Une précision, d'abord : si vous avez entendu des tambours pendant la retransmission de Metz – Kristiansand, ce n'était pas un bruitage additionnel, comme dans certains stades de foot. Les bénévoles mosellans assermentés ont bien tapé dessus pour ambiancer le début de soirée.
Un constat implacable, maintenant, lâché par le président Thierry Weizman : « Toutes les séries ont une fin ». Même celle que le club mosellan pouvait croire gravée dans la pierre ocre de Jaumont. Quatre ans, une semaine et 28 matches après avoir trébuché contre Ferencvaros (25-28), les joueuses d'Emmanuel Mayonnade ont de nouveau perdu en Ligue des Champions dans leur salle. Kristiansand, défait lors de ses deux précédentes venues en phase de groupes (30-22 en octobre 2017, 26-17 en novembre 2019), a donc fait aussi mal aux Jaune et Bleu qu'en petite finale, à Budapest en mai 2019 (30-31). Pour se convaincre du choc psychologique ressenti sur linstant, il fallait voir le désarroi d'Orlane Kanor, prostrée à l'officialisation du résultat et première à rentrer au vestiaire.
La Guadeloupéenne, qui avait laissé sa place à Micijevic dans le sept de départ, a beaucoup donné de sa personne pour égaliser (10-10, 26ème), puis afin de garder un contact rapproché avec les Norvégiennes en début de seconde période (18-19, 40ème). Ainsi que sur un contre familial, initié par sa sœur jumelle, Laura (25-26, 52ème). Mais elle a également vendangé un face-face crucial à 75 secondes de la fin, là aussi en bout de sprint. La quatorzième parade de Katrine Lunde, qui fait moins que jamais ses presque 40 ans, est celle qui a compte double, voire triple.
Sako, star à mi-temps
Aussi classieuse soit la vénérable native de Kristiansand, celle-ci a été battue de deux unités par Hatadou Sako. Une homologue qui n'a en définitive qu'un seul défaut, n'avoir que deux bras. Mais c'est déjà énorme, au regard de la première mi-temps colossale de la gardienne messine. L'autre dimanche, contre Ferencvaros (30-29), l'internationale sénégalaise avait attendu le dernier quart d'heure pour passer en mode « Top Chef » (c'est de famille). Ce mercredi, elle a régné sur la première mi-temps, avec douze arrêts, près d'un sur deux. Dont un quatre à la suite que n'auraient renié ni Julien Lepers, ni Samuel Etienne.
Dans la demi-heure suivante, les attaques ont repris le dessus. Ainsi, côté messin, Astride N'Gouan (6/10) a souvent été servie sur un plateau par ses arrières. Comme sur le but redonnant l'avantage à son camp... pour la dernière fois de la partie (24-23, 48ème). Car la seconde exclusion de Nocandy (51ème) a sonné le glas de la sacro-sainte invulnérabilité continentale. En infériorité numérique, même à six dans le champ, Emily Arntzen a transpercé la défense plutôt deux fois qu'une. Par la suite, une Louise Burgaard en méforme (7 passes, mais surtout 0/5 au shoot) a laissé échapper une autre précieuse munition. Nocandy et O. Kanor aussi. Tout l'inverse de Reistad (26-29, 58ème) et de Nora Mork (7/9).
Alors qu'elle n'en est qu'à la moitié de son programme (merci le virus et les restrictions de déplacement), la troupe scandinave brandit fièrement son brevet saisonnier d'invincibilité (5 victoires, 2 nuls face à Esbjerg) pour revendiquer, à terme, l'une des deux premières places du groupe. Metz, qui pouvait ravir provisoirement le siège de leader à Rostov, reste au deuxième rang. Pour effacer les traces de cette défaite, il y aura plus efficace que de retirer à la hâte le collant blanc délimitant le terrain : aller s'imposer en Norvège. Reste simplement à savoir quand, ce déplacement censé avoir lieu samedi dernier n'ayant pas encore été reprogrammé...