Et si c'était ça, le plus grand succès de la présidence Thierry Weizman à Metz ? Derrière la moisson de trophées (11 championnats et 12 coupes nationales depuis 2005), l'accession à la table des grands d'Europe (Final Four de Ligue des Champions 2019, finale de la Coupe EHF 2013), l'entité lorraine s'est forgée une légitimité dans la remise en service d'étrangères référencées.
A l'été 2008, elle fait signer la Serbe Svetlana Ognjenovic, opérée deux fois du ménisque la saison précédente. Déjouant le scepticisme du corps médical, l'ailière gauche y a allongé sa carrière de cinq saisons. En 2011, la Russe Ekaterina Andryushina, championne olympique 2008 et double championne du monde, souffrait d'arthrose au genou et restait sur une année blanche quand elle est arrivée. Une injection de cartilage a intimement lié son destin à la capitale mosellane : quatre saisons en jaune et bleu, une reconversion comme coach adjointe... et une progéniture.
Metz répare les corps, et depuis peu les âmes. Yvette Broch est ainsi venue se ressourcer dans le club qui l'a révélée (2011-15) pendant la trêve Euro de décembre. Arrivée à saturation du haut niveau en 2018, peu après sa deuxième C1 conquise avec Györ, elle s'est expressément réconciliée avec la balle collante. « Rejouer au handball en prenant du plaisir, c'était mon rêve. Je jouais avec plaisir avant, mais là, je ne me prends pas la tête. Je suis plus calme, plus sûre de moi. » Nantes l'a vérifié à ses dépens, mercredi, en match en retard de LBE (34-28) : la pivot néerlandaise s'est activée pour gratter et monter les ballons, pendant le coup de turbo du milieu de seconde mi-temps. Et c'est encore meilleur en se muant en passeuse décisive pour sa compatriote Ailly Luciano (50ème)...
« Je donnerai tout pour être aux Jeux Olympiques »
Certes, depuis son come-back, Broch n'a pas joué toutes les rencontres de Metz. Astride N'Gouan et Olga Perederiy forment un solide binôme sur l'arc des 6 mètres, les quotas d'étrangères de la Ligue féminine sont incompressibles. Mais sa révolution intérieure, sa déclinaison en match, ont déjà convaincu Emmanuel Mayonnade de rappeler la trentenaire en sélection des Pays-Bas, le mois dernier, pour deux amicaux (perdus contre la Croatie et le Brésil). Elle et lui n'avaient jamais travaillé ensemble avant cette demi-saison, le second prenant ses fonctions à Metz début 2016, quelques mois après le transfert de la première en Hongrie. « Ca se passe très bien entre nous. La façon dont il veut jouer, j'adore ! » La vice-championne du monde 2015, au pied du podium olympique à Rio, rêve de prolonger l'entente cordiale à Tokyo, fin juillet-début août. « Je m'entraîne aussi pour les JO. Ca sera dur, parce qu'il y a de bonnes pivots chez les Oranje, mais je donnerai tout pour être là. »
Apaisée dans le discours, enjouée, francophile, Yvette Broch l'était déjà pendant sa première carrière. Désormais, elle semble aussi fonctionner au coup de cœur. En témoigne sa future destination, le CSM Bucarest, où elle a signé un contrat de deux ans (en 1+1) la semaine passée. « Je veux encore jouer la Ligue des Champions. L'année prochaine, Bucarest aura une bonne équipe, avec de bonnes joueuses. Il y a toujours le projet d'être au Final Four. J'aimerais y être encore une fois. » Reste à savoir si, dans les Carpates, le contrat d'objectifs est compatible avec la ligne directrice de la fille de Hollande-Méridionale...
