Il fallait certainement que Patrice Canayer donne de la voix et fasse trembler les murs pour mobiliser son groupe, il fallait apparemment que le président Julien Deljarry envoie un message au vitriol pour susciter une réaction. Car touchés dans leur amour-propre, piqués au vif, les joueurs de Montpellier se devaient de réagir après leur double faux-pas à Aalborg et à Nantes. Sauf qu'à l'annonce de l'effectif qui allait pouvoir être aligné, avec les absences de Porte, Gudmundsson, Duarte et Simonet et un Hugo Descat de retour de blessure, le pire était envisagé face à l'armada allemande. En face, Jicha pouvait disposer d'un groupe au complet, avec ses internationaux multi-étoilés et surtout un sans-faute depuis le début de la saison, que ce soit en championnat (4/4) qu'en Ligue des Champions (2/2).
Affronter Kiel ne demande aucun long discours de motivation. La seule désignation de match de la semaine suffisait à braquer tous les regards vers la Sud de Fran ce Arena. Et plutôt que de laisser venir l'adversaire, Montpellier a pris le jeu à son compte. Avec comme 1er artilleur, Julien Bos. Le champion du Monde juniors en 2019, ne s'est en fait jamais posé de question. Niklas Landin ou la défense allemande n'ont pu que constater les dégâts face à la puissance de perforation du jeune gaucher. Marquer des buts est une chose, ne pas en oprendre est tout aussi intéressant. Et le MHB bien que décimé, a dans ce domaine, présenté d'entrée, des signes encourageants. Avec Moscariello en dissuasion, Benjamin Bataille inspiré, de précieux ballons ont été gagnés. Et comme Marin Sego plus motivé face à un adversaire comme Kiel qu'une équipe de Starligue (il est vrai que le Croate est sur le marché des transferts), Montpellier a tissé sa toile et fait fait rapidement l'écart. Le contraste s'est avéré saisissant entre une équipe agressive et pleine d'envie et des Allemands sans flamme, évoluant sans rythme et à reculons et lâchés par leurs gardiens. Filip Jicha a tenté d'éteindre l'incendie en substituant Quenstedt à Landin, sans résultat, il a aussi changé de système de défense en allant plus au contact des Montpélliérains, en vain. Seul Niklas Ekberg, métronomique à 7m et Pekeler qui a souvent pris à revers la défense héraultaise, ont relevé la tête. Sander Sagosen lui, a été mis sous l'éteignoir. Le Norvégien sait toujours faire briller ses partenaires en plaçant des ballons au millimètre mais côté tirs et trajectoires, il n'a pas été en réussite. Zarabec qui a tenté de le faire souffler, n'a pas fait mieu. En continuant à jouer juste et en étant très productifs dans leurs variations en attaques placées avec Kyllian Villeminot dans le rôle du maître de cérémonie, les Montpelliérains se montrer plus précis et largement moins dispendieux que leurs vis à vis. Quatre longueurs d'avance à la pause (17-13), beaucoup à Montpellier, dans les gradins surtout mais aussi sur le parquet, auraient voulu sceller ce succès dès cet instant.
Il ne pouvait en être autrement, Kiel allait bien avoir une réaction et le MHB baisser d'intensité. Mais l'esprit qui a animé l'équipe ce jeudi soir a été communicatif. Même Arthur Lenne, le minot de 20 ans n'a jamais été impressionné, n'a jamais tremblé lorsqu'il a eu à défier ce qui se fait de mieux sur la planète handball. En ce début de seconde période, Julien Bos en a remis une tartine et Marin Sego a levé un peu plus haut que tout le monde, sa jambe droite. Kiel avait durci le jeu mais rien ne pouvait résister à Montpellier. +6, +7, +8, Filip Jicha était rouge de colère face à la passivité et au renoncement de ses joueurs. Et quand Hugo Descat est entré pour participer aux douze dernières minutes qui restaient à égrenner, l'international à 7 mètres pour commencer et ensuite en décalage sur son aile a fait grossir le capital collectif. Et comme Sego se montrait très attentif, Kiel piochait toujours autant. Si Landin dans ses cages va un peu trop tardivement s'illustrer, jamais les siens ne vont être en mesure de faire douter l'adversaire français. Les sept buts d'écart (37-30) à l'arrivée récompensent l'oeuvre de tout un groupe. Ce jeudi soir, Montpellier a fait du Montpellier. Les valeurs du club ont enfin transpiré du maillot, ce qui était loin d'être le cas lors des précédentes sorties. Le convalescent s'est rassuré, on attend confirmation de cette réhabilitation dans les jours à venir. Et comme le faisait remarquer Patrice Canayer à l'issue de la rencontre. "Entre la réussite et l'échec, il n'y a pas un grand écart et il peut vite s'inverser. Cet écart se traduit souvent par le comportement. Ce soir, mes joueurs ont eu l'état d'esprit qu'il fallait. Cette équipe a des capacités importantes." Dans son coin, Filip Jicha ne pouvait que féliciter les acteurs du MHB et relever "leur fantastique match", rajoutant "c'est difficile d'accepter que nous avons été pas très bons, trop lents et sans réaction."
A Sud de France Arena (Perols), jeudi 30 septembre 2021
3ème journée de la phase de groue A - Ligue des Champions
MONTPELLIER HB - THW KIEL 37-30 (mi-temps: 18-14)
Arbitres: Bogdan Stark & Romeo Stefan (Roumanie)
Evolution du score: 5-1 (5è) 7-4 (10è) 10-7 (15è) 14-10 (20è) 16-12 (25è) 18-14 (MT) 22-18 (35è) 24-20 (40è) 28-24 (45è) 33-26 (50è) 35-28 (55è) 37-30 (FIN)
Le diaporama du match Montpellier - Kiel par Patrick Davignon