que lui ? Après seize années chez les pros - où à travers cinq clubs (Lille-Villeneuve d’Ascq, Cesson, Tremblay, Toulouse, Limoges), il aura vécu toutes les sensations - devenir le responsable du Centre de Formation du Fenix. L’homme est heureux dans ce bain de jouvence même si… « En début de saison, je n’avais pas trop de visibilité sur ce qu’allait être le championnat de N1. Parce que tout d’abord, je ne le connaissais pas du tout et qu’on redémarrait après deux saisons perturbées par le Covid. On a vu en juillet que des équipes comme Antibes par exemple, n’ont pas pu s’entraîner et puis le niveau a commencé à monter et c’est à ce moment-là où physiquement, nous avons pioché un petit peu. » En effet, après un sans-faute liminaire (4 succès en autant de rencontres), les Gardois de Bagnols viennent s’imposer dans la ville rose et six jours plus tard, la réserve du Fénix s’incline à Draguignan. « Un coup d’arrêt… » Mais qui n’entame pas la détermination, le moral de l’ancien demi-centre qui doit comme ses collègues de l’équipe Une, composer avec quelques blessés (Didelot, Gardent). Et ce samedi, pour le retour sur ses terres, Toulouse retrouvait Montpellier. Pas évident pour se remettre en selle. « Quand tu affrontes Montpellier, tu affrontes le club qui a ce qui ce qui se fait de mieux comme centre de formation en France. C’est une véritable usine à gaz à sortir des pépites. C’est quelqu’un comme Fred Anquetil (désormais adjoint de Jérôme Diaz sur le banc des minots héraultais) qui m’a donné envie un jour de devenir entraîneur. Pour mes joueurs, il y avait une volonté de rachat, une envie de réaliser une perf. » Le Fénix part à toute allure (3-0 à la 6è), se fait rattraper juste avant la pause (12-12), tire la langue sous les impacts du MHB (15-18 à la 41è) et alors qu’on pense qu’ils vont céder et en prendre une belle, le sursaut d’orgueil arrive au bon moment. Avec des arrêts opportuns de Kylian Ferrier, les banderilles de Quentin Didelot (7 buts dont trois en 2 minutes) et un groupe qui s’est métamorphosé. « On a réussi à remettre de l’agressivité défensive au bon moment, insiste le coach. Ils perdent quelques ballons qu’on exploite, Quentin nous soulage car on évoluait sans gaucher depuis le début de la saison. Alors qu’en début de 2ème, c’était parti un peu dans tous les sens, sur la fin en revanche, on a montré une certaine solidité. » Et malgré en face, les 11 arrêts de Charles Bolzinger, Toulouse sort victorieux de son duel (26-21). Romain Ternel lui, profite de l'instant.
Non pas pour lui mais pour cette bande de jeunes dont certains pourraient être ses neveux. « Le plus important, c’est de pouvoir évaluer les garçons sur ces matches du week-end, de les confronter aux autres centres et à des adversaires du même âge. » Même si la Nationale 1 n’est pas le laboratoire des centres de formation des clubs professionnels. Loin de là car dans beaucoup d’endroits, comme le projet porté par Jean Paul Onillon et Philippe Gardent du côté de Bordeaux-Bruges-Lormont, la N1 est la rampe de lancement du club. « Mon taff, poursuit le Toulousain, ce n’est pas de devenir champion de France de N1 mais que parmi ces gars, le plus grand nombre intègre une équipe pro. Et pour sortir du lot, il ne faut pas qu’ils oublient que cela passe par des exploits collectifs. Ils doivent beaucoup travailler bien-sûr mais aussi avoir le sentiment d’appartenir à quelque chose qui les sublime, à des valeurs et se battre pour un maillot, c’est une belle idée. Mon objectif, c’est le maintien, les joueurs eux, sont maîtres de leur ambition. » Il n’est pas du tout sûr que les Albouy, Briet (Baptiste, le petit frère de Thibaut, le Nantais), Giraudeau, Laurent de Valors et autres Firmesse ne veuillent traîner dans les profondeurs de la poule 5 de N1. Pour l’instant, ce sont les Ajacciens de Robin Capelle qui mènent la danse avec une longueur d’avance sur Toulouse, Montpellier et La Crau (prochain adversaire des Hauts-Garonnais).
Le staff du Centre de Formation du Fenix Toulouse
Directeur du C.F : Alain Raynal
Entraîneur principal: Romain Ternel
Entraîneur des gardiens: Frédéric Pérez
Préparateur Physique : Romain Ganot
Kiné : Jeremy Cau
Matis Gardent... Tou-lou-sain avant tout !
A Toulouse, cette confrontation face à Montpellier coïncidait avec le retour de Quentin Didelot (remis d’une luxation de l’épaule) et de Matis Gardent (fissures au tendon rotulien qui lui ont valu une injection de plaquettes sanguines). Lorsque samedi, il s’est présenté sur le parquet, il n’avait que quatre entraînements dans les jambes et un dernier match officiel lors de la 1ère journée disputé face à Antibes, le 12 septembre dernier. Le gaillard d’à peine 22 ans à la barbe de sapeur était comme un lion en cage, impatient de dévaler les gradins et sauter sur le 40x20.
Alors Matis, cette reprise ?
Je n’en pouvais plus. Quand tu es joueur, tu es très mal assis en tribunes. Tu vois les potes se défoncer, toi, tu es là, impuissant, tu rumines, tu veux brûler les étapes mais la raison l’emporte. Tu ronges ton frein et le jour où on te donne le feu vert, tu fonces sans trop te poser de questions.
Montpellier pour revenir, ce n’est pas mal…
C’est le hasard du calendrier même si dans ma tête, j’avais coché la date. Je voulais être présent en bas, sur la feuille, même s’il fallait serrer les dents, quel que soit le temps de jeu. Il y a eu une préparation physique mais côté mental, ça a été bien plus fort. Je ne pouvais pas continuer à me sentir exclu.
Est-ce qu’à moments donnés, les doutes ont failli prendre le dessus et tu as eu envie de tout arrêter ?
Bien-sûr et c’est toujours d’actualité. Cela dépend beaucoup de mon corps. Disons que là, j’ai disputé un match et c’est déjà ça de pris. Il y en aura peut-être un autre, puis un autre, je ne tire aucun plan. Je suis là avant tout pour aider l’équipe et on verra bien où ça me mènera.
Tu as un statut particulier ici…
Oui, je n’ai pas de contrat ! Je vais faire sourire mais peu importe, je suis lié par... l’amour du maillot. Le Fénix m’a accueilli quand j’en avais besoin, quand je n’avais pas de centre (Chambéry ne l’avait pas retenu). J’ai de la mémoire et la relation qui existe, ce n’est pas un bout de papier. Ce maillot est important pour moi.
Tu arrives ici, deux ans après Philippe ton père…
Oui, et ?
Les mauvaises langues ont dit, c’est grâce à papa…
(Sourires) Sans prétention, j’invite tous ceux qui pensent que je suis là grâce à lui à venir au prochain match. Je suis prêt à engager la discussion avec eux.
Tu es au hand comme dans d’autres sports, un des innombrables « fils de… » ?
Oui et je ne vais pas m’en excuser. Cela m’accompagne depuis que je pratique le hand. Même quand il était à Paris ! Après, je suis « le fils de… » qui n’a pas forcément réussi surtout si tu compares à Richardson, Mahé ou Gaudin. Mais bon, sincèrement, je n’écoute plus ce genre de réflexion. Quand je suis arrivé à Toulouse (en 2017), j’ai pu avoir quelques craintes aux entraînements, quand je rentrais sur les matches, au final, je pense n’avoir rien volé. Je ne vais pas me mettre plus de pression parce que je m’appelle Gardent. La meilleure réponse, c’est qu’en prenant encore du plaisir, j’apporte ma contribution sur le terrain.
Les contacts sont-ils fréquents ?
Bien-sûr. Le dialogue est permanent. On ne parle pas que de hand (rires). Il n’est finalement pas loin mais je n’ai pas l’intention de le rejoindre.
Justement, comment vois-tu la suite ?
Je le répète, je peux arrêter du jour au lendemain. Cet été, j’ai reçu quelques propositions (notamment émanant de clubs de Proligue) mais c’est à Toulouse que je me sens bien, j’aime cette ville et j’y poursuis mes études.
Dans quel domaine ?
(Sourires). Le journalisme !
Rien à voir avec le hand…
J’ai quand même passé un deal avec Romain. Il m’a demandé d’accompagner les plus jeunes et que je leur transmette ce que j’ai reçu lorsque j’étais au centre. J’aime chaperonner les nouveaux, sur le terrain mais aussi en dehors même si là, il y a parfois un décalage car je ne possède pas tous les codes (rires).
Le diaporama du match de N1 Fenix Toulouse - Montpellier HB par Yves Michel