Dire que la prestation bleue a été aussi morose que celle face à la Suède est exagéré, mais encore une fois, comme face à la Suède, on n’a jamais eu le sentiment que les Bleus étaient capables de renverser la vapeur. Mal partis encore une fois au point d’être menés 4-1 puis 7-2, les Français ont encore une fois été obligés de se lancer dans une course poursuite dans laquelle ils se sont épuisés. Epuisés, mais aussi, ils se sont fait plomber par des défaillances individuelles qui se sont vues comme le nez au milieu de la figure. D’abord sur cette défense centrale où l’équipe de France semblait avoir trouvé la bonne alchimie, mais la perte de Luka Karabatic a totalement fait exploser en vol ces belles certitudes. Au lieu de cela, on a encore vu un axe central toujours au « milieu », c'est-à-dire nulle part. 17 buts espagnols sont arrivés par cet axe où on ne veut pas tirer sur l’ambulance, mais la responsabilité d’Adrien Dipanda a été engagée un sacré paquet de fois. Mais il n’y a pas eu que la défense, et on peut même dire que sans être au niveau de son ex-coéquipier parisien Rodrigo Corrales, Vincent Gérard a livré une prestation sérieuse à 11 arrêts à presque 30%, on était loin des 5% de la demi-finale. Mais d’autres se sont chargés de plonger le jeu bleu dans le fond du seau. La base arrière n’a pas été encore une fois suffisamment « coureuse » pour déstabiliser la défense ibère. Kentin Mahé a trop fait du jeu façon « Canard sans tête »... à s’engager dans des mouvements que même lui ne comprend pas sur ce que l’on voit. Restaient les ailiers et les pivots pour sortir les Bleus de ce marasme. Deux joueurs sont d’ailleurs à ressortir. En premier, parce qu’il aura été le premier à se mettre en évidence, un Nicolas Tournat (Photo de tête) dont on se demande encore et pourquoi les Bleus se sont privés de ses qualités offensives. Bien sûr son association en défense centrale avec Adrien Dipanda a été souvent calamiteuse, mais il y a peut-être une part de responsabilité du côte du Raphaëlois, parce que Ludovic Fabregas a été sur les deux derniers matches lui aussi dans le dur dans ces situations de défense. Toujours est-il que l’ex-pensionnaire du pôle de Poitiers a été tout simplement royal offensivement et pendant longtemps la seule solution un peu crédible des Tricolores. En seconde mi-temps, on a vu Hugo Descat (Photo ci-dessous) enfiler les buts en contre-attaque et sur son aile gauche, et clairement la qualité de shoot du Montpelliérain et sa grinta ont failli renverser la vapeur du match.
Mais pour vraiment y arriver, il aurait fallu avoir un côté gauche dangereux en permanence et percutant. Jean Jacques Acquevillo n’a pas démérité, mais il ne fait pas peur aux défenses comme pouvait le faire Timothey N’Guessan avec ses engagements de taureau furieux et son bras dévastateur. Un côté gauche qui crée du danger, un demi-centre qui gère le jeu et place les enclenchements qui doivent être beaucoup plus propres et un axe central défensif recomposé, voilà sans doute la tâche qui attend Guillaume Gille et son staff. Mais il faut faire vite, très vite, le TQO arrive à vitesse grand V et entre temps les joueurs vont être quasiment condamnés aux travaux forcés. Le capitaine Michael Guigou a d’ailleurs lancé un vrai message d’alerte au micro de BeIN Sports : « Il va falloir rester sage dans les calendriers ! On a regardé ce qui était prévu dans nos clubs… Je sais bien qu’on a des matches de retard, mais jouer 4 fois en une semaine, il faut quand même ne pas faire n’importe quoi, penser à la santé des joueurs. C’est une année particulière, mais attention au calendrier. Quand je vois qu’on nous demande de faire un match le mardi avant le TQO qui comportera 3 matches les vendredi, samedi et dimanche, on se demande à quoi on joue… »
Au Caire (EGY), Cairo Stadium Hall 1
Le dimanche 31 janvier 2021 à 14h30
Espagne - France : 35 - 29 (Mi-temps : 16-13)
Arbitres : MM Gubica Matija et Milosevic Boris (CRO)
Evolution du score : 4-1 5°, 8-4 10°, 11-6 15°, 13-8 20°, 14-12 25°, 16-13 MT - 20-16 35°, 23-18 40°, 27-23 45°, 31-25 50°, 33-28 55°, 35-29 FT.
Les réactions
Kentin Mahé (Au micro de BeIN Sports) : « On a manqué d’audace, on n’a pas forcément cru en nous comme on avait su le faire en début de compétition. J’ai l’impression que ce qui n’avait pas marché face à la Suède n’a pas plus marché aujourd’hui et en plus on est tombé sur un grand Rodrigo Corrales et on na pas su garder notre sang-froid dans les moments clefs. C’est clairement une remise en question pour la suite. J’aimerai dire qu’on est tombé sur de très grosses équipes depuis le début de la compétition et qu’on y a laissé pal mal de plumes et enchaîner les matches de très haut niveau vu le parcours qu’on a eu ce n’est pas évident et que les blessures ne nous ont pas simplifié la tâche. Mais tout cela ne remet pas en question le fait qu’il faut qu’on mouille le maillot d’une autre manière et qu’on arrive à se mettre dedans un peu plus rapidement. Il y a des questions à se poser mais aujourd’hui les Espagnols ont mieux joué tactiquement que nous et ils ont mérité leur médaille plus que nous… »
Michael Guigou (Au micro de BeIN Sports) : « Après avoir enchaîné 7 victoires finir par deux défaites, c’est frustrant et est-ce que cela représente le niveau qu’on a eu tout au long de la compétition, je ne sais pas. Comme je le disais après la demi-finale, il nous a manqué un peu de force, un peu d’énergie pour bien finir. C’est dommage parce qu’on a montré de belles, belles choses pendant cette compétition et c’est dur de sortir comme ça… Tout au long de ce Mondial on a été vaillants, on a su trouver des solutions quand on avait des blessures ou quand on était en difficulté dans les matches. Mais quand le niveau est monté un peu, ce manque d’énergie et ce manque de solutions nous ont rattrapé et c’était un peu trop pour nous sur la fin. Ce n’est pas simple de jouer une médaille dans notre position face à une équipe comme l’Espagne qui a plein de certitudes, qui est double championne d’Europe en titre et dont le groupe a très, très peu bougé. On savait que soit en finale soit pour le bronze, qu'on jouerait une équipe qui a un titre en poche et dont le collectif est très bien rodé. Alors que nous, on était juste en train qu’acquérir cette confiance et cette justesse dans les rotations. Et il faut dire que les deux blessures face à la Hongrie nous ont bien freiné dans cette dynamique. C’est dommage mais c’est comme ça et il faut rester fier de ce que l’on a fait. »
Guillaume Gille (Au micro de BeIN Sports) : « il nous a encore manqué beaucoup de choses sur ce match, on a été tout le temps derrière et les Espagnols nous ont été supérieurs dans beaucoup de domaines. Par phases, on a réussi à proposer des choses intéressantes, mais on a été pris soit dans le piège « Corrales » qui nous a posé beaucoup de problèmes. En défense, là aussi on fait des bonnes phases mais on finit par être châtiés sur un tir en appui ou des tirs de loin qui nous transpercent. Alors il y a un peu de frustration parce que je pense qu’il y a quelques moments clefs que l’on rate mais il faut aussi saluer la prestation des Espagnols qui ont été beaucoup plus en maîtrise que nous et qui dans leur jeu, sont beaucoup plus stables, beaucoup plus clairs et avec beaucoup plus d‘expérience que nous à ce stade. On va prendre le temps de faire l’analyse globale de la compétition avec le staff, ce qui est certain c’est que dans ce Mondial on a alterné le très, très bon, ce qui nous a permis de faire de gros résultats, et par moments le moyen voire l’insuffisant. C’est ce qui donne ce bilan un peu mitigé en termes de jeu. On peu voir cette compétition sous l’angle de ce qui nous a manqué, je préfère le faire sur ce que l’on a réussi à produire de bon et sur cet état d’esprit qu’on montré les joueurs qui est prometteur. C’est là-dessus qu’il faut s’appuyer pour se projeter vers ce TQO qui va arriver dans quelques semaines avec 3 matches en 3 jours face à une très grosse adversité. »
Le diaporama du match par S. Pillaud - FFHB