Ne lui demandez pas de commenter sa performance, il vous répondra tout simplement qu’il est là pour cela et qu’il fait son boulot ! Mais quel match encore de Vincent Gérard ! 17 arrêts recensés et une efficacité qui n’a jamais été démentie, le portier a donc été décisif face à une équipe d’Egypte qui avait bien préparé cette rencontre et qui a montré sur le parquet, encore une fois, sa valeur.
Les champions d’Afrique ont réalisé la meilleure entame qu’ils pouvaient imaginer. Profitant d’une certaine passivité et d’un manque d’agressivité des Bleus, ils ont vite mis de la distance. Quatre buts d’écart en à peine 6 minutes. La relation entre leur base arrière et l’ancien pivot montpelliérain Mamdouh était parfaite, l’engagement était total, le Nîmois Mohamed Hesham était dans son jardin, et Dika Mem en difficulté face au gardien Karim Hendawi. L’inondation commençait à gagner la cale du bateau français mais les hommes de Guillaume Gille, forts de leur expérience à ce niveau, ne vont jamais paniquer et remonter progressivement leur handicap.
Pourtant les Egyptiens maintenaient leur avance et continuaient à enfoncer le bloc adverse. Mais le rapport de force était un peu plus équilibré. Surtout qu’un homme dans le camp tricolore portait ses partenaires sur les épaules. Vincent Gérard avait bien souvent retardé l’échéance et empêché que l’Egypte ne s’envole comme elle l’avait fait en début de rencontre. Il faut quand même patienter jusqu’à la 18ème minute pour voir les Français prendre les commandes au tableau d’affichage. Grâce à Hugo Descat, à 7m, tout en finesse et lucidité, prouvant que la gêne aux adducteurs qui s’était manifestée face à la Norvège, n’était qu’un mauvais souvenir.
Dès lors, le score va jouer au yoyo. Un coup pour l’un, un coup pour l’autre. Descat d’une précision horlogère à 7m et ce, quel que soit le gardien dans les cages. En attaque placée, ses coéquipiers montraient un peu trop d’empressement et quelques ballons étaient gaspillés. Peu importe, la maladresse ou la malchance sur les barres gagnait également l’Egypte. Les deux formations rentraient aux vestiaires dos à dos (13-13).
Les stats étaient sans appel pour souligner le rendement de Vincent Gérard. 9 arrêts à 38% pour le Parisien contre 3 arrêts à 20% pour son vis-à-vis Hendawi.
A la reprise, l’entrée de Nicolas Tournat va apporter de la fraîcheur à l’attaque française. La défense beaucoup plus solidaire et concentrée mettait un peu plus en difficulté les arrières égyptiens. C’est une nouvelle fois à 7m qu’Hugo Descat va faire la différence et apporter le ballon du +2. L’Egypte se retrouvant en infériorité numérique, il fallait en profiter pour tuer le suspense ! On était encore loin de la fin de la rencontre mais il fallait montrer qui était le patron ! Les hommes de Parrondo abusaient du jeu à 7 contre 6, ce qui n’avait pas grande incidence sur la production des Bleus. Encore mieux, le fossé va un peu plus se creuser (+3) alors que les hommes de Guillaume Gille se trouvaient en infériorité numérique. Psychologiquement, le coup était dur à encaisser pour l'Egypte.
Jusqu’à la délivrance, les Tricolores vont garder leur faible matelas et même l’épaissir grâce à Ludovic Fabregas puis Nikola Karabatic. On était entré dans le money-time et si les Pharaons restaient concernés, un parfum de finale s’exhalait de la maison France. Ces effluves devenues si familières depuis 2008 ! A deux minutes du terme, Mohamed Mamdouh tirait à côté, c’en était fini des espoirs des champions d’Afrique.
Les Français s’imposent nettement (27-23) face à un bel adversaire qui au vu de son tournoi, mériterait de monter sur le podium avec le bronze autour du cou. Pour la bande à Guigou, ce sera l’or ou l’argent. Face à l’Espagne ou le Danemark.
Les Réactions Tricolores (au micro de France TV)Nikola Karabatic (4ème finale olympique consécutive à son actif)
« C’est fabuleux et j’ai du mal à réaliser. Ces moments de joie avec l’équipe, c’est magique, c’est ce qu’il y a de plus beau dans le sport collectif. On s’est battu, cela a été très difficile, les Egyptiens se sont très bien comportés, de notre côté on a tenu bon tout le match, ce n’est pas notre meilleure prestation mais mentalement, on a su faire face, on est resté concentré et on est parvenu à hausser le ton en 2ème mi-temps. Je suis vraiment heureux. (Evocation de sa grave blessure qui l’a éloigné des terrains pendant plus de 7 mois). Je me sens chanceux… enfin, pas tout à fait… j’ai bossé tous les jours pour revenir, pour être bon, pour être utile à l’équipe, pour pouvoir l’aider dans ce rêve de médaille. C’est vrai que le parcours a été très long mais je suis tellement heureux… Je remercie le staff du PSG, de l’équipe de France, ma famille qui m’a aussi soutenu, je suis très heureux, on ne pouvait pas perdre aujourd’hui. On n’a pas de préférence sur l’adversaire en finale. On va savourer ce qui vient de se passer et on va regarder tranquillement Espagne-Danemark. »
Michaël Guigou (capitaine des Bleus, lui aussi 4ème finale des JO d’affilée)
« C’est génial parce qu’il y a quelques mois, on était loin de tout cela. On a bataillé, on a travaillé et on est récompensé, je suis vraiment très heureux et très fier du groupe, de la manière dont ça a été géré. Maintenant, on va se concentrer sur la finale. Le Danemark c’est le double champion du Monde en titre, l’Espagne le double champion d’Europe, on verra bien qui sortira. On va savourer cette qualif. Avant les Jeux, on a joué les Danois en amical et on a vu les lacunes qu’on avait face à eux notamment en attaque, on a joué les Espagnols en poule, dès qu’ils sont passés en quarts, ils ont montré un tout autre niveau, donc peu importe… l’essentiel c’est qu’on récupère, qu’on profite d’avoir joué la 1ère demie un peu plus tôt et qu’on se prépare bien. Notre équipe était tombée plusieurs fois en demi-finale lors des dernières compétitions, contre une Egypte qui progressivement rejoint les plus grands mais je pense qu’ils ont un tout petit peu de retard en termes d’expérience. On ne voulait pas rester une nouvelle fois à la porte des demis, c’était trop pour nous et l’Egypte devra patienter. C’est une équipe qui a de l’avenir avec des joueurs qui sont en train d’arriver derrière. »
Guillaume Gille (entraîneur de l’équipe de France)
« Cela a été un match de tranchées comme on l’avait imaginé face à cette grande équipe d’Egypte, il a fallu vraiment beaucoup de coups de boutoir pour les faire céder. Le combat a été très intense et je suis ravi d’accéder à la finale, on poursuit l’aventure et notre rêve de médaille d’or est intact. Ce sont des rendez-vous très particuliers à gérer, il y a beaucoup de pression, de tension et d’enjeu liés à ce type d’évènement et aujourd’hui il y a un bon mix dans l’équipe entre les cadres, l’expérience, les plus jeunes qui pour certains découvrent les Jeux mais qui prennent leurs responsabilités et jouent avec leur cœur. Je crois que c’est ce beau mélange qui nous a fait gagner. (Sur la perf de Vincent Gérard) Excellente performance et dans ces matches décisifs, on connait l’importance des gardiens de buts. La prestation de Vincent nous a servi de base dans ce combat très âpre et je suis ravi de pouvoir compter sur lui. »
J.O 1ère Demi-finale jeudi 5 août 2021
Stade national de Yoyogi - Tokyo (Japon)
FRANCE - EGYPTE 27 - 23 (mi-temps: 13-13)
Arbitres: Oscar Raluy Lopez & Angel Sabroso Ramirez (Espagne)
Evolution du score: 1-4 (5è) 4-5 (10è) 7-7 (15è) 9-8 (20è) 11-11 (25è) 13-13 (MT) 15-14 (35è) 17-17 (40è) 21-18 (45è) 22-19 (50è) 24-21 (55è) 27-23 (FIN)
Le diaporama du match par Icon Sport - FFHB