On ne sait pas de quoi sera fait l’avenir immédiat des Bleus. Ils sont dans le dernier carré d’une grande compétition, et on le sait, c’est le gage d’une entreprise réussie ! Ce qu'ils pourront faire face à la Suède, puis face à l’Espagne ou le Danemark, personne ne le sait, une médaille de quelque métal quel soit sera la validation de ce parcours immaculé en Egypte, mais cela appartient quasiment à une autre histoire, celle que les Français vont s’offrir sur deux matches. Maintenant, les raisons de cette entrée parmi les 4 équipes phare du Mondial sont multiples. A commencer par un coaching lucide et pointu avec des prises de temps mort dans les bons timing. Une volonté du staff de Guillaume Gille de garder les 20 joueurs concernés, même si ceux-ci n’ont pas forcément donné satisfaction. Mais ce qui frappe le plus et ce qui caractérise le plus le parcours des Français dans la compétition, c’est un mental à toute épreuve. Si certains veulent s’amuser à leur coller des surnoms, on va leur proposer « Les Résilients » tellement cette équipe s’est sortie de tout avec un mental d’exception.
Et sur ce match, c’est par deux fois qu’ils se sont offerts une résurrection. D’abord en se sortant d’une entame de match qualifiée par Guillaume Gille de « Catastrophique » ! Un 7-1 infligé par la Hongrie dont on se demandait comment les Français se sortiraient. Arrêts de Roland Mikkler, pertes de balles, tirs non cadrés, l’attaque bleue étaient dans le dur et la défense dépassée par la vitesse de jeu des Hongrois avec un Mate Lekai (Photo ci-dessous) roi du jeu dans tous les domaines. Il fallait trouver l’homme clef pour se sortir de là, et qui de mieux pour le faire que le capitaine, celui que certains voudraient envoyer à la retraite va prouver en 10 minutes qu’il restait un joueur totalement hors normes. Michael Guigou, (Photo ci-dessus) c’est bien lui, allait tout faire et même plus pour remettre son équipe dans les pas des Hongrois. But à l’aile, interception, temps forts en attaque, buts en contre-attaque, la totale et par magie les Français oubliaient leur 10 premières minutes totalement loupées pour enfin se lancer dans un vrai match face à une Hongrie qui montrait touts ses arguments. En premier, un Bence Banhidi qui va faire exploser le bloc bleu, comme il a fait exploser tous les autres blocs depuis le début du Mondial. Ensuite Mate Lekai, génial meneur de jeu qui peut d’un coup de baguette magique se muer en buteur chirurgical. Enfin Roland Mikkler qui va faire souffrir les artificiers tricolores pendant 70 minutes. Mais les Français avaient retrouvé une partie de leur potentiel, Vincent Gérard sortait les arrêts, la défense centrale finissait par résoudre l’équation improbable Lekai – Banhidi, et le duo Mathé – Bodo n’arrivait pas à se mettre dans des situations de tir confortables. Alors les Bleus vont grignoter, se battre, parfois replonger sur une bourde ou un oubli, mais repartir au charbon pour finalement prendre la main au score au retour des vestiaires.
Une fois passés devant, on se disait que le plus dur avait été fait, et que les Hongrois, qui commençait à avaler la trompette, ne pourraient offrir une résistance durable aux Tricolores. Et c’est bien ce qui se passait, l’attaque hongroise n’avait plus la même percussion et tout était bien compliqué pour eux. Comme dans le même temps, Dika Mem et Timothey N’Guessan retrouvaient leur bras version « Portugal », la fin de match semblait s’ouvrir vers une certaine tranquillité tricolore. Mais un double coup du sort allait faire replonger les Bleus. Les blessures de Luka Karabatic et puis celle de Timothey N’Guessan retouché aux adducteurs et dont on craint vraiment un forfait définitif pour la suite. Pourtant, les Français vont arriver à se reprendre et mener de 3 buts à 3 minutes de la fin. Malheureusement ils vont totalement louper ces 3 dernières minutes et offrir à une Hongrie pourtant bien bouillie physiquement, le droit d’y croire encore en prolongations. Sauf que cette fois, tout va être maitrisé, la Hongrie ne va s’offrir qu’un tout petit but dans le jeu en 10 minutes, louper un 7 mètres, perdre 3 ballons et ainsi donner aux Français les munitions pour clore une fois pour toute les débats dans ce quart de finale.
Les réactions d'après-match (au micro de BeIn Sports)
Michaël Guigou (capitaine et ailier gauche de l'équipe de France):
« C'est de la fierté, car en étant menés d'entrée de jeu, on ne s'est pas mis dans les meilleures dispositions pour attaquer ce match. On a cru en nous, en notre jeu, en notre force. On a gagné, c'est le plus important dans ces confrontations, peu importe la manière. Luka et Tim sont certainement out pour la suite. C'est dur mais on s'accroche. On a un banc d'une force que peut-être personne à part l'Espagne ou le Danemark ont, en termes de rotation, à nous de nous en servir. C'est peut-être ce qui nous a permis de durer dans le match. Pour ma part, j'avais à cœur d'aider l'équipe. Quand on est à l'aile, des fois on peut, des fois on ne peut pas. J'ai essayé de mettre toute mon énergie, le dernier jour de mes 38 ans, pour ne pas sortir sur une élimination comme ça. Je suis très content qu'on ait réussi tous ensemble à se révolter, à se réveiller, à ne pas paniquer. Quand ton équipe coule, forcément, tu te sens responsable de ce qui se passe. Oui, j'avais envie de montrer l'exemple, de réveiller un peu tout le monde. Ce soir, c'était moi, plus les autres au fur et à mesure. C'est aussi la force de notre équipe: tout le monde est capable de faire la différence. »
Romain Lagarde (arrière gauche de l’équipe de France)
« On est heureux… on s’est battu pendant 70 minutes… je me suis donné à 100% sur la prolongation et j’avais envie de me racheter sur ce qui s’était passé avant. On a mis la tête et c’est comme cela qu’on continue. On a été bien patients parce que le 7-1 du début il fait mal au moral, on a su rebondir et c’est ça qui est important. Cette équipe a montré que même menée, on peut rebondir et aller chercher la gagne. On a souffert de la même façon au 1er tour et au tour principal, on sait que cela va être dur sur tous les matches mais maintenant, on a une demi-finale à jouer. »
Valentin Porte (ailier droit de l’équipe de France)
« Dans le vestiaire à Créteil après la Serbie, au fond de nous, je crois qu’on ne donnait pas très cher de notre peau, si on m’avait dit qu’on allait faire 7 victoires en 7 matches, je n’y aurais pas cru du tout. C’est beau le sport et encore ce soir, il s’est passé de très belles choses. Le début de match a été catastrophique, c’est peu de le dire, mais on n’a rien lâché, on est revenu, on s’est dit avec Hugo, Nico et Yann, qu’il fallait mettre un coup d’accélérateur, c’est notre rôle de secondes lames, on a remis beaucoup d’activité et je veux remercier les 4 qui sont en tribune (Desbonnet, Acquevillo, Claire et Lenne) qui font plus de bruit que les deux bancs réunis, on est une équipe de 20 joueurs. Je ne sais pas ce qui fait qu’on est aussi costauds dans la tête, la compét de l’an passé qui s’est mal passée, les deux matches de la Serbie où on passe pour des guignols, tout ça a fait qu’on n’a plus envie de revivre ça. On ne se pose pas de questions et même à 3-9, on ne panique pas donc ça c’est plutôt une bonne nouvelle pour la suite avec des matches qui risquent de se jouer aussi au mental. »
A Gizeh, Dr Hassan Moustafa Sports Hall
Le mercredi 27 janvier à 20h30
France - Hongrie : 35 - 32 (Mi-temps : 12-14 - Fin du temps : 30-30)
Arbitres : MM Garcia Ignacio et Marin Andreu (ESP)
Evolution du score : 1-3 5°, 1-7 10°, 5-9 15°, 7-9 20°, 10-12 25°, 12-14 MT - 14-16 35°, 20-19 40°, 23-22 45°, 26-25 50°, 30-27 55°, 30-30 FT, 32-31 65°, 35-32 70°AP.
Le diaporama du match par S. Pillaud FFHB