Encore une fois, l’entame de match ne ressemblait pas à grand-chose. Comme le dira plus tard Valentin Porte « Face à la Norvège on avait peur de prendre une volée, alors on est arrivés sur le terrain comme des morts de faim ». Une défense ou tout le monde se loupe les uns derrière les autres et ne retient pas l’erreur commise par le copain à côté. Une attaque où la base arrière ne court pas et se fait manger toute crue par l’agressivité algérienne, et où la seule option de jeu est un Nicolas Tournat certes énorme, mais la seule … Bref pas grand-chose à se mettre sous la dent et des joueurs qui loupent totalement leur entame. On ne veut stigmatiser personne mais le premier quart d’heure d’Adrien Dipanda a été assez catastrophique et Romain Lagarde n’a jamais réussi à se sortir la tête du seau dans lequel il s’est fourré tout seul. Et quand 2 joueurs sur 6 sont à la ramasse, les autres ont mécaniquement plus de mal à trouver de la confiance… Dans tout cela l’Algérie menait tranquillement les débats de 3 puis 4 buts et le jeu tricolore ne ressemblait à rien. Heureusement, la France a un atout c’est sa profondeur de banc. Le duo Luka Karabatic – Ludovic Fabregas qui prend le centre en défense, Dika Mem qui apporte sa percussion et son tranchant, Luc Abalo qui s’offre de belles envolées à l’aile et Melvyn Richardson qui se sort la tête de son trou, tout cela permettait aux Bleus de reprendre vigoureusement la main sur le match et on pensait que ce début de match était à mettre en pertes et profits. Sauf que cette belle envolée va se crasher en beauté sur la fin de première période avec le retour des hésitations, des courses en crabe et des errements défensifs.

Alors l’Algérie a pris tout ce que les Bleus lui offrait et avec du talent, car qu’on ne se leurre pas, les Abdi, Berkous, Arib et compagnie ont du talent et Alain Portes a transformé tout ce beau monde en équipe. Alors avec des Français qui leur donnaient tout ce qu’ils pouvaient, ils ne pouvaient que revenir et même passer devant. Même si Kentin Mahé amenait toute sa percussion et sa grinta. Même si Dika Mem ressemble de plus en plus à l’avion de chasse qui vole au-dessus du Nou Camp et que Ludovic Fabregas était lui aussi monstrueux. Même si Vincent Gérard faisait tout ce qu’il pouvait et même un peu plus pour ne pas que l’Algérie s’envole irrémédiablement. Les manques et les erreurs des autres plombaient les qualités individuelles de ceux qui pouvaient tirer les Bleus vers le haut et on va trembler encore et encore avant que Vincent Gérard ne plie les derniers espoirs algériens comme face à la Suisse offrant ainsi à Jean Jacques Acquevillo enfin l’idée de lâcher un bras que l’on sait ravageur.

Au final un 29-26 qui met les Bleus en pole position dans ce groupe III, mais dans la forme et le fond, on se dit que tout cela ne peut pas durer si il n’y a pas un vrai changement d’état d’esprit dans le groupe. Dans deux jours l’Islande sera un premier jeu de la vérité et deux jours après le Portugal sera l’ultime test absolu…

A Gizeh, Dr Hassan Moustafa Sports Hall
Le mercredi 20 janvier à 18h00
France - Algérie : 29 - 26 (Mi-temps : 16-14)
Arbitres : MM Lopez Grillo Julian et Lenci Sebastian (ARG)
Evolution du score : 1-3 5°, 3-7 10°, 8-9 15°, 11-9 20°, 15-11 25°, 16-14 MT - 20-17 35°, 20-20 40°, 22-22 45°, 25-24 50°, 26-25 55°, 29-26 FT.

Les réactions
Valentin Porte (Au micro de BeIN Sports) : « Clairement c’est une victoire très difficile, et vu du banc, on ne peut pas faire grand-chose pour aider. Ca, plus le match face à la Suisse cela fait beaucoup… Alors on va retenir les deux points, les 4 victoires consécutives mais il va falloir faire beaucoup mieux que cela avec les gros morceaux qui arrivent on ne va peut-être pas frôler la correctionnelle tout le temps et peut-être se faire punir à un moment donné. Je nous en veux, car j’étais dedans, à l’équipe qui a démarré et c’est le début de match qui donne le ton du match. Je me rappelle que face à la Norvège on a démarré comme des morts de faim, mais parce qu’on avait peur de cette équipe, peur de prendre une volée donc on s’est de suite dans le match et on n’a pas baissé de rythme de tout le match. Et là depuis cette rencontre, on commence à moins bien débuter les matches, à moins avoir faim. On peut pardonner les problèmes tactiques ou techniques, mais dans l’envie, dans ce que l’on dégage dès le début, c’est hyper important et là on les a mis dans un fauteuil, bien en confiance et on l’a traîné sur tout le match. Au-delà des problèmes tactiques, il faut déjà qu’on retrouve de la hargne, de l’envie et qu’on arrête de jouer tranquille comme ça, c’est stressant. Et je m’en veux car je fais partie de l’équipe qui n’a pas su mettre les bons ingrédients dès le départ. »

Guillaume Gille (Au micro de BeIN Sports) : « Une victoire très étriquée, on va juste retenir ces deux points qui nous permettent de rentrer dans ce tour principal, mais clairement au niveau des contenus, la copie est à revoir. Il y a eu beaucoup trop de secteurs dans lesquels on a pêché par manque de justesse, par manque de maîtrise et par moment, par manque d’agressivité notamment dans le duel aussi bien défensif qu’offensif ou face au gardien de but. On a aussi perdu beaucoup de ballons sur des actions assez simples… On savait qu’il fallait beaucoup de travail avec ce groupe par rapport à ce nouveau chapitre qui s’ouvre pour l’équipe de France et force est de constater que l’on pensait être plus avancé et qu’on aurait pu vivre un match plus maîtrisé dans lequel le rapport de force penche plus en notre faveur. Car sans faire injure aux Algériens qui ont fait un très bon match l’équipe de France se doit de montrer autre chose. Je suis déçu qu’on n’ait pas su empiler les phases positives, il y a eu des moments où on a eu des fulgurances où les choses semblent retrouver leur place et où on enchaîne les bonnes actions mais aussitôt derrière, des pertes de balles, des errements défensifs qui nous coutent cher et qui nous empêche de maîtriser ce match et de pouvoir nous envoler au score. Mais on a aussi su gagner sur une fin de match au couteau. Et c’est ce que l’on voit dans Mondial où des fins de match accrochées, il y en a beaucoup et quel que soit le statut des deux équipes sur le terrain. »

 Le diaporama du match par S. Pillaud FFHB