C'est ce mardi soir, le dernier round de la phase de groupe de l'European League. Dernier round quel que peu galvaudé avant même d'être joué puisque la semaine dernière l'EHF a arrangé le calendrier à sa sauce et surtout pénalisé Toulouse et Montpellier qui ont respectivement perdu deux et trois rencontres sur tapis vert (voir ICI). Nîmes qui n'accusait aucun retard a évité de passer sous les fourches caudines de la Fédération Européenne.
Pour Montpellier, la réception de Nexe à Bougnol est de l'avis-même de David Degouy « une vraie finale ! Et les Croates ne se déplacent pas pour faire de la figuration puisqu'ils ont affrété un charter pour se mettre dans les meilleures conditions. » L'enjeu est simple : si les Héraultais s'imposent ou font match nul, ils conserveront leur 3ème place. Sinon, ils termineront 4èmes. Et pourraient hériter (sacré cadeau !) des Allemands de Rhein Neckar Löwen en 8èmes.
Au MHB, David Degouy n'est pas seulement l'adjoint de Patrice Canayer, il est aussi et surtout le responsable de l'Academy, le véritable incubateur des futurs talents du club. Et ce mardi soir, le Lozérien... d'adoption ne sera pas peu fier en jetant furtivement un œil sur la feuille de match. Pour pallier l'absence de quelques titulaires, quatre de ses protégés figurent parmi les seize. Le demi-centre Hugo Jullian (20 ans), Montpelliérain jusqu'à la plante des pieds, Mathis Mougin (18 ans) arrivé cette saison de Besançon et qui du haut de ses 2 m ne passe pas inaperçu sur la base arrière, mais également deux habitués du groupe pro, le gardien Charles Bolzinger (20 ans) et le pivot Arthur Lenne (19 ans).
Ces deux-là sont identifiés et Montpellier n'est pas prêt à les lâcher. Le 1er s'apprête à passer pro pour les trois prochaines années, le second, frère cadet de Yanis, suivra la même trajectoire après avoir terminé son apprentissage comme aspirant.
« Je suis du coin, de Frontignan et j'en suis fier, revendique Charles Bolzinger, le plus volubile des deux. Mon père était le kiné de l'équipe 1 et mon grand frère était gardien, on habitait à peine à 3 minutes de la salle. » Cela facilite beaucoup de choses pour progresser qui plus est sur le poste, même si le cursus pour finir du côté de Bougnol, a été singulier. «J'ai fait une 1ère tentative pour entrer au pôle. Un véritable échec. Je n'ai pas baissé les bras. J'ai remis ça et la 2ème a été la bonne. En 2015, j'ai arrêté de jouer avec Frontignan et je suis devenu Montpelliérain à part entière. » Et comme au MHB, il y a toujours eu des passerelles entre le centre de formation et le groupe pro et une concurrence exacerbée, Charles apprend certes plus vite qu'ailleurs mais les places sont très chères. « Bon déjà, tu croises le duo Gérard-Portner... tu ne fais pas le malin. Ensuite, tu te retrouves en concurrence en Nationale 1 avec Pierre et Savonne. La saison dernière, Sego et Bonnefoi sont arrivés. » Encore une fois, loin de se décourager, l'intéressé s'accroche et surtout se meut en véritable éponge. « J'aurais pu me dire, Montpellier c'est trop haut pour moi et envisager d'aller voir ailleurs ce que je peux valoir. Ce qui est sûr, c'est que je ne suis pas assez expérimenté pour revendiquer une place en Starligue. Mais rester ici, c'est fréquenter les meilleurs et c'est un accélérateur pour progresser. » Et comme il faut un début à tout, il y a une semaine, le jeune portier a fait ses grands débuts en European League en déplacement chez le Besiktas d'Istanbul. Il a bénéficié d'un strapontin, 5 petites minutes et un arrêt sur 3 tirs... suffisant pour stimuler sa gourmandise. En attendant certainement mieux. « Je suis sur un poste à maturité tardive m'a-t-on dit (sourires). A moi, de m'investir et de ne pas décevoir ceux qui me font confiance. » Pourtant, Charles Bolzinger ne pourra pas effacer de sa mémoire, ces deux saisons perturbées par le Covid et où avec ses potes de la génération 2000-2001 (dont Arthur Lenne), il aurait du participer à l'Euro puis au Mondial juniors. « C'est d'autant plus frustrant qu'on avait goûté à ces deux compét' en U18 et U19. Mais je suis persuadé que pas mal de gars de cette génération sauront rebondir. Certains jouent déjà en LNH, ils vont signer pros et on les retrouvera au plus haut niveau. » Et le garçon s'oublierait même dans le lot et certainement pas par fausse modestie !
Changement d'ambiance avec Arthur Lenne. L'enfant de Colmar est moins volcanique que l'ami Charles mais tout aussi attachant. Ceux qui le croisent au quotidien, assurent que « au centre de formation, c'est celui qui bosse le plus. Il a beaucoup de jugeote dans tout ce qu'il fait et une facilité d'adaptation phénoménale. » Finalement, Arthur Lenne, ce sont les autres qui en parlent le mieux. N'attendez pas que le jeune pivot du MHB se dévoile dès le 1er contact. Il s'étonnerait presque qu'on s'intéresse à lui. ! «J'ai commencé le hand à l'âge de 6 ans à Sélestat, mon frère jouait déjà là-bas, mon père est un ancien handballeur, ma sœur et ma mère se sont plutôt tournés vers le basket. Mais pratiquer le hand, c'était... presque obligatoire (rires). Mais je n'ai pas fait ce sport pour faire plaisir à mon frère ou mon père. J'ai fait le pôle de Strasbourg et gravi les échelons jusqu'aux moins de 18. J'ai même joué quelques matches de D2 avec le SAHB.» Entre temps, Yanis lui, a quitté l'Alsace pour signer au prestigieux Barça avant d'être prêté à Pays d'Aix. Il ne rentrera pas en Catalogne et sur l'autoroute A9, s'arrête à Montpellier. Cela tombe plutôt bien puisqu'Arthur vient d'arriver dans l'Hérault. « C'était un sacrifice de quitter mes parents, mes amis, un environnement qui m'était totalement familier. Mais quand Montpellier te sollicite, tu n'as pas à réfléchir trop longtemps. Même si tu ne choisis pas la facilité. Avec Yanis, on a toujours rêvé de jouer ensemble sous le même maillot. On s'encourage et il y a une grande complicité entre nous. On n'habite pas ensemble mais je squatte pas mal chez lui (sourires). » Quelques esquisses comme demi-centre lorsqu'il était gamin, Arthur s'est vite laissé convaincre de monter d'un cran. Sur le poste de pivot et il y a vite pris goût. «Il y a c'est vrai des trajectoires qui peuvent servir d'exemple mais chacun a sa personnalité. Il faut de l'expérience pour exceller à ce poste mais le parcours de Ludo Fabregas est un modèle. Il est arrivé très rapidement à maturité. J'ai encore beaucoup à apprendre. Il me manque de l'expérience et un certain vécu. » Qu'importe, aux âmes bien nées, Canayer n'attend pas le nombre des années. Et Arthur a mérité la confiance du mentor montpelliérain. Notamment sur les deux derniers matches en trois jours face à Ivry (qui lui a valu de figurer dans le 7 de la semaine) et Besiktas où en défense, il a pleinement rempli sa mission. «Je n'ai jamais considéré défendre comme une corvée. Je cherche toujours à aller gêner le porteur du ballon. Mais je suis conscient que je suis perfectible sur les duels, sur les prises de position et surtout je dois travailler physiquement. Mais quel pied quand tu entres sur le terrain. Tu sens que tu as le poids des responsabilités sur les épaules. » Contre Nexe, ce mardi, le Colmarien aura sa part de boulot à accomplir d'autant que ni Guiraudou, ni Borges, blessés, ne seront alignés. Et puis Yanis ne sera pas bien loin. Un geste, un regard. Pour la motivation, ce sera bien suffisant.
Des trois représentants français, si l'USAM Nîmes et le MHB sont assurés de disputer les 8èmes de finale, Toulouse est en fâcheuse posture. Il faudrait un miracle pour que les hommes de Philippe Gardent puissent se qualifier. Défaits à l'aller de 5 buts en Autriche, ils doivent s'imposer de six s'ils veulent piquer la 4ème place à Fivers. Quand on sait que le Fenix reste sur sept revers consécutifs toutes compétitions confondues, on suggère au technicien haut-garonnais de faire dans la journée un aller-retour express à Lourdes !
Dans ses rêves les plus fous, l'USAM peut terminer en tête de son groupe. Quoi qu'il en soit, les Nîmois devront avoir des yeux un peu partout. C'est un acquis, ils sont qualifiés pour la suite mais selon le verdict de ce mardi soir, la posture peut être différente. Dans ce groupe B, on connaît les 4 qualifiés. Si déjà Rémi Desbonnet et les siens s'imposent ou arrachent un nul à Kristianstad, en Suède, ils sont assurés de terminer 2èmes. Mais si en plus, Berlin chute à domicile face au Sporting de Lisbonne, les Gardois peuvent basculer en tête. Si Nîmes se vautre et que le Sporting gagne, les Français pourraient se retrouver 4èmes.
Groupe A
FENIX TOULOUSE - FIVERS (Aut) 20h45
Groupe B
IFK KRISTIANSTAD (Sue) - USAM NIMES 18h45
Groupe C
MONTPELLIER HB - RK NEXE (Cro) 20h45
pour la retransmission / EHF TV mais hors de France (ce qui est très pratique !)