C'est un fait de jeu qui lorsqu'on connaîtra le diagnostic médical pourrait éclipser ce 3ème succès de rang des Français dans ce championnat du Monde. Vingt-et-unième minute de jeu, Wesley Pardin se détend sur un tir de Cedrie Tynowsky, en fin de course, l'ailier droit de la "Nati" retombe lourdement sur le genou du portier tricolore. Grimaçant de douleur, il sera évacué du terrain, porté par deux de ses partenaires. Après les 1ers soins de Jean Christophe Mabire le kiné et de Pierre Sébastien, le doc, l'Aixois ne restera pas sur le banc, préférant regagner le vestiaire. 

Avant ce coup dur tant Wesley Pardin était dans une forme ascendante sur ce Mondial, les Français étaient entrés assez timidement dans le match. Comme s'ils avaient laissé les clés sur leur propre camion et que les Suisses pourtant d'habitude si bien élevés, s'en étaient emparés et avaient entamé un gymkhana. A la manœuvre sur le champ, Andy Schmid. Le meneur de jeu de 37 ans va étaler tout ce qu'il sait faire en matière de handball. Et chez le joueur des Rhein Neckar Löwen, la panoplie semble être infinie. Passeur au millimètre pour ses pivots, accélérateur du jeu, fixateur de défense pour décaler l'ailier, tireur multi-positions, bref, "Herr Schmid" a fait ce qu'il a voulu. Et aussitôt curieux que cela puisse paraître, personne côté français n'est venu le caresser. Il eut été opportun d'essayer de le prendre en stricte. Apparemment, personne n'y a pensé. 

Les Helvètes avaient bien préparé leur affaire. Sans en avoir l'air, ils vont tisser une toile défensive dans laquelle leur vis-à-vis va souvent s'enferrer et surtout utiliser leur jeu du 7 contre 6 contre lequel les Tricolores n'ont pas ou si peu trouvé de remèdes. Les Suisses vont imposer leur rythme, faire déjouer l'adversaire et surtout le faire douter au point de voir Hugo Descat sur plusieurs actions à 6 m se faire complètement happer par Nikola Portner. Car si Andy Schmid a parfaitement rempli son rôle de pourvoyeur, le gardien de Chambéry a livré sa partie. Et dire que nous ne l'avions pas pris au sérieux lorsque la veille en interview, il nous avait affirmé que l'intention de la "Nati" était de battre les Tricolores ! La Suisse invitée sur cette épreuve à la place des États-Unis a bien failli réussir son coup. Jamais elle n'a baissé les bras, jamais aussi, elle n'a pris la foudre d'une sélection tricolore mal inspirée. Trop respectueuse et en manque d'agressivité ! Il faudra quelques grattages de ballon de Michaël Guigou et surtout des parades de Vincent Gérard pour éviter le pire. 

La sortie de Pardin avait comme déstabilisé le groupe mais on pouvait légitimement penser que cette apathie était passagère. Sauf que plus les minutes s’égrainaient, plus les Suisses tenaient le choc avec toujours le même métronome sur le parquet. A l'entame du dernier quart d'heure, Andy Schmid venait de signer dans un fauteuil, sa 10ème réalisation et six minutes plus tard, son équipe était repassée devant (22-23 à la 53ème). La légendaire patience helvète était en train de payer. Heureusement, Vincent Gérard respectant le couvre-feu, va tirer le rideau et fermer le magasin. Dans un money-time où son équipe va se retrouver en double infériorité numérique ! Nikola Portner va bien réaliser son 12ème et ultime arrêt pour donner l'espoir d'une égalisation mais le portier français ne se laissera pas manœuvrer sur l'ultime rush helvète. 

Les Tricolores reviennent de loin, c'est un avertissement avec frais puisque ce lundi soir, ils ont sans doute perdu un des leurs.  

TOUR PRINCIPAL  -  GROUPE 3

Les réactions (au micro de beIN Sports)

Vincent Gérard (gardien de buts EDF): "Ce qui est difficile avec ce type de match, c'est qu'on n'a pas su maîtriser le rythme. A part vers la fin où les bras des arbitres se sont levés un peu plus vite, on a eu des attaques qui ont été très longues et du coup, c'était très frustrant. En 1ère, on rate quelques situations à 6 mètres qui auraient du nous permettre d'être plus loin à la mi-temps et nous assurer un peu plus de tranquilité, on s'est embarqué dans un match un peu... bourbier. Il faut retenir le positif et ce soir, c'est qu'on s'est battu, qu'on s'est retrouvé à 4 contre 6 à deux-trois minutes de la fin et qu'on s'est imposé, nul doute qu'on peut se baser sur notre abnégation ce soir. Une compétition c'est très long, j'ai une pensée pour Wesley, j'espère que ce n'est pas trop grave pour lui. Concernant le Tour principal, on va jouer le Portugal qui nous a posé des problèmes ces dernières années, l'Islande qui est une équipe jeune très forte et l'Algérie peut-être un petit cran en dessous. Avec 4 pts, on peut penser qu'on a un petit jokermais ça serait une erreur qu'on ait le droit de perdre un match. On s'attend à des matches accrochés face à des équipes qui sont heureuses d'être là et qui ont envie d'en découdre."

Michaël Guigou (capitaine de l'EDF): "C'était compliqué, on a eu du mal à trouver des solutions, à poser notre jeu, peut-être qu'il y a eu un tout peetit eu de relâchement après la victoire sur la Norvège... Il faut qu'on reste concentré, ce soir on a eu une piqûre de rappel et je suis très content qu'on s'en soit sorti. Cela fait 23 jours qu'on est ensemble, dans une bulle, c'est particulier et malgré que ce soit une de mes dernières compét, je donne tout, aux entraînements, sur le terrain, pour l'équipe, pour accompagner aussi ce nouveau staff, le public nous manque énormément. J'étais venu ici avec l'espoir qu'il y ait quelques spectateurs comme cela avait été évoqué, ça m'a mis un coup. Pour ce qui arrive, dans l'ordre on doit jouer l'Algérie, l'Islande et le Portugal, on va tout faire pour se remettre sur le droit chemin. On l'a vu dans les autres groupes, notamment avec l'Espagne contre la Pologne, quand on joue des équipes qui n'ont rien à perdre, ce n'est pas évident. Ce jeu à 7 contre 6 est pénible, c'est une règle à mon avis qu'il faudrait revoir car ça pourrit un peu notre sport mais bon, c'est comme ça. Mais on est là. On va prendre des nouvelles de Wesley car c'est peut-être malheureusement une très mauvaise nouvelle mais on est solide, on est venu à 20 et on va se préparer pour la suite."