En tout cas c’est assez étrange ce mimétisme entre le quart et la demi des masculins et ceux des féminines. Après un quart de finale ou la balade était de mise, leur demi-finale s’est jouée sur un mode engagé avec un suspens quasiment jusqu’à la dernière minute, mais ou les équipes de France ont su hausser leur niveau physique et défensif pour faire basculer le match de leur côté. Après, on va dire qu’offensivement, les Bleues ont encore eu de gros trous dont notamment sur jets de 7 mètres où le 0/4 aurait pu coûter extrêmement cher si elles n’avaient pas eu les ressources mentales pour outrepasser ces échecs. En deux matches, les Bleus auront enchainé un 0/7 face à Jessica Ryde, une stat assez incroyable mais qui montre bien qu’au Handball tout se joue d’abord dans la tête puisque face aux Pays-Bas, les Bleues avaient enchaîné un royal 4/4. On va dire qu’il faut faire avec et que les Bleues n’auront jamais de vraie stabilité dans cet exercice si particulier tant qu’un Hugo Descat ou un Guillaume Joli au féminin n’arrivera pas dans le groupe. Pour le moment, les Bleues n’ont pas cet oiseau rare. Elles ont fait sans mais avec beaucoup d’autres choses ! A commencer par une certaine Pauletta Foppa qui a détruit les centrales suédoises et participé à l’éviction de Linn Blohm à la 40° qui aura été un des facteurs X du match. Privé d’un de ses piliers en défense mais aussi d’une pivot qui restait sur un assez fantastique 22/22 au shoot depuis le début de la compétition, la Suède va connaître de plus en plus de soucis pour trouver la faille dans le mur bleu. D’abord parce que le bloc tricolore variait énormément les plaisirs. 6-0 avec énormément de volume, 6-0 à plat, 5-1 avec ce poison d’Estelle Nze Minko devant, l’attaque nordique y perdait son latin. Mais aussi avec une Cléopâtre Darleux encore une fois exceptionnelle à 7/17 dans le champ dont des duels majeurs gagnés à des instants cruciaux et une Béatrice Edwige reine de l’espace central.
Sauf que si la France avait une Grâce Zaadi impériale dans la gestion et la finition, la Suède avait dans ses rangs une diablesse du nom de Jamina Roberts, capable de tout faire et très bien… Shoot de loin, 1x1 dévastateur, décalage sur son ailière Elin Hansson, passes pivot à Anna Laguerquist, etc… A elle toute seule, elle a failli envoyer les Bleues jouer le bronze dimanche à 4h00 du matin heure française. Mais c’était sans doute le prix à payer pour arriver à neutraliser Carin Stromberg, l’autre pilier de la Suède, qui elle, en revanche n’a pas trop existé sur les 60 minutes. La preuve, Tomas Axner s’est passé de sa demi-centre de choc sur toute la fin de match, le 1/5 au shoot et sa propension à s’enferrer dans la défense tricolore cassant trop le rythme de son équipe. Du pain béni pour le bloc français qui pouvait ainsi prendre Jamina Roberts en stricte et laisser un 5x5 se jouer avec beaucoup plus de sécurité. Alors que l’entame de match avait fait craindre le pire, comme les Bleus la veille face à l’Egypte, la fin allait se jouer en mode guerrières avec une attaque qui retrouve quelques mouvements de base face à une défense suédoise qui abandonnait progressivement sa 6-0 à plat et laissait donc des espaces béants dans son dos. Avec une paire arbitrale qui équilibre enfin ses coups de sifflets après avoir fait penser qu’ils étaient les « Best Friends » d’un certain Luka Doncic pendant 45 minutes. Bref tout était en place pour que les dernières minutes soient les plus tranquilles possible. Mais comme il faut toujours que le suspens soit présent avec elles, les Bleues se fendaient de deux loupés monstrueux à 6 mètres et encore un 7 mètres vendangé pour continuer à se faire un peu peur, juste pour continuer aussi à nous faire vivre de vraies émotions fortes… Mais la fin de match contre les Pays-Bas nous allait pourtant très bien.
Cette seconde finale va donc arriver dimanche à 8h00 du matin heure française, il faudra oublier la grass’mat dominicale mais que ce soit face aux ogresses norvégiennes qui ont tout dévasté sur leur passage depuis le début de ces JO, ou face aux Tsarines Russes avec une Ana Vyakhyreva redevenue candidate au titre de meilleure joueuse du monde, il faudra encore une France qui monte de niveau pour espérer avoir au tour du cou la seule médaille qui manque au palmarès incroyable de ce groupe depuis 4 ans.
A Tokyo, Yoyogi National Stadium
Le vendredi 6 août à 10h00
Demi-finale
France - Suède : 29 - 27 (Mi-temps : 15-14)
Huis Clos
Arbitres : MM Lah Bojan et Sok David (SLO)
Evolution du score : 2-3 5°, 3-5 10°, 6-7 15°, 9-9 20°, 12-11 25°, 15-14 MT - 17-17 35°, 19-18 40°, 20-20 45°, 24-22 50°, 27-25 55°, 29-27 FT.
Les réactions
Olivier Krumbholz (Coach de la France, au micro de France TV) : « Les deux équipes se sont tenues tout le match, il fallait vraiment avoir de la stabilité mais je pense que dans le dernier quart d’heure on était peut-être un petit peu plus frais, plus fort physiquement et peut-être aussi mentalement car on n’a pas douté. Il fallait conserver le score et ce qui a été très important, c’est qu’il fallait continuer à marquer des buts et on en a marqué des beaux sur des choses qu’on avait travaillées et on a eu une Cléopâtre (Darleux) très précieuse aussi. On envisageait un match qui se jouerait dans les dernières minutes, çà a été le cas ! On s’était fixé comme objectif de neutraliser Stromberg, on y est bien parvenu, résultat Roberts nous a fait beaucoup de misères, mais c’est certainement à l’heure actuelle la meilleure joueuse du tournoi mais c’était sans doute le prix à payer, même si Carlson nous a aussi fait mal quand elle est rentrée. On jouera une équipe que l’on connait bien que ce soit la Russie ou la Norvège… L’idéal c’est que la Norvège et la Russie arrivent en double prolongation dans leur match et qu’elles se fatiguent bien ! »
Cléopâtre Darleux (Gardienne de la France, au micro de France TV) : « On est trop contentes ! On a besoin de bonnes gardiennes pour gagner les matches et on forme un bon duo avec Amandine ! Maintenant on est contentes d’aller en finale, mais on a aussi très envie de la gagner. Ça s’est joué au mental, les deux équipes étaient très présentes, on s’est « tapé » dessus, ça a été vraiment un combat mais il fallait rester stable ! Après on loupe, elles loupent, c’était très tendu mais on a les nerfs solides ! On a un mix entre joueuses d’expérience et petites nouvelles qui savent mettre le feu, ça fait un bel amalgame. J’ai trop envie de ramener la médaille d’or pour la mettre au tour du cou de ma fille ! On est parti depuis le 10 juin c’est très long, mais c’est la fin, il ne reste que 3 jours et ce n’est que du bonheur. On a eu des moments de doute, on a mal commencé la compétition mais on s’est métamorphosé depuis 3 matches, du coup je suis contente d’être là (rires) ! »
Alisson Pineau (Arrière de la France, au micro de France TV) : « Très heureuse de retourner dans une finale olympique ! Ça a été dur et long à se dessiner, je l’avais dit avant et ensuite pendant le match, il ne fallait pas se précipiter. On a alterné les dispositifs défensifs, ce qui leur a posé beaucoup de problèmes et je pense que le tournant du match est le carton rouge de Blohm. Tout a été difficile en début de compétition, mais il y a eu ce tournant contre le Brésil et on est là où on voulait être et maintenant je veux juste l’or ! J’ai dit qu’on allait aller au bout, il ne reste qu’un match mais ça va être long d’attendre. »
Le diaporama du match par Icon Sport - FFH