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La France est-elle devenue une équipe lambda ?

Mondial

lundi 11 janvier 2021 - © Yves Michel

 14 min 27 de lecture

Si la question se pose et n'est pas du goût de certains joueurs tricolores comme Vincent Gérard, c'est que les dernières prestations contre la Serbie associées au fiasco de l'Euro 2020 voilà tout juste un an, n'incitent pas à la confiance avant d'entrer dans le Mondial. Quelle consistance auront les partenaires du gardien parisien lorsqu'ils vont devoir affronter un adversaire actuellement plus fort qu'eux (la Norvège) ou qui ne nourrit aucun complexe (comme l'Autriche) ? La réponse n'est pas dans la cafédomancie mais bien sur le 40x20.

Jamais durant la décennie écoulée et au-delà, une équipe de France masculine n'aura traîné autant de doutes et d'interrogations. Il y a un an, elle s'aventurait en Norvège sur un Euro dont l'issue semblait incertaine mais où chacun espérait trouver sa place. Trois petits matches et puis s'en va, la sélection tricolore ne verra même pas les contours du tour principal, ce qui ne lui était jamais arrivé depuis la création de la compétition. La seule solution envisagée pour provoquer un électrochoc, a été de virer Didier Dinart, le coach de l'époque et d'adouber Guillaume Gille. 350 jours plus tard, l'indice de confiance a baissé et dans un contexte vicié par la situation sanitaire, deux médiocres résultats face à la Serbie sont venus encore un peu plus, noircir le tableau. «Forcément le moral est meilleur quand on gagne les matches, valide Kentin Mahé. Après la Serbie, c'était la soupe à la grimace mais on est aussi là pour travailler, on a un nouveau cycle qui commence, dans le peu de temps qui reste avant le 1er match, on essaie de passer à autre chose, de rectifier les erreurs à l'entraînement. Concernant l'ambiance dans le groupe, je dirais qu'elle est bonne parce qu'il y a aucune raison de baisser la tête. On est l'équipe de France, une équipe qui aura son rôle à jouer. » Le demi-centre de Veszprém se rassure comme il peut, la méthode coué pouvant parfois servir à transformer un contexte négatif. Toujours est-il que ce crû 2021 inquiète autant qu'il interpelle. Les plus optimistes veulent se persuader que les apparences sont trompeuses. Que l'absence de Nikola Karabatic ne se verra pas, que les anciens qui comme Abalo ou Guigou ont décidé de faire du rabe, ne sont pas usés, que ceux qui sont passés par le Final Four de la Ligue des Champions n'ont pas été trop sollicités et vont retrouver des vertus et que le projet de jeu dont Guillaume Gille et Erick Mathé se réclament, n'est pas un cache misère pour appâter le chaland. « Dans le jeu, je pense qu'on est trop gentil encore, il est aussi important de respecter les consignes pendant les matches mais mine de rien, il faut qu'on ait plus de hargne et plus d'envie, il faut qu'on arrive à se dépasser un peu plus et allumer cette flamme en nous, c'est vraiment cela qui manque. Tous à titre personnel, on doit se remettre en question et qu'on arrive à avancer dans un projet commun, tout en gardant cette folie qui nous est propre. » Le discours de Kentin Mahé est seyant, il pourrait même être convaincant si lui et ses partenaires avaient donné plus d'assurance dans les deux sorties qu'ils viennent d'effectuer. 

Les attentes sont encore énormes et comme elle s'est faite marcher dessus l'espace de deux confrontations, la France suscite-t-elle encore la méfiance ? Après une question d'un confrère qui lui demandait si la sélection tricolore qui régnait sans partage il y a peu, n'était pas devenue une équipe lambda, Vincent Gérard a vu rouge.. « Elle est con ta question ! Je ne suis pas d'accord. On a perdu des matches, c'est un fait, de là dire qu'on ne fait plus peur, je ne suis pas sûr que les adversaires sont contents de nous rencontrer et quand on était dans le chapeau 3, je ne suis pas sûr que la Norvège ait été contente de nous retrouver. Une équipe lambda ? Qui s'est déchirée c'est vrai sur la dernière compétition mais qui a rapporté des médailles durant les cinq dernières années. On a tout à fait conscience qu'on est dans une phase de transition, dans une période où on cherche notre handball mais je réfute le terme "d'équipe lambda". » Le gardien qui depuis quatre ans a l'immense charge de faire oublier Thierry Omeyer montre au moins qu'il a du répondant.  



Ce mardi, vingt joueurs prennent l'avion direction Le Caire. Ils seront pris en charge dès l'aéroport dans une bulle étanche et conduits aux abords de Gizeh (à 36 km du centre-ville de la capitale) et de la salle construite à l'occasion du Mondial au pied des célèbres pyramides. C'est dans cette espace qu'ils affronteront la Norvège (ce jeudi), l'Autriche (samedi) et les États-Unis (lundi). « Ce qui vient de se passer nous fait entrer dans ce Mondial avec beaucoup d'humilité parce que le projet de jeu initié avec les joueurs nécessite du temps pour s'améliorer, fait remarquer Guillaume Gille. Ce début de compétition sera important pour nous pour lancer cette machine-là avec l'idée de continuer à grandir. » Peut-on donc envisager des performances abouties lorsqu'on a vu de quelle façon les Bleus étaient en souffrance et n'avaient pas ou plus des arguments intangibles pour impressionner ? « Il est autorisé de rêver, ajoute l'entraîneur national, mais en même temps, nos deux dernières performances nous ramènent à un peu de mesure. » 20 joueurs seront donc à disposition du staff qui depuis le stage de novembre a testé les associations, a multiplié les combinaisons, le tout, souvent dicté par une anticipation des mesures sanitaires. C'est d'ailleurs la 1ère fois que la France se déplace avec un groupe aussi étoffé. L'intérêt pour le sélectionneur est de clarifier ses intentions par rapport à ce groupe qui a du mal, pour le moment, à assumer son statut. « Le staff a envie de redonner à cet effectif, plus de variations, plus de possibilités, plus de vitesse au jeu, on a une équipe qui peut vraiment courir, on a envie de partir d'une défense très stable pour pouvoir se projeter vers l'avant d'une manière plus forte qu'auparavant. En attaque, avec des éléments différents, il faut avoir une multitude d'options. Le chantier est vaste et une équipe avec un tel projet ne se reconstitue pas en quelques jours pourtant on est là pour ça. Ce qui est certain actuellement, c'est que le rendement du groupe ne nous satisfait pas. » Et comme tout est lié, que l'équipe de France actuelle est moins forte, moins bien dotée que ses devancières, la tendance n'est pas à l'optimisme. Surtout lorsqu'elle se prépare à affronter en ouverture d'un championnat du Monde, la Norvège qui avec un Sander Sagosen en état de grâce, est largement au-dessus du lot. La France fait-elle dès lors toujours peur ? Sa confiance est entamée, c'est évident mais elle a un besoin imminent de se rassurer et pour les jeunes qui la composent, oublier, le temps d'une compétition, l'héritage à assumer.   

Les vingt joueurs français pour le Mondial en Egypte

 

 NOM

 Prénom

 Club

 Poste

 Né en 

 Sél

 Buts

 ABALO

 Luc

 Elverum

 ALD

 1984

 264

 809

 ACQUEVILLO

 J-Jacques

 Nîmes

 ARG

 1989

 2

 7

 CLAIRE

 Nicolas

 Aix

 DC

 1987

 45

 45

 DESCAT

 Hugo

 Montpellier

 ALG

 1992

 3

 4

 DIPANDA

 Adrien

 St Raphaël 

 ARD

 1988

 79

 91

 FABREGAS

 Ludovic

 Barcelone

 PVT

 1996

 74

 137

 GENTY

 Yann

 Paris SG 

 GRD

 1981

 6

 0

 GERARD

 Vincent

 Paris SG

 GRD

 1986

 99

 14

 GUIGOU

 Michaël

 Nîmes

 ALG

 1982

 285

 974

 KARABATIC

 Luka

 Paris SG

 PVT

 1988

 105

 123

 LAGARDE

Romain 

Rhein N.L 

 ARG

 1997

 40

53 

 LENNE

Yanis 

Montpellier 

ALD 

1996 

16 

17 

 MAHE

Kentin  

Veszprém 

DC 

1991 

111 

360 

 MEM

Dika  

Barcelone  

ARD 

1997 

54 

136 

 N'GUESSAN

Timothey 

Barcelone  

ARG 

1992 

 80

152 

 PARDIN

Wesley 

Aix 

 GRD

1990 

19 

 PORTE

Valentin  

Montpellier 

ALD 

1990 

126 

313 

 REMILI

Nedim 

Paris SG 

ARD 

1995 

 71

221 

 RICHARDSON

Melvyn 

Montpellier 

ARD 

1988 

 24

63 

 TOURNAT

Nicolas 

Kielce  

PVT 

1994 

33 

31 

 

 

La France est-elle devenue une équipe lambda ?  

Mondial

lundi 11 janvier 2021 - © Yves Michel

 14 min 27 de lecture

Si la question se pose et n'est pas du goût de certains joueurs tricolores comme Vincent Gérard, c'est que les dernières prestations contre la Serbie associées au fiasco de l'Euro 2020 voilà tout juste un an, n'incitent pas à la confiance avant d'entrer dans le Mondial. Quelle consistance auront les partenaires du gardien parisien lorsqu'ils vont devoir affronter un adversaire actuellement plus fort qu'eux (la Norvège) ou qui ne nourrit aucun complexe (comme l'Autriche) ? La réponse n'est pas dans la cafédomancie mais bien sur le 40x20.

Jamais durant la décennie écoulée et au-delà, une équipe de France masculine n'aura traîné autant de doutes et d'interrogations. Il y a un an, elle s'aventurait en Norvège sur un Euro dont l'issue semblait incertaine mais où chacun espérait trouver sa place. Trois petits matches et puis s'en va, la sélection tricolore ne verra même pas les contours du tour principal, ce qui ne lui était jamais arrivé depuis la création de la compétition. La seule solution envisagée pour provoquer un électrochoc, a été de virer Didier Dinart, le coach de l'époque et d'adouber Guillaume Gille. 350 jours plus tard, l'indice de confiance a baissé et dans un contexte vicié par la situation sanitaire, deux médiocres résultats face à la Serbie sont venus encore un peu plus, noircir le tableau. «Forcément le moral est meilleur quand on gagne les matches, valide Kentin Mahé. Après la Serbie, c'était la soupe à la grimace mais on est aussi là pour travailler, on a un nouveau cycle qui commence, dans le peu de temps qui reste avant le 1er match, on essaie de passer à autre chose, de rectifier les erreurs à l'entraînement. Concernant l'ambiance dans le groupe, je dirais qu'elle est bonne parce qu'il y a aucune raison de baisser la tête. On est l'équipe de France, une équipe qui aura son rôle à jouer. » Le demi-centre de Veszprém se rassure comme il peut, la méthode coué pouvant parfois servir à transformer un contexte négatif. Toujours est-il que ce crû 2021 inquiète autant qu'il interpelle. Les plus optimistes veulent se persuader que les apparences sont trompeuses. Que l'absence de Nikola Karabatic ne se verra pas, que les anciens qui comme Abalo ou Guigou ont décidé de faire du rabe, ne sont pas usés, que ceux qui sont passés par le Final Four de la Ligue des Champions n'ont pas été trop sollicités et vont retrouver des vertus et que le projet de jeu dont Guillaume Gille et Erick Mathé se réclament, n'est pas un cache misère pour appâter le chaland. « Dans le jeu, je pense qu'on est trop gentil encore, il est aussi important de respecter les consignes pendant les matches mais mine de rien, il faut qu'on ait plus de hargne et plus d'envie, il faut qu'on arrive à se dépasser un peu plus et allumer cette flamme en nous, c'est vraiment cela qui manque. Tous à titre personnel, on doit se remettre en question et qu'on arrive à avancer dans un projet commun, tout en gardant cette folie qui nous est propre. » Le discours de Kentin Mahé est seyant, il pourrait même être convaincant si lui et ses partenaires avaient donné plus d'assurance dans les deux sorties qu'ils viennent d'effectuer. 

Les attentes sont encore énormes et comme elle s'est faite marcher dessus l'espace de deux confrontations, la France suscite-t-elle encore la méfiance ? Après une question d'un confrère qui lui demandait si la sélection tricolore qui régnait sans partage il y a peu, n'était pas devenue une équipe lambda, Vincent Gérard a vu rouge.. « Elle est con ta question ! Je ne suis pas d'accord. On a perdu des matches, c'est un fait, de là dire qu'on ne fait plus peur, je ne suis pas sûr que les adversaires sont contents de nous rencontrer et quand on était dans le chapeau 3, je ne suis pas sûr que la Norvège ait été contente de nous retrouver. Une équipe lambda ? Qui s'est déchirée c'est vrai sur la dernière compétition mais qui a rapporté des médailles durant les cinq dernières années. On a tout à fait conscience qu'on est dans une phase de transition, dans une période où on cherche notre handball mais je réfute le terme "d'équipe lambda". » Le gardien qui depuis quatre ans a l'immense charge de faire oublier Thierry Omeyer montre au moins qu'il a du répondant.  



Ce mardi, vingt joueurs prennent l'avion direction Le Caire. Ils seront pris en charge dès l'aéroport dans une bulle étanche et conduits aux abords de Gizeh (à 36 km du centre-ville de la capitale) et de la salle construite à l'occasion du Mondial au pied des célèbres pyramides. C'est dans cette espace qu'ils affronteront la Norvège (ce jeudi), l'Autriche (samedi) et les États-Unis (lundi). « Ce qui vient de se passer nous fait entrer dans ce Mondial avec beaucoup d'humilité parce que le projet de jeu initié avec les joueurs nécessite du temps pour s'améliorer, fait remarquer Guillaume Gille. Ce début de compétition sera important pour nous pour lancer cette machine-là avec l'idée de continuer à grandir. » Peut-on donc envisager des performances abouties lorsqu'on a vu de quelle façon les Bleus étaient en souffrance et n'avaient pas ou plus des arguments intangibles pour impressionner ? « Il est autorisé de rêver, ajoute l'entraîneur national, mais en même temps, nos deux dernières performances nous ramènent à un peu de mesure. » 20 joueurs seront donc à disposition du staff qui depuis le stage de novembre a testé les associations, a multiplié les combinaisons, le tout, souvent dicté par une anticipation des mesures sanitaires. C'est d'ailleurs la 1ère fois que la France se déplace avec un groupe aussi étoffé. L'intérêt pour le sélectionneur est de clarifier ses intentions par rapport à ce groupe qui a du mal, pour le moment, à assumer son statut. « Le staff a envie de redonner à cet effectif, plus de variations, plus de possibilités, plus de vitesse au jeu, on a une équipe qui peut vraiment courir, on a envie de partir d'une défense très stable pour pouvoir se projeter vers l'avant d'une manière plus forte qu'auparavant. En attaque, avec des éléments différents, il faut avoir une multitude d'options. Le chantier est vaste et une équipe avec un tel projet ne se reconstitue pas en quelques jours pourtant on est là pour ça. Ce qui est certain actuellement, c'est que le rendement du groupe ne nous satisfait pas. » Et comme tout est lié, que l'équipe de France actuelle est moins forte, moins bien dotée que ses devancières, la tendance n'est pas à l'optimisme. Surtout lorsqu'elle se prépare à affronter en ouverture d'un championnat du Monde, la Norvège qui avec un Sander Sagosen en état de grâce, est largement au-dessus du lot. La France fait-elle dès lors toujours peur ? Sa confiance est entamée, c'est évident mais elle a un besoin imminent de se rassurer et pour les jeunes qui la composent, oublier, le temps d'une compétition, l'héritage à assumer.   

Les vingt joueurs français pour le Mondial en Egypte

 

 NOM

 Prénom

 Club

 Poste

 Né en 

 Sél

 Buts

 ABALO

 Luc

 Elverum

 ALD

 1984

 264

 809

 ACQUEVILLO

 J-Jacques

 Nîmes

 ARG

 1989

 2

 7

 CLAIRE

 Nicolas

 Aix

 DC

 1987

 45

 45

 DESCAT

 Hugo

 Montpellier

 ALG

 1992

 3

 4

 DIPANDA

 Adrien

 St Raphaël 

 ARD

 1988

 79

 91

 FABREGAS

 Ludovic

 Barcelone

 PVT

 1996

 74

 137

 GENTY

 Yann

 Paris SG 

 GRD

 1981

 6

 0

 GERARD

 Vincent

 Paris SG

 GRD

 1986

 99

 14

 GUIGOU

 Michaël

 Nîmes

 ALG

 1982

 285

 974

 KARABATIC

 Luka

 Paris SG

 PVT

 1988

 105

 123

 LAGARDE

Romain 

Rhein N.L 

 ARG

 1997

 40

53 

 LENNE

Yanis 

Montpellier 

ALD 

1996 

16 

17 

 MAHE

Kentin  

Veszprém 

DC 

1991 

111 

360 

 MEM

Dika  

Barcelone  

ARD 

1997 

54 

136 

 N'GUESSAN

Timothey 

Barcelone  

ARG 

1992 

 80

152 

 PARDIN

Wesley 

Aix 

 GRD

1990 

19 

 PORTE

Valentin  

Montpellier 

ALD 

1990 

126 

313 

 REMILI

Nedim 

Paris SG 

ARD 

1995 

 71

221 

 RICHARDSON

Melvyn 

Montpellier 

ARD 

1988 

 24

63 

 TOURNAT

Nicolas 

Kielce  

PVT 

1994 

33 

31 

 

 

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