Personne ne pourra dire que Metz a craqué mentalement et dans le jeu ! Si Brest a réussi à retourner le tendance après son match assez calamiteux de mercredi, il ne le doit qu’à lui seul. Les joueuses bretonnes ont fait tout et même plus en termes d’investissement et de débauche d’énergie pour arriver à ce +7 face auquel Metz a dû baisser la garde. Comme le dira Ana Gros à l’issue du match « Je n’ai pas de mot, je suis tellement fatiguée, je suis juste contente ! On a été une équipe devant son public, c’est cela qui a fait que l’on a gagné aujourd’hui ». Celle qui a encore alimenté la marque de façon énorme avec ses 11 buts et ses 2 passes décisives avait le sourire qu’elle avait perdu mercredi après la démonstration de Metz. Metz qui a passé les 30 premières minutes à montrer que le titre était bien dans sa poche. Brest avait encore des soucis de jeu offensif ! Comme mercredi, trop individualistes, les Bretonnes butaient sur le bloc compact de la 6-0 adverse et de nouveau sur une Dinah Eckerle royale et tout en placement et qui s'offrait même un pastis magique sur un tir tout en puissance d'Ana Gros. Les Messines vont même avoir 15 minutes où elles régnaient au score avant qu’enfin Brest ne change un peu la donne en jouant plus au ballon. Suffisant pour reprendre le score en main, mais insuffisant pour mettre Metz dans les cordes et le petit but d’avance de Brest à la pause validait surtout la très belle première période des joueuses d’Emmanuel Mayonnade.
C’est au retour des vestiaires que Brest va enfin se lancer dans une opération « furia » avec à la base de cet énorme coup de chaud, une Sandra Toft stratosphérique pendant 10 minutes. A l’aile, de loin, sur les pivots, rien ne passait et ses coéquipières en profitaient pour accélérer, jouer enfin sur grand espace et enfiler les buts devant des Lorraines comme totalement statufiées par cette tornade noire. De 13-12, le score passait en 7 minutes à 20-14 et avec ces 6 buts d’avance et encore 23 minutes de jeu à jouer, tout semblait totalement ouvert pour le BBH. Mais Metz va sortir de sa torpeur… Avec une Méline Nocandy que la défense brestoise n’arrivait pas à contenir, les jaunes et bleues vont peu à peu se remettre la tête d’aplomb et même revenir à un -4 tout à fait jouable à l’entame du dernier quart d’heure. Mais c’est ce temps là que Brest va choisir pour passer sa deuxième couche sur le moral messin. On sentait que les deux collectifs étaient au bord de la rupture physiquement, mais Brest trouvait en Pauletta Foppa la clef de son succès. Très surveillée et un peu en échec depuis le début du match, la pivot du BBH va finir en boulet de canon, marquant, obtenant des jets de 7 mètres, offrant des buts et interceptant à qui mieux mieux, défendant le fer, la toute jeune pivot du BBH remettait Metz dans les cordes et malgré deux dernières minutes jouées avec l’énergie du désespoir côté MHB, le +7 salvateur va être conservé sur le fil par des Brestoises totalement libérées par ce titre.
Les réactions d’après-match étaient assez claires, ce titre était totalement libérateur pour les Brestoises… Elles l’attendaient plus que tout et la victoire en Coupe de France n’avait pas fait baisser la tension dans le domaine. Le match aller et la prestation messine n’avait fait que faire enfler tout cela. Dans une semaine, Brest sera à Budapest pour y défier la crème de la crème européenne ! On peut presque parier que cela se fera avec beaucoup moins de tensions de de crispations que ce double affrontement face au Metz HB. Ce sera les derniers pas de Laurent Bezeau au BBH et peut-être dans le handball, il pourra partir la tête très haute avec le sentiment que malgré toutes les embûches et saisons compliquées, il aura été l'homme par qui Brest est devenu un grand de France et d'Europe.
A Brest (FRA), Brest Arena
Le dimanche 23 mai à 15h30
Finale retour LFH
Brest BH - Metz HB : 29 - 22 (Mi-temps : 13-12 - Match aller : 31-24)
800 spectateurs
Arbitres : MM Gasmi Raouf et Gasmi Karim
Evolution du score : 2-3 5°, 4-5 10°, 5-7 15°, 8-7 20°, 11-9 25°, 13-12 MT - 18-14 35°, 20-14 40°, 23-19 45°, 27-20 50°, 28-21 55°, 29-22 FT.
Les réactions
Cléopâtre Darleux (Gardienne du Brest BH) : « Franchement on en rêvait, on se disait que 7 buts c’était faisable ! 7 buts ce n’est rien dans le Handball mais il faut le faire quand même ! Je suis vraiment fière de toute l’équipe, ça a été un match difficile, engagé. On n’a rien lâché, même avec un seul but d’avance à la mi-temps on se disait que tout pouvait encore se faire. Je suis vraiment heureuse pour tout le club, pour le public, pour Laurent (Bezeau), pour toutes les filles et pour tout le travail qu’on a fait tout au long de l’année. Et ce n’est pas terminé, on va bien savourer celle-là ! avant le match on s’est dit que c’était ce match qui comptait, le Final Four ce ne sera que du bonus, c’était celui d’aujourd’hui le plus important et on va arriver à Budapest un peu plus détendu que la normale et j’ai envie qu’on prenne du plaisir sur le terrain, aujourd’hui on était encore très tendu, si on se libère on peu vraiment faire de belles choses sur ce Final Four. »
Laurent Bezeau (Entraîneur du Brest BH) : « On avait comme projet de revenir à ce niveau là avec ce club, et en plus cela correspond à une fin de cycle, à mon départ et c’est une bonne chose de faite. Maintenant on en veut encore plus. J’ai beaucoup d’émotions parce qu’il se passe plein de choses, il y a ce qui en dehors de l’eau et ce qu’il se passe sous l’eau… Donc il y a beaucoup de tension, de pression, mais aussi beaucoup de travail. C’était difficile de jouer au handball cette saison, c’était difficile de trouver de la sérénité parce qu’on en voulait toujours plus et qu’on voulait arriver à ce titre de champion de France. Et là les nerfs lâchent un peu ! Je ne sais pas si on se rend compte de ce que les joueuses on fait ce soir. On avait malmené Metz pendant 5 matches et elles sont sorties de l’enfer pour nous y emmener nous, et nous on arrive à en sortir, même si on n’y est pas resté bien longtemps, il a fallu se bagarrer pendant 2 jours et finalement pour arriver à cela, c’est vraiment génial, fabuleux ! »
Emmanuel Mayonnade (Entraîneur du Metz HB) : « On savait qu’à la mi-temps on n’avait pas fait le plus dur, Brest nous l’avait déjà montré par le passé ! Et on n’a pas réussi à vaincre nos démons de la saison. Quand ça ne va pas, ça ne va pas et personne n’a les ressources y compris moi. Il nous manqué un ou deux leaders pour tirer l’équipe vers le haut, je ne sais pas, quelqu’un de capable de prendre les choses en mains au moment X ou Y. C’est une énorme déception, on a repris le 1° juillet pour 10 mois de compétition pour un titre que l’on n’a pas pour 0 but pour finir puisqu’il y a égalité sur les deux matches. Je l’avais dit à la reprise au 1er juillet, on finira à la place qu’on mérite d’avoir ! Voilà, on finit deuxième, ça veut dire qu’on n’est pas meilleur que ça… Mais bravo à Brest, tout ça a été une belle vitrine pour le handball féminin, même si ce soir pour nous il n’y a que de la déception. »
Le diaporama du match par Philippe Riou