Le Monténégrin Fahrudin Melic qui avait officialisé 48 heures plus tôt son départ imminent et sa volonté de retrouver les siens au pays espérait bien réussir sa sortie. Il était arrivé en juillet 2020 dans le Var après avoir porté les couleurs du PSG (3 saisons) et de Chambéry (4 saisons) et surtout s'être signalé dans l'art de tirer les 7 mètres. Au cours de ces 8 années et 3 mois passées en Starligue, il en aura réussi 310. Un compte rond certes mais qui va rester comme quelque chose d'inachevé. La 311ème tentative si elle était entrée dans les filets toulousains aurait permis à Saint Raphaël en arrachant le point du nul dans la ville rose, de valider un excellent début de saison avec une seule défaite (à domicile contre Saran) et un nul (à Limoges). Seulement voilà, le trajectoire du ballon catapultée par le gaucher a trouvé Jef Lettens. C'était le 14ème arrêt du gardien belge du Fénix, certainement le plus important de la soirée. « Bien-sûr que c’est gratifiant, mais bon… je ne veux pas dire que c’est anecdotique, c’est un jeu entre le tireur et le gardien… avant le tir, mon coach a eu le temps de m’appeler pour me dire qu’il (Melic) aurait beaucoup plus de pression que moi, que je devais rester calme, que je devais essayer de l’amener où je voulais, faire ma parade car je n’avais rien à perdre. Le final nous a souri et c’est tant mieux, je suis vraiment très content pour l’équipe qui se donne vraiment du mal à l’entraînement. » Méritoire même pour une formation toulousaine décimée sur sa base arrière avec les blessures de l'arrière portugais Gonzalo Vieira et surtout de ses deux gauchers Ayoub Abdi (rechute au pied) et Mathieu Marmier (bras droit). Ce vendredi soir, Danijel Andjelkovic a dû composer et faire avec les moyens du bord et quand la sol;ution s'appelle Erwin Feuchtman, (photo ci-dessous) c'est devenu une garantie. "Le knife suisse" comme le dit le Chilien dans un anglo-français qui le rend si sympathique est une assurance tout risque. En défense où il ne fait aucun cadeau à qui ose le défier (d'ailleurs son impétuosité frise parfois le débordement, ce qui lui vaudra un rouge dans les dernières secondes), en passeur mais aussi en marqueur où sa roublardise est une arme redoutable. Huit buts à son actif dont l'avant dernier qui en dit long sur la lucidité du joueur. Une récupération et un tir 30 mètres sur le coté droit en bord de ligne de touche vers la cage raphaéloise désertée par son gardien. A ce moment-là, alors qu'il restait moins de 10 minutes au chrono, St Raph' avait plutôt fait la course en tête mais jamais sans faire un vrai break. Daniel Sarmiento à la baguette orientait parfaitement le jeu, Johannes Marescot s'était surtout illustré en entame de mi-temps (9 réalisations au total), Alex Demaille avait sorti quelques ballons mais la formation dirigée par Dan Rares Fortuneanu sentait le Fenix comme un pittbul collé à ses trousses.
Il était écrit que les dernières minutes seraient brûlantes et le money-time décisif. Le speaker du Palais des Sports l'a senti et a trouvé l'inspiration pour faire monter l'ambiance et secouer un public qui avait besoin d'un électrochoc pour enfin quitter ses moufles et marquer son enthousiasme en claquant des mains ! Jef Lettens sera encore une fois, un des éléments détonateurs. Toulouse se contentait presque du partage des points (28-28) et s'il restait encore du temps, il fallait bien que la pièce retombe d'un côté comme d'un autre. Les deux défenses n'avaient rien cédé. Les Varois allaient se retrouver en infériorité numérique à moins d'une minute du terme , Drévy Paschal était coupable d'une faute de jeunesse, un,pied qu'il avait laissé traîner. Pénalty aussitôt réussi par Uros Borzas. 29-28. Tout était encore possible, la possession était raphaéloise, Adrien Dipanda butait sur Lettens, confusion aux abords de la zone, Feuchtmann était pris par la patrouille, Mélic héritait du fameux pénalty, dernière action de la rencontre. La fin, on la connait.
Et Lettens était assailli, bisouté, félicité par ses partenaires qui venaient de concrétiser leur 1er succès à domicile en Starligue de la saison. « Sans s’emballer, cela dénote l’état d’esprit dont fait preuve ce groupe. On était allé arracher un succès important chez un gros à Nîmes, cela vient récompenser l’investissement que tout le monde met. La fatigue commence à se faire sentir. Il nous fallait ce succès et cela va faire du bien à la tête. Il y aura une petite trêve, sauf pour ceux qui partent en sélection, il n’y en a pas beaucoup au Fénix, On est en progrès puisqu’avant on craquait sur la fin, on a prouvé ce soir qu’on savait rester concentré jusqu’au bout. La défaite ici contre Nancy nous a fait mal mais cela a été une bonne leçon aussi. J’espère que cela va continuer de cette façon. » Toulouse court après quatre lièvres à la fois (Championnat, Ligue Européenne, Coupe de la Ligue et de France), il faudra un jour ou l'autre, faire des choix et déterminer des priorités. La 1ère c'est le championnat. Après 8 journées, le Fénix s'offre un bol d'air frais et en attendant le résultat de Nancy et Istres qui ce dimanche accueillent respectivement Montpellier et Nîmes, s'installe à la 8ème place avec 6 points.
Quant à St Raphaël, jusque-là comme adversaires parmi les cadors, il y a eu Montpellier battu lors de la 1ère journée. Ensuite des formations largement à la portée des partenaires d'Adrien Dipanda. Après la trêve internationale, ,arrivent Créteil mais surtout Paris et Chambéry et juste avant les fêtes de fin d'année, Aix et Nîmes. Ce n'est qu'à la mi-décembre que les Varois sauront où ils en sont. «C'est un coup d'arrêt avec la sensation qu'on avait le match en mains en milieu de 2ème, conçoit l'ailier Arthur Vigneron, et on se gâche un peu nous-mêmes le scénario. La trêve va nous permettre de bosser et d'insister sur les choses qui n'ont pas bien fonctionné, je pense que ça ne peut qu'être bénéfique pour recharger les accus. » Ce n'est un secret pour personne, St Raphaël est à la fin d'un cycle avec la moitié de l'effectif qui s'interroge sur son avenir. Mapu et Marescot ont prolongé, d'autres comme Melic et Demaille s'en vont, les entraîneurs seront remplacés, l'incertitude peut exister. « Je ne pense pas, martèle Vigneron à qui il reste un an et demi de contrat. L'équipe n'a jamais été aussi soudée et libérée, justement parce qu'avec certains, on sait que c'est notre dernière aventure ensemble. Au contraire, on a envie de bien finir et de faire une belle saison.» Après son revers, le SRVHB quitte le podium et reste dans le top 4, dépassé par Nantes qui avait largement les commandes à Saran mais qui a dû se donner du mal pour s'imposer dans le Loiret (28-30).
A noter que Cesson qui a maîtrisé son sujet pendant 60 minutes est allé s'imposer à Créteil (25-31) et que Limoges enchaîne avec un 3ème match sans victoire après s'être incliné à Chartres (27-25).
Le championnat de Starligue n'en est même pas à son tiers. Ce samedi Pays d'Aix a encore la faculté de maintenir un suspense en carton en donnant du fil à retordre au PSG qui se déplace en Provence. Les Parisiens sont les seuls à n'avoir commis aucun faux-pas en championnat avec un 7/7.
Le diaporama du match Fenix Toulouse - St Raphaël par Yves Michel