Les frissons sont venus de partout. Du fond de l'air frisquet, des encouragements façon « monde d'avant » des filles du centre de formation et des bénévoles gilets jaunes, de la succession effrénée des rebondissements, jusqu'à ce jet franc avorté de Vyakhireva dans les ultimes secondes. Même dans la plus stricte intimité, la Ligue des Champions continue à générer des sensations singulières, décuplées. En parfait état de marche, l'ascenseur émotionnel s'est finalement arrêté pile là où Emmanuel Mayonnade et ses Messines l'avaient demandé. Sur un vingt-septième match consécutif sans défaite en Ligue des Champions à la maison (25 succès et deux nuls depuis quatre ans), sur une victoire certes étriquée (27-26), mais tellement rassérénante, placée dans son contexte.
Orlane Kanor lévite encore...
Une OVNI, une ange gardienne, une gauchère altruiste. Il a fallu tout cela pour montrer que la seconde période cauchemardesque à Brest, mercredi en championnat (défaite 30-19), « était vraiment un accident », comme l'a rappelé l'entraîneur mosellan en visioconférence de presse. En premier lieu, donc, cette Orlane Volante Naturellement Identifiée. Orlane Kanor, bien sûr. Volcanique dès les premières attaques placées, obligeant Per Johansson à poser un temps mort au bout de... 1'13'' (il n'y avait que 2-0 pour Metz), l'arrière guadeloupéenne a encore survolé son sujet, tant au shoot (6/9) que pour défendre. Elle s'est relevée de tout, d'une chute sur le dos (20ème) comme d'un coup de moins bien à l'entame de la seconde période. « On l'attendait à ce niveau-là, salue Mayonnade. Sa prestation était très solide, celle dont on avait besoin pour gagner ce match. »
Jamais mené au score en première mi-temps (9-6 au quart d'heure, 13-9 à la 24ème, 14-13 à la 29ème), Metz est réapparu fébrile. Grace Zaadi (3 buts et 5 passes pour son come-back aux Arènes sous un autre maillot de club), Polina Kuznetsova attrapant au vol les passes de Nocandy, et Iuliia Managarova, qui a feint Copy pour s'ouvrir grand l'aile droite, ont alors rappelé avec force leur statut de leaders invaincues au coup d'envoi. Le point de bascule se situe ici, à -4 (17-21, 41ème). Appelée peu avant entre les bois, alors qu'Eckerle répondait moins présente, Hatadou Sako a injecté quatre fortes doses de confiance dans le dernier tiers-temps. Dont une, avec le pied gauche, sur un jet de 7 mètres de Krpez (54ème). Le label de l'internationale sénégalaise, rugissante.
... Burgaard termine le travail
Et sur la base arrière, orpheline de Micijevic depuis la 25ème (genou droit possiblement touché), le salut est venu de la Suissesse Daphne Gautschi, surgissant telle un coucou de son pays de tous les côtés, et surtout de Louise Burgaard. La gauchère danoise s'est démultipliée pour assurer les deux points : deux combinaisons croisées avec Nocandy (26-25), puis une neuvième passe décisive, destinée à Astride N'Gouan (27-26, 59'05''). La plus importante, de très loin.
« En route pour la première place », clamait une banderole d'un club de supporters, visible à l'écran de la tablette ou de l'ordinateur. Malgré leur remarquable réaction d'orgueil, les Messines n'en sont pas encore là. Elles sont simplement remontées sur le podium du groupe, derrière Rostov (trois longueurs de retard) et Bucarest (un), et restent en lice pour accéder directement aux quarts. Mais la course à la qualif, lestée de deux mises à jour (Ferencvaros le mercredi 20, Kristiansand dix jours plus tard) et de déviations domestiques (réception de Bourg-de-Péage dans trois jours), n'a jamais autant ressemblé à un marathon qu'en ce mois de janvier...