Depuis le Mondial 2005 en Tunisie, Michaël Guigou a l'habitude de fêter son anniversaire au milieu de ses partenaires de l'équipe de France. Généralement en fin de compétition. Normal, il est né un 28 janvier. Cette année, cela tombe plutôt bien puisque les Français ont accroché le wagon pour les demi-finales et le capitaine des Bleus peut faire durer le plaisir. Le mot est lancé. Sans cette notion, l'Aptésien de naissance n'aurait très certainement pas livré autant de combats, transformé souvent l'improbable en réalisable, le triste en étincelles. Comme cette révolte qu'il a sonnée à sa manière lors du quart face à la Hongrie. Il n'y avait que lui pour raviver l'espoir et faire redescendre les Magyars du nuage sur lequel ils s'étaient perchés. «Du coin de mon aile, j'étais très déçu de notre entame de match, avoue-t-il. Je n'avais vraiment pas envie que face à une équipe comme la Hongrie qui joue avec beaucoup de confiance depuis le début du championnat, on puisse les mettre d'entrée dans cette disposition. Après, sur le poste d'ailier, des fois tu as des balles, des fois tu n'en as pas donc là j'ai essayé de sortir un peu plus de ma boîte pour aider l'équipe et ça nous a souri. Sans parler de mon rôle de capitaine, j'ai la détermination de voir cette équipe de France dominer de cette manière-là. » Un 5/5 en 20 minutes pour sortir les Bleus de l'ornière dans laquelle ils avaient glissé. « C'est vrai qu'on a envie de franchir ce palier qu'on n'a plus réussi à franchir depuis 2017, on a fait de belles compét' mais on s'est écroulé deux fois en demi-finale, contre l'Espagne et contre le Danemark... on n'avait pas trop existé. On a envie de continuer à grandir et se prouver qu'on est capable d'aller en finale. » Le temps n'a décidément pas de prise sur le Nîmois qui a pris toutes les dispositions nécessaires pour organiser au mieux la fin de l'aventure, ne pas faire la saison de trop et veiller encore plus qu'il ne le faisait auparavant à son hygiène de vie. «Avec la chirurgie, on fait beaucoup de choses aujourd'hui (rires) Je vieillis bien, je fais beaucoup d'efforts depuis pas mal d'années et depuis un an là, avec des kinés sur Montpellier, on a décidé de faire un gros boulot pour essayer de rééquilibrer un peut tout, pour trouver des solutions pour bien terminer ma carrière. C'est cool parce que je me sens bien donc je ne dis pas que je rajeunis mais que je vieillis bien. » Du coup, aurait-il une idée derrière la tête et aller du moins avec l'USAM, au-delà du bail de deux ans signé en février 2019 ? « J'en ai déjà parlé avec Nîmes, c'est à voir, il y a des tas de choses qui rentrent en compte, en 1er lieu, mon état physique, de ce côté-là, ça va, il y a le contexte Covid où on joue sans public et si j'ai signé à Nîmes, c'est quelque part pour partager avec ce public et cette ferveur du Parnasse, c'est en réflexion et on va prendre le temps d'en rediscuter. Mais c'est sûr que je prends du plaisir avec l'équipe de France, avec Nîmes, donc je suis très heureux de pouvoir me poser la question et de pouvoir envisager sereinement cette possibilité. » Chez les Bleus en Egypte, "Mika" est le plus capé de tous. 292 sélections, un palmarès qui pourrait faire des envieux et 989 buts inscrits durant toutes ces années.
D'ici la fin de semaine, il pourrait entrer dans le cercle très fermé des 1000 et rejoindre ainsi les Frédéric Volle, Nikola Karabatic et Jérôme Fernandez. « Bien-sûr que je suis très fier du passé, très fier de ce que j'ai fait jusqu'à maintenant et aujourd'hui, je suis toujours capable d'apporter quelque chose sur le terrain, de vivre les choses avec passion, de vivre encore un Mondial, à 39 ans, c'est pour moi un cadeau exceptionnel que de pouvoir me le permettre. Je vis tout cela sans stress mais avec beaucoup de motivation. » Mieux qu'une icône, Michaël Guigou est devenu aujourd'hui un modèle pour des centaines de gamins qui comme lui ont poussé très jeune, les portes d'une salle plus ou moins bien éclairée. Et ce sont ces mêmes jeunes, dans le Vaucluse, l'Hérault, le Gard ou même ailleurs qui resteront le nez collé au téléviseur ce vendredi (dès 17h30) pour voir le feu follet du bord de ligne donner le tournis aux Suédois.
Jérôme Fernandez : « L'équipe de France peut atteindre la finale »
Avec 1463 unités, Jérôme Fernandez est le recordman de buts inscrits en sélection. Le capitaine de l'équipe de France entre 2008 et 2015 porte un regard très pertinent sur le parcours des Bleus dans le Mondial égyptien.
Qu'est-ce qui force le respect dans ce que livrent actuellement les Français ?
C'est le côté mental surtout parce qu'à part le match contre le Portugal, tous les autres ont été disputés et à chaque fois, les joueurs ont trouvé les ressources pour s'en sortir. C'est surtout cela qui est marquant. Il y a encore plein de choses à améliorer mais dans la détermination, l'engagement physique et la solidarité, ils sont exemplaires et ils savent qu'aujourd'hui en s'appuyant sur une défense solide et un jeu rapide sur grand espace, ils peuvent renverser tout le monde.
Les valeurs véhiculées par l'équipe de France persistent-elles au fil du temps ?
Je le pense. Ils ont hérité de cet état d'esprit qui perdure depuis les Barjots même si les générations sont différentes. Ils savent qu'ils ont sur leurs épaules le maillot bleu et que ce maillot représente énormément pour notre sport et pour tous ceux qui l'ont marqué. Avec ces valeurs-là et le talent, ils arrivent à se hisser dans le dernier carré. Il y a eu en effet des périodes où la France ne jouait pas un très bon handball et elle arrivait quand même à monter sur le podium ou à gagner des titres.
Quel regard portes-tu sur Guillaume Gille ?
Je vois le Guillaume que j'ai toujours connu. Quelqu'un de collectif qui aime travailler en équipe, qui donne des responsabilités, qui fait confiance, C'était un leader dans le partage et l'accompagnement et il a d'ailleurs joué à certains moments un rôle très important parce qu'il n'était pas forcément titulaire mais lorsqu'il était sur le terrain, il amenait d'autres solutions.. Il a bien réparti les tâches et tout le monde a bien compris ses attentes. Moi ce que je trouve super, c'est qu'au fil de la compétition, il a su trouver les clés pour rendre cette équipe encore plus performante dans la durée notamment en replaçant Nédim sur le poste de demi-centre.
A ce sujet, il n'a pas fait de sentiments contre la Hongrie, en retirant Kentin Mahé...
Oui, complètement mais Guillaume sait que sur les matches couperet, il n'y a pas de place pour les sentiments et qu'il faut compter sur les joueurs qui sont en réussite sur le moment. Alors, c'est vrai que sur les matches de poule, le staff a essayé plusieurs associations mais maintenant que la bonne alchimie a été trouvée, il s'appuie dessus. Guillaume a sorti Kentin parce qu'il n'était pas dans son assiette, quitte à lui redonner du temps de jeu quand il aura retrouvé ses esprits sur le banc.
Le rôle de Nédim Rémili est-il crucial dans ce type de situation ?
On pouvait penser que Kentin était le titulaire sur le poste mais Nédim apporte aussi énormément de garanties. En plus, il est gaucher donc c'est déstabilisant pour la défense adverse, il a plus de tirs de loin, il a l'expérience du jeu au PSG. On le voit sur les temps morts. Il n'hésite pas à donner des directives tactiques et d'ailleurs Guillaume lui délègue ce rôle-là. Mais attention, la vérité d'aujourd'hui n'est peut-être pas celle de demain, au mois de mars ou celle des J.O si on se qualifie. Mais en tout cas, on sait qu'en équipe de France, tous les joueurs sont importants mais personne n'est indispensable.
On a un carré final sans grande surprise...
Oui, car le Danemark et l'Espagne sont là où on les attendait. Par contre, on aurait pu imaginer y retrouver les Croates ou les Égyptiens. A ce sujet, je pense que l'absence de supporters dans la salle leur a été préjudiciable. Hier par exemple, s'il y a 15 000 Égyptiens autour du terrain, les Danois ne sortent pas vainqueurs. Il y avait ensuite une bonne panoplie d'outsiders, la France et la Suède passent en demi-finale et c'est tant mieux. Et je crois en cette équipe de France. Elle peut atteindre la finale. »