Mathilde Plotton a inscrit le premier but de Noisy-le-Grand – Sambre Avesnois, en puissance et en extension dans le secteur central. Elle a aussi clôturé le score, sur penalty. Une sixième réalisation (sur 13 tentatives) anecdotique. Car entre l'introduction et la conclusion, l'ensemble de Seine-Saint-Denis n'a pas su faire fructifier son bon premier quart d'heure, durant lequel l'arrière gauche de 21 ans a mis beaucoup d'impact au tir et en défense. « Je pense que le problème est mental. Les compétences physiques et techniques, on les a. mais dès qu'on arrive en match, on n'est plus là. C'est comme si on n'osait pas jouer le jeu qu'on pratique toute la semaine. J'aurais du mal à dire pourquoi. »
De retour dans son (huis) Clos de l'Arche, qui sonnait creux comme toutes les autres salles, malgré les décibels de musique urbaine et la gouaille du speaker, le promu francilien a ainsi essuyé sa deuxième défaite consécutive (28-34), après celle au Havre dimanche dernier (22-24). La quatrième en cinq rencontres. Frustrant, mais toujours moins que d'être reconfiné contre son gré. Fin octobre, après trois journées entières sur les 14 de la première phase, la D2 féminine a été mise en veilleuse. L'incompréhension s'est répandue à la vitesse d'un variant parmi les actrices, qui ont adressé une lettre ouverte interclubs aux instances. Au nom de Noisy, Mathilde Plotton l'a paraphée. Leader d'opinion, en plus d'être la nouvelle patronne offensive de son équipe (*) ? « C'est une initiative qu'on a eue avec les joueuses-référentes de chaque club. Je suis la joueuse-référente de Noisy. C'est moi qui ai transmis les informations. Je suis quelqu'un de révolté dans la vie, mais je n'étais absolument pas la seule. On est toutes dans le même bateau. »
« Une récompense pour toute la division »
Un navire peuplé de joueuses pros ou semi-pros - comme l'internationale juniors -, de quelques entités dotées du statut VAP (Voie d'accès au... professionnalisme), mais alors considéré moins pro que la bien nommée Proligue masculine. Cherchez l'erreur... « Passer trois mois sans jouer, ça été difficile, avoue la fille de Montbrison (Loire). On s'est un peu senties sur la touche. Dans notre position de joueuses, certains arguments de la Fédération étaient compréhensibles, d'autres peut-être moins. Après, on a travaillé pour obtenir le statut professionnel, on nous l'a enfin accordé. C'est une récompense pour toute la division, les clubs, les dirigeants, les bénévoles. C'a été dur, on a réussi. »
A Noisy-le-Grand, néanmoins, l'attente pour recevoir ce statut dérogatoire collectif n'a pas paru interminable. « On a eu la chance d'être soutenues par la mairie, de pouvoir s'entraîner presque normalement. Forcément, il y a eu des concessions sur la préparation physique, parce qu'on n'avait plus accès aux salles de sport. A part deux semaines de vacances à Noël, on ne s'est pas vraiment arrêtées. C'est plutôt une chance pour nous. Je sais que des clubs n'ont pas eu cette opportunité. »
Et en marge du hand, la sœur jumelle de Pauline (demi-centre à Bègles, dans l'autre poule de D2), a continué d'étudier à Sciences Po Paris. Un cursus semblable à celui de la Messine et ex-Parisienne Melvine Deba, « une des raisons » de son départ d'Achenheim il y a moins d'un an. « Quand on est habituée à mener les deux parcours de front, c'est dur de retourner à uniquement une activité. On n'est pas forcément plus productive ou plus concentrée », observe celle qui envisage une orientation « dans le domaine des droits de l'Homme ». « Là, ça fait un bien fou. Je suis très contente d'avoir repris la compétition, et j'espère vraiment qu'on va renouer avec la victoire rapidement. » Mathilde Plotton lance une autre lutte pour la relance, avec son bras droit comme arme et sa trottinette électrique comme fier destrier...
(*) 33 buts inscrits en cinq matches de D2, dont près de la moitié (15/17) contre Octeville, le 10 octobre (26-30).